VOILE : Vendée Globe -Maître CoQ Team Voile – Cinq premiers jours intenses
Bientôt cinq jours après le départ du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, Yannick Bestaven, à bord de Maître CoQ V, navigue désormais au Sud-Ouest des Canaries, direction le Cap-Vert.
Le tenant du titre s’est positionné depuis le départ dans le groupe de tête et prend peu à peu le rythme d’une course entamée dans des conditions de navigation difficiles.
L’écho du vacarme des presque 500 000 spectateurs réunis dimanche dernier le long du célèbre chenal des Sables d’Olonne s’éloigne au fil des jours, remplacé par celui de l’océan Atlantique, de ses vagues, de sa mer démontée, de ses grains et de ses vents musclés. Après les premières heures très calmes juste après le départ, les conditions se sont rapidement renforcées dans le Golfe de Gascogne avec notamment un passage du cap Finisterre, à la pointe ouest de l’Espagne, particulièrement intense. « Le départ a été très dur avec peu de vent, confie Yannick Bestaven. Nous étions collés sur la ligne. Mais ça a vite changé. Nous avons eu une nuit agitée au cap Finisterre avec une mer croisée et des rafales de vent jusqu’à 48 nœuds (près de 90km/h). C’était un peu le shaker à bord. En début de course, ce n’est pas évident et surtout, il faut faire attention à ne pas casser le matériel et ne pas se blesser. Mais ça s’est bien passé malgré quelques figures de style. Le bateau se comporte bien. »
La nuit de mercredi à jeudi fût encore agitée. « Le grand Gennaker* était hissé, raconte le skipper. J’étais sur le point de m’endormir quand des grains sont arrivés, le vent est monté d’un coup à 28 nœuds (plus de 50 km/h). Il a fallu très vite réagir pour réduire la voilure avec forcément une belle montée d’adrénaline. Mais ça s’est bien terminé. »
Autre enjeu pour Yannick, se mettre dans le rythme d’une course au long cours. « Il faut garder le rythme sans s’user car le Vendée est une course d’usure comme on l’a vu il y a quatre ans, rappelle-t-il. Les premières nuits ont été difficiles. J’ai essayé de faire des micro-siestes mais avec les sifflements, les bruits et les chocs ce n’était pas évident. Depuis, ça s’est calmé. J’ai pu dormir quatre fois une heure. Je peux aussi faire de vrais repas chauds depuis mercredi. Il fait maintenant 20°, ça glisse bien, le ciel est bleu. On va vers du vent qui mollit. Je vais en profiter pour essayer de faire le plus possible de tranches de sommeil d’une heure pour bien me reposer et rester lucide pour faire les bons choix. »
Après ces premiers jours en mer, Maître CoQ V et Yannick Bestaven figurent toujours dans le top 10 au cœur d’un peloton où les dix premiers se tiennent en moins de 60 milles nautiques (111 km), au pointage de 11 heures ce vendredi.
« C’est très serré mais la route est longue. Je suis content car je suis toujours dans le groupe de tête. J’ai même deux bateaux sous mon vent. Ce n’était pas facile car on a eu des conditions musclées notamment le long des côtes portugaises. Je suis bien dans la compétition. Il ne faut pas perdre trop de distance sur les premiers pour ne pas les laisser s’échapper en fonction des conditions météos. Il faut rester au contact. Tout le monde dit qu’on part pour un marathon et qu’on ne va pas être au même rythme que pour une transatlantique par exemple, mais j’ai pourtant l’impression qu’on est à fond depuis trois ou quatre jours. Il n’y pas eu de repos les trois premiers jours, c’était difficile de se nourrir car il y avait de la mer et du vent fort. Mais je commence à entrer dans le rythme. Maintenant, c’est place à la stratégie pour aller à l’Equateur. Ce n’est pas simple parce qu’il n’y a pas beaucoup de vent devant. Ça risque de faire l’accordéon et de se regrouper. Mais cette stratégie au long cours pour faire ce Vendée Globe est très intéressante. On commence vraiment à aborder tout ça en fonction de nos interprétations des fichiers météos et de nos positions. On essaie de jouer avec les anticyclones et les dépressions pour se placer au mieux par rapport aux systèmes. Pour l’instant, on tricote un peu tous ensemble. Mais avec les passages d’arrêt de vent qui risquent d’arriver, des options plus ou moins à l’ouest peuvent se dessiner. Je vais bien regarder mes fichiers météos, je vais aussi regarder les copains pour ne pas partir seul dans mon coin pour l’instant. Mais c’est certain qu’il y aura des options à prendre en fonction de nos positions. »
*Voile d’avant intermédiaire entre le génois et le spinnaker
Une fois les Canaries franchies, la flotte a désormais pris la direction du Cap Vert, dont le passage est prévu autour du 19 novembre. Si les premiers jours de course ont été assez intenses, les conditions devraient progressivement être plus clémentes, avec des changements de voiles limités. Le vent devrait mollir dans les prochaines heures, ralentissant la flotte par l’avant et resserrant ainsi les écarts entre les IMOCA. Le passage du mythique pot au noir est quant à lui prévu pour la fin de semaine prochaine.
Si Yannick est seul sur son IMOCA pour traverser à nouveau l’Atlantique, c’est toute une équipe qui est mobilisée derrière Maître CoQ V. Une équipe d’experts, tous reconnus pour être parmi les meilleurs dans leur domaine, mais aussi une équipe de passionnés qui mettent tout leur savoir-faire au service de Maître CoQ V depuis, pour certains, de très nombreuses années. « Avoir le soutien d’un partenaire comme la société Maître CoQ et d’une telle équipe est indispensable pour mener de tels projets, confie Yannick Bestaven. Notre collaboration, entamée maintenant depuis 5 ans, est basée sur une grande confiance et sur un partage de tous les instants. C’est cette osmose qui nous a déjà permis de grands succès comme sur le dernier Vendée Globe.
Tous ces moments ne peuvent arriver que grâce à un énorme travail d’équipe où le rôle de chacun est important et même essentiel. Nous avons vécu de très belles émotions sur le village du Vendée Globe tous ensemble. Sentir la ferveur et le soutien des spectateurs, de mon équipe et de tous les collaborateurs Maître CoQ, m’a nourri pour prendre à nouveau le départ de ce tour du monde en solitaire. Cela donne du sens à ce que je fais, savoir que je peux partager avec eux ma course et les faire rêver, me donne de la force dans les moments parfois durs en mer. Le départ était très émouvant, serrer mes proches dans mes bras, partager ces derniers instants de terrien avec mon partenaire Maître CoQ et entendre le directeur général Roland Tonarelli, m’encourager, puis remonter le chenal des Sables sous la clameur des milliers de spectateurs, c’était vraiment dingue. Un shoot d’adrénaline et un beau moment de communion avant de passer en mode solo. J’espère bien que nous vivrons encore de belles et intenses émotions dans les mois à venir. Tous ensemble ! »