CYCLISME : Tour de France J:COM Saitama CRITERIUM 2024 – BINIAM le conquérant
La 10e édition du Tour de France J:COM Saitama Critérium s’est conclue sur un sprint atypique remporté par Biniam Girmay, le maillot vert du dernier Tour de France.
Dans le final, l’attaque de Primoz Roglic a été anéantie par le retour du peloton, mais le vainqueur de la Vuelta a réussi à s’intercaler entre l’Erythréen et l’homme aux 35 étapes, Mark Cavendish, qui complète le podium.
Dans l’histoire du rendez-vous japonais présenté comme une « 22e étape du Tour », le palmarès accueille pour la première fois un coureur africain. Le classement par points établi sur le circuit urbain de 3,6 kilomètres a été dominé par Jasper Philipsen. Après avoir disputé son dernier Tour de France en juillet, Romain Bardet repart quant à lui du Japon en tête du classement des grimpeurs comme en 2019. Chris Froome, qui était comme lui de la partie lors de la première édition en 2013, a été récompensé de son tempérament par le prix de la combativité.
ROGLIC TENTE UN SOLO
La Super Arena de Saitama, qui a reçu en 2021 les matchs de basket des Jeux Olympiques après avoir déjà accueilli des artistes comme Madonna, U2, Whitney Houston, Queen ou Taylor Swift, a une nouvelle fois ouvert ses portes au rendez-vous du Critérium. En attendant de prendre le départ d’un contre-la-montre par équipes remporté par les Japonais de la formation Shimano Racing, les coureurs ont pu profiter de cet abri monumental avant d’affronter la pluie qui arrosait régulièrement le circuit. Une fois le peloton lancé en ville, les ambitions se sont rapidement déclarées au fil des tours de manège. Les tentatives d’échappée, menées par exemple par les Japonais Hikaru Sato ou Yusuke Hatanaka qui souhaitent briller à domicile, se retrouvent englouties par les velléités de Jasper Philipsen et Mark Cavendish de batailler pour les points des sprints intermédiaires à saisir tous les quatre passages sur la ligne. Les points des grimpeurs, distribués au sommet d’une légère pente en sortie de tunnel dénivelé, mettent quant à eux en appétit les anciens vainqueurs du maillot à pois sur le Tour Romain Bardet et Chris Froome.
Les conditions de course plutôt en phase avec les classiques belges qu’avec la canicule qui sévit parfois en France en juillet occasionnent quelques dérapages, notamment dommageable à l’Espagnol Roger Adria, qui quitte la course touché au genou, à 34 km de l’arrivée. La hiérarchie du classement par points se joue sur le dernier sprint intermédiaire, où Philipsen clôt les débats. Côté grimpeurs, l’enjeu est réglé par Romain Bardet, qui participe dans les 10 derniers kilomètres à une échappée en compagnie de Primoz Roglic et Yukiya Arashiro. Le trio de tête poursuit sa route avec une quinzaine de secondes d’avance sur le peloton, mais le maillot rouge entame seul le dernier tour. À 2 kilomètres du but, le Slovène peut encore croire en ses chances mais la formation Intermarché-Wanty prend en mains la poursuite, qui atteint in-extremis son objectif. Dans son exercice de prédilection, Girmay domine ses rivaux et surgit pour aller décrocher une nouvelle au goût de Tour de France. En juillet prochain, c’est également à la conquête du Maillot Jaune que pourra se lancer « Bini » lors de la première étape à Lille.
CHRIS FROOME : « LE VENTOUX EST TRÈS SPÉCIAL POUR MOI »
Ce n’est pas encore le moment de parler à Chris Froome d’une fin de carrière, qu’il n’envisage pas avant la fin de la saison prochaine, et pourquoi pas après avoir participé à un 11e Tour de France l’été prochain : « je n’avais pas le niveau pour participer aux deux derniers, mais c’est un rêve réaliste de donner le maximum pour gagner ma place et y jouer un rôle : peut-être aller chercher une étape ou alors travailler en soutien de mon coéquipier Derek Gee, par exemple ». Quoi qu’il en soit, les célébrations de la 10e édition du Critérium de Saitama, dont il a été le premier vainqueur en 2013 après avoir remporté son premier Maillot Jaune, donne l’occasion de balayer quelques vieux souvenirs avec le champion britannique. « Lorsque j’ai gagné cette année-là, je me suis dit que ce n’était pas un accomplissement, mais le début d’une histoire. Au passage, quand je suis venu dans la foulée à Saitama, j’ai été totalement bluffé par le nombre de fans qui nous attendaient, tous très bons connaisseurs du Tour ». Effectivement, l’ancien coureur de Sky est devenu le personnage central de la course jusqu’en 2017, lorsqu’il s’est imposé pour la quatrième fois, sans savoir qu’il n’entrerait jamais dans le club des quintuple vainqueurs : « c’est la vie, mais finalement je crois que le Tour qui m’a le plus échappé, c’est celui de 2019, je n’avais jamais été aussi fort à l’entraînement avant ma chute sur le Critérium du Dauphiné ». Pour formuler un condensé de sa relation avec le Tour, Froome désigne le Mont Ventoux comme le symbole de ses sentiments parfois mitigés : « Le Ventoux est très spécial pour moi. Lorsque j’y ai gagné en 2013, c’est là que j’ai vraiment su que j’allais m’imposer à Paris. Et en 2016, j’étais prêt à sortir une performance du même ordre, mais il y a eu la chute et la confusion qui ont suivi. C’était irrationnel de me mettre à courir, mais c’est la seule chose que j’ai réussi à faire, sans vraiment réfléchir. Et finalement, c’est rentré dans l’histoire ».