RALLY RAID : DAKAR 2025 – A mi-parcours, un vent d’air frais
Après 2 559 kilomètres parcourus en spéciale par les motos et 2 579 par les autos et camions, 299 véhicules ont atteint la journée de repos observée à Hail, au cœur de l’Arabie saoudite.
118 motos (dont 100 Rally 2), 58 Ultimate, 2 Stock, 45 Challenger, 33 SSV et 43 camions reprendront la route pour sept étapes restant à disputer avant l’arrivée finale à Shubaytah, dans l’Empty Quarter. 81 véhicules ayant bénéficié de jokers sont encore en course, tandis que 36 ont été contraints à l’abandon (soit 10,75 %).
À mi-parcours, les classements sont dominés par Daniel Sanders à moto en Rally GP ; Edgar Canet en Rally 2 ; Henk Lategan en Ultimate ; Nicolas Cavigliasso en Challenger ; Brock Heger, en SSV ; et Martin Macik en camions, tous âgés de moins de 36 ans. Le mouvement de rajeunissement de la discipline est souligné par les records de précocité battus par Seth Quintero puis Saood Variawa, respectivement 22 et 19 ans et tous deux vainqueurs d’étapes, ainsi que par les départs anticipés de Carlos Sainz et Sébastien Loeb. Le renouvellement pourrait également être assuré par des espoirs saoudiens sélectionnés dans l’opération Saudi Next Gen : les pilotes Hamza Bakhashab (21 ans) et Abdullah Alsheqawi (27 ans) ont d’ores et déjà gagné leur engagement sur le Dakar 2026. La course de régularité des Dakar Classic se poursuit avec 88 véhicules (vs 95 partants), le classement étant dominé à Hail par l’Italien Lorenzo Traglio, dans une bataille ultra-serrée avec le tenant du titre espagnol Carlos Santaolalla. Les cinq véhicules engagés dans le challenge Mission 1000 sont toujours d’attaque et poursuivent leurs expérimentations technologiques dans le désert. Le camion à hydrogène hybride de Jordi Juvanteny se montre comme l’année dernière le plus régulier et le plus efficace du challenge, tandis que le SSV à hydrogène du projet HySe, qui a nettement gagné en autonomie par rapport à l’année dernière, vise les sables de l’Empty Quarter. Tout comme les trois motos Segway, qui tiennent jusqu’ici le choc saoudien !
MOTOS : LE TOUR DE FORCE DE SANDERS ET KTM
Daniel Sanders s’est mis dans une situation favorable d’entrée de jeu. En remportant le prologue, l’Australien s’est élancé derrière ses rivaux lors de l’étape 1, remportée. Cela lui a permis de faire de même le lendemain, profitant de l’ordre de départ inversé de la 48h Chrono. « Chucky » a aussi limité les dégâts quand il ouvrait la piste, lors des étapes 3 et 5. Une gestion stratégique qui le hisse en tête du classement général depuis le premier jour. Honda mène la résistance avec 4 pilotes dans le Top 6 dont Tosha Schareina (2e à 15’02 »), Adrien Van Beveren (3e à 24’31 »), Skyler Howes (5e à 27’59 ») et Ricky Brabec (6e à 29’01 »). Le Hero Ross Branch (4e à 25’48 ») est aussi dans le rythme. Luciano Benavides et sa KTM clôturent un Top 7 tenu en 32’15 ». Edgar Canet pouvait difficilement rêver à de meilleurs débuts. Le plus jeune pilote officiel de l’histoire (19 ans) a gagné la moitié des spéciales Rally 2 et gouverne la catégorie, en plus d’occuper la 10e place du scratch. L’Espagnol mène pour 16’39 » devant la relève autrichienne, Tobias Ebster. Michael Docherty (à 31’07 ») complète un podium 100 % KTM devant les Honda de Romain Dumontier (à 49’47 ») et Jacob Arbugright (à 51’34 »). KTM a marqué de son empreinte la première partie de la compétition, remportant 4 spéciales sur 6 en Rally GP (4 pour Sanders, une pour L. Benavides) et 6 sur 6 en Rally 2 (3 pour Canet, 2 pour Ebster, une pour Docherty). Sherco (avec Lorenzo Santolino) et Honda (avec VBA) ont pris les deux autres victoires. Détrônée dans les deux catégories l’an dernier, la firme autrichienne est en train de prendre sa revanche. Spécialistes de la course sans assistance, Emanuel Gyenes et Benjamin Melot avaient fini premier et second en 2020. Cinq ans plus tard, le duel refait surface. Les deux hommes dominent la catégorie Original by Motul, à l’avantage du Roumain pour 13’16 » devant le Français. La dernière marche est également disputée, Jérôme Martiny (à 58’03 »), Jaromir Romancik (à 1h03’29 ») et Mike Wiedemann (à 1h04’28 ») se tenant en 6 minutes. Les jeunes marques récemment arrivées sur le Dakar performent tout en emmagasinant de l’expérience. Le constructeur chinois Kove figure dans le Top 20 pour la première fois de son histoire avec Neels Theric, 18e et 6e Rally 2. La marque italienne Fantic se bat pour décrocher son premier Top 30 avec Jeremy Miroir (28e). Entrées cette année, les trois Hoto, également venues de Chine, sont toujours en course et se trouvent toutes dans le Top 50.
