RALLYE RAID : DAKAR 2025 – SANDERS collectionne, Al RAJHI hausse le ton
On se rend en principe à Al Ula pour y admirer les sites préhistoriques de la région ou les somptueux temples nabatéens qui font sa renommée, témoignages d’une civilisation multi-millénaire ayant occupé une zone géographique englobant la Jordanie.
Les touristes sont aussi attirés par l’hôtellerie haut de gamme qui s’intègre avec goût dans l’environnement naturel, mais c’est un tout autre type d’établissement que les pilotes et copilotes du Dakar rejoignent ce soir après 415 kilomètres de sport. Avant de se mettre à l’abri sous une tente berbère, les concurrents ont sillonné entre des canyons, enjambé des plateaux rocailleux et pu ouvrir les gaz sur des étendues sablonneuses plus roulantes. Au moment de reprendre la route pour achever l’étape marathon, Daniel Sanders comme Yazeed Al Rajhi ont fait le plein de confiance.
Sur le trajet menant à Al Ula, des temps de passage canons ont été réalisés par le pilote Kove Mason Klein, ancien vainqueur dans la cité millénaire à l’époque avec une KTM, puis par l’Espagnol Tosha Schareina, qui a joué finement sur la fin de l’étape pour laisser gagner Daniel Sanders, vainqueur d’une quatrième étape cette année et toujours leader de la course. Les deux premiers du classement du jour prennent aussi le large au classement général, bénéficiant d’une faute de navigation collective des trois ouvreurs, à savoir le tenant Ricky Brabec, Skyler Howes et le champion W2RC Ross Branch, respectivement relégués à 29, 27 et 26 minutes. Ce sont aussi les deux hommes en forme du moment, en tout cas les plus réguliers, qui ont marqué des points sur l’étape d’Al Ula. Le vainqueur Yazeed Al Rajhi a devancé son coéquipier chez Toyota Henk Lategan de 4’51’’ et c’est en sens inverse qu’ils occupent les deux premières places du classement général, séparés de 6’54’’. Le podium est maintenant complété par Mattias Ekstrom, à 21’40’’. C’est au tour de Nasser Al Attiyah de connaître ses premiers problèmes sur le Dakar 2025. Les conséquences sont moins définitives que pour Sainz et Loeb les deux derniers jours, mais le Qatarien a perdu 33 minutes sur sa route, ce qui l’éloigne à près de 36’ du leader sud-africain au général. Une belle opération est en revanche réalisée par Mathieu Serradori, qui se hisse en embuscade derrière le trio de tête (4ᵉ à 30’25’’). La série continue pour Nicolas Cavigliasso, qui s’adjuge une troisième étape en 2025 et augmente légèrement mais sûrement son avantage sur le jeune Américain Corbin Leaverton, posté à 25’14’’ au classement général. Sara Price a perdu tout espoir de victoire finale dans les premiers jours, mais a réalisé une spéciale parfaite et s’offre même le plaisir de battre son coéquipier chez Can-Am « Chaleco » Lopez au classement du jour. Si Brock Heger reste en tête du général, les Polaris ne sont pas à la fête puisqu’après Florent Vayssade hier, le tenant du titre Xavier de Soultrait plonge dans les limbes du classement, arrêté pour un problème mécanique à 40 kilomètres du bivouac. Vainqueur du plateau camions en 2024, Martin Macik assume pleinement son statut et remporte une troisième spéciale consécutive, pendant que son principal rival Ales Loprais accuse un retard conséquent et pointe maintenant à 45 minutes.
Il s’est déjà montré capable de surprendre, en particulier un jour de 2020 où il a remporté une spéciale du Dakar avec un buggy deux roues motrices de sa confection. Depuis, Mathieu Serradori affirme ses ambitions, développe ses véhicules en partenariat avec Century et a pris une décision radicale cette année en passant au 4×4, avec l’objectif de pouvoir batailler à l’avant… le plus haut possible. Et justement, en dépit de la concurrence féroce cette année dans la catégorie, le pilote-électricien varois a fait un bond dans le classement général aujourd’hui, passant de la 7ᵉ à la 4ᵉ place du classement général, à 30 minutes de Lategan et à 9 minutes de la 3ᵉ place occupée par Ekstrom. Sa huitième position au départ se prêtait à un coup de force, qu’il a réalisé en remontant toute la file, puis en ouvrant la piste pendant un sans-faute de son coéquipier Loïc Minaudier sur les 80 derniers kilomètres. Au bivouac marathon, le pilote qui n’aime rien mieux que de venir titiller les champions signe le 6ᵉ temps, ce qui l’autorise à croire en un autre exploit dans sa course-poursuite de demain.