ULTIMATE : LES TOYOTA DE LATEGAN ET AL RAJHI NE TREMBLENT PAS
Absent l’année dernière après sa 5e place de 2023, Henk Lategan signe un retour gagnant à mi-course. Vainqueur du prologue juste pour s’offrir une mise en route idéale (les secondes gagnées ce jour-là ne comptent pas dans le règlement FIA), le Sud-Africain résiste jusqu’ici au piège de l’emballement et table sur la solidité de son Toyota Hilux. Son avance de 10’17’’ ne lui offre toutefois aucune garantie. Le patron est poursuivi par Yazeed Al Rajhi, vainqueur d’étape à AlUla et équipé de la même arme que Lategan pour tenter de hisser le drapeau saoudien au sommet à Shubaytah ; puis par le Suédois Mattias Ekstrom qui continue de faire avancer sans encombre son Ford Raptor et pointe à 20’54’’. Le quintuple vainqueur Nasser Al Attiyah peut regretter d’avoir négligé une roue de secours dont l’absence à l’arrivée au bivouac de Hail lui a coûté 10 minutes de pénalité. Il reste dans le coup pour la gagne avec sa 4e place à 35 minutes de Lategan, mais aucune autre erreur ne lui sera pardonnée. Deux grands favoris ont quitté prématurément la course : Carlos Sainz sur la 48h chrono et Sébastien Loeb sur la troisième étape ont tous les deux effectué des tonneaux qui ont endommagé les arceaux de sécurité de leurs véhicules. La sanction de la mise hors-course a été appliquée pour le Ford Raptor comme pour la Dacia Sandrider. La semaine a été marquée par des records de précocité en cascade, avec deux étapes remportées par Seth Quintero à 22 ans, une par le tout jeune Sud-Africain Saood Variawa à 19 ans et qui devrait rester longtemps au sommet des statistiques, et la 48h Chrono par le Lituanien Rokas Baciuska à 25 ans. Seul le Californien figure encore dans le Top 10, 9e à 1h30. En l’absence de Laia Sanz, sortie du jeu pour la même raison que Sainz et Loeb, c’est Christian Lavieille qui mène la course des deux roues motrices, avec 21 minutes d’avance sur son coéquipier chez MD Rallye Jean-Rémy Bergounhe.
CHALLENGER : CAVIGLIASSO, SANS ACCROC
Classé 9e l’an dernier avec 2 victoires d’étapes, Nicolas Cavigliasso fait déjà mieux cette année avec 3 succès au compteur. Son expérience de la discipline lui permet de creuser un écart au classement général, où il compte désormais 28’34’’ d’avance sur le rookie Gonçalo Guerreiro. Pour ses débuts au Dakar, Gonçalo Guerreiro a jusqu’ici été épargné par les erreurs de jeunesse ou les pépins mécaniques, et ses résultats (2 podiums d’étapes) le propulsent en position de principal rival de Cavigliasso pour le titre, posté à 28 minutes. Ancien motard passé sur 4 roues en 2022, Paul Spierings a créé la surprise en s’adjugeant l’exigeante 48h chrono, devenant le premier Néerlandais à s’imposer dans la catégorie. Bien que peu attendu parmi les favoris, il occupe la troisième place du classement général à 33’26’’. Coéquipier de Guerreiro et lui aussi débutant, Corbin Leaverton s’est d’emblée illustré pour ses débuts sur le Dakar en gagnant le prologue. Il a ensuite toujours figuré parmi les cinq premiers jusqu’à l’étape 5 durant laquelle il a été victime d’un problème mécanique qui lui a fait perdre plus de 4h et tout espoir de titre. Yasir Seaidan, longtemps en difficulté, a signé sa première victoire d’étape dans la catégorie lors de l’arrivée à Hail. Mais il est déjà exclu des débats pour le titre.
SSV : POLARIS S’ENVOLE, LA CHASSE EST OUVERTE
Les Polaris ont dominé les trois premières spéciales en SSV et l’avantage est donné à Brock Heger, qui fait pourtant ses premiers pas sur le Dakar. À son arrivée à Hail, il occupe la tête du classement général avec une avance confortable de 1h18’30’’. Son coéquipier et par ailleurs tenant du titre, Xavier de Soultrait, a lui débloqué son compteur de l’année en s’imposant sur l’étape 1. Mais un bras de suspension cassé à 40 km du bivouac marathon (étape 4) lui a fait perdre un temps précieux. Après avoir perdu du temps dans l’étape 2, « Chaleco » Lopez a cumule désormais un retard de près de 2h et se concentre désormais sur les victoires. Il en a d’ailleurs décroché deux cette semaine (étapes 3 et 5), offrant au passage à Can-Am son premier succès de l’année lors de l’étape 3. Sara Price, qui a dû quitter la spéciale lors de la 48h chrono en raison d’un problème mécanique, a brillé lors de l’étape 4 en remportant son deuxième succès au Dakar avec celui acquis l’an dernier. Polaris et Can-Am se partagent équitablement les victoires (3), mais l’avance prise par les équipages du Sébastien Loeb Racing et les contretemps des Can-Am donnent l’avantage à Polaris. Pilote Can-Am le mieux classé, Alexandre Pinto figure en 3e position du général à plus d’1h30’ de Heger.
CAMIONS : MACIK, TOUT EN CONTRÔLE
Le meilleur départ a été pris par Mitchel van den Brink, vainqueur du prologue et de la première étape, faisant souffler également sur la catégorie camions le vent de la jeunesse du haut de ses 23 ans. Le Néerlandais a accusé le coup en raison de problèmes mécaniques dans la 48h chrono, mais atteint tout de même le repos en 2e position de la hiérarchie provisoire, avec 1h56’ de retard sur Martin Macik. Le tenant du titre tchèque signe en effet un sans-faute jusqu’ici. Engagé dans une lutte à trois avec Ales Loprais et le nouveau venu dans la catégorie Vaidotas Zala dès le défi de la 48h chrono, Macik a profité des déboires de ses rivaux pour prendre le large, remportant trois étapes sur sa route. Le patron de MM Technology peut se permettre de gérer son avantage en avançant vers l’Empty Quarter.
DAKAR CLASSIC : INTOUCHABLES SPÉCIALISTES !
La 5e édition du Dakar Classic est définitivement celle de l’émergence des spécialistes. Les trois premiers numéros 700, 701 et 702, adjugés en respectant la hiérarchie établie depuis trois éditions, sont aux trois premières places du provisoire à la mi-course… dans le désordre. Carlos Santaolalla (700), le tenant du titre, s’est imposé à quatre reprises, laissant Lorenzo Traglio (701) son dauphin, remporter l’étape 2. Mais au général, depuis cette performance, l’Italien est installé aux commandes devant l’Espagnol et son compatriote Juan Morera (702), auteur de quatre podiums. Avec 354 points, Traglio et son Nissan Tecnosport devancent le Toyota HDJ 80 de Santaolalla (+ 31 pts) et la Porsche de Morera (+ 67 pts). Les véritables 4×4 de franchissement des deux premiers du provisoire pourraient conserver leur avantage en 2e semaine, les spéciales de navigation prenant plus d’importance sur cette édition.