Débarrassé de Carlos Sainz et Sébastien Loeb, Nasser Al Attiyah apparaissait comme l’un des vainqueurs du premier tiers du Dakar. Au soir de l’étape 3, le quintuple vainqueur de la course occupait le 2ᵉ rang du classement général, sans avoir gagné une étape (meilleur résultat : 5ᵉ) ni forcé outre-mesure sur son Sandrider. Mais en rallye-raid, les heureux de la veille sont parfois les vaincus du lendemain. Une crevaison a d’abord ralenti sa progression, ce mercredi, avant qu’un support de rotule arrière droit ne casse. Son Dakar a été sauvé par le don de matériel de Cristina Gutiérrez et les compétences en mécanique de son copilote Pablo Moreno. Al Attiyah glisse à la septième place du général, 35’53 » derrière le leader Henk Lategan. Souvent dans la peau du chassé, le voilà dans celle du chasseur. « On va devoir s’adapter. Mon seul choix, c’est d’attaquer », prévient-il. Nasser “Al Attack” est de retour.
Skyler Howes, Ross Branch et Ricky Brabec étaient les trois plus proches adversaires de Daniel Sanders au classement général avant l’étape du jour. Distancés de 6 à 9 minutes, ils s’attendaient à perdre du temps sur la route d’AlUla, car ils ouvraient la piste et l’Australien partait loin derrière. Mais l’addition n’aurait pas dû avoisiner les 20 minutes, comme cela a été le cas. Le trio a perdu gros sur une faute de navigation à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée. « Une grosse erreur qui a tout tué », peste Brabec, dépité. Les conséquences sont lourdes. Non seulement elles promeuvent Tosha Schareina au 2ᵉ rang, mais elles triplent, voire quadruplent, l’avantage de Sanders sur Branch (+26’10 »), Howes (+27’01) et Brabec (+29’13 »). « C’est le rallye, on peut faire le meilleur travail qui soit à un moment donné, puis perdre le Dakar une note plus loin », analyse le tenant du titre. Qui sera demain du bon côté de la barricade, puisque ce sera au tour de « Chucky » d’ouvrir la piste, avec Schareina dans son dos.
Tosha Schareina : « J’ai décidé de perdre du temps »
« C’était difficile aujourd’hui, avec des sections rocheuses pendant 400 kilomètres. J’ai poussé dès le début, j’ai rattrapé Daniel au ravitaillement puis on a roulé ensemble. À la fin j’ai voulu calmer le jeu, j’ai perdu deux petites minutes pour ne pas avoir à ouvrir demain. Il fallait faire attention avec la moto, avec les pneus, car c’est l’étape marathon et que demain on a encore plus de 400 kilomètres à faire. »
À bientôt 40 ans, Lorenzo Traglio est l’héritier de Tecnosport, fondé par son père Maurizio dans les années 80. Toute la fierté italienne était alors rangée derrière le rouge sang des Nissan qui sortaient de son atelier et que Lorenzo fait revivre depuis trois éditions du Dakar Classic. La passion pour le rallye-raid en Italie est romantique. L’association avec Rudy Briani, un ami de son père, est le mariage d’hier et d’aujourd’hui. La victoire serait « le couronnement d’une histoire sans fin ». Derrière cette romance à l’italienne, une réelle intention : gagner ! Deuxième l’an passé, Tecnosport est installé en tête du général du Dakar Classic devant ses deux anciens vainqueurs espagnols. Après la France (2021-22) et l’Espagne (2023-24), l’Italie pourrait devenir la 3ᵉ nation à s’imposer sur le Classic.
LOEB TOUJOURS EN LICE POUR LE TITRE !
Peut-on remporter le championnat du monde de rallye-raid FIA malgré un zéro pointé lors du Dakar ? C’est le défi que va tenter de réaliser Sébastien Loeb. Ses tonneaux lors de l’étape 3 ont eu raison de l’arceau de sécurité du Dacia Sandrider. La nouvelle est tombée tard dans la nuit, provoquant son troisième abandon en neuf participations. Le Français n’ayant terminé aucune étape dans le Top 5, il repart bredouille d’Arabie Saoudite. Un gros caillou dans la chaussure du nonuple champion du monde des rallyes WRC, qui essaie de s’adjuger un dixième titre FIA. Nasser Al Attiyah a réussi à remporter la couronne W2RC 2024 en dépit de son abandon au Dakar, mais il avait empoché 18 points d’étape. Il en reste potentiellement 235 à prendre lors des quatre manches restantes : 120 pour les résultats des courses, 100 grâce aux étapes, plus un réservoir de 15 si la Power Selective Section est instaurée à chaque épreuve, comme ce sera le cas au Dakar.