CYCLISME : Tour de France – Saitama CRITERIUM 2024 (J1)
Une nouvelle vie a débuté pour Biniam Girmay sur le Tour 2024, au terme de trois semaines «totalement folles» où il s’est imposé à trois reprises puis a offert à l’Erythrée et même au continent africain son premier maillot distinctif, en gagnant son match pour le vert face à Jasper Philipsen.
Le sprinteur d’Intermarché-Wanty avait fait sensation en s’adjugeant Gand-Wevelgem et une étape du Giro en 2022, mais c’est bien un autre monde qu’il a découvert sur la Grande Boucle, d’abord en 2023 puis en goutant au succès l’été dernier: «les sprints ne sont jamais aussi nerveux et effrayants que sur le Tour, on n’a vraiment plus d’amis dans la dernière ligne droite, avoue-t-il. C’est peut-être pour cela que j’ai dû attendre ma deuxième participation pour y gagner. J’étais déjà très content de mes résultats la première année, mais je suis certain que l’expérience a fait la différence». L’enrichissement soudain de son palmarès a déclenché une véritable«Bini-mania» qui continue d’étonner le discret jeune homme de 24 ans: «c’est très sympa la notoriété, mais je n’ai vraiment pas grandi comme cela. En Erythrée, c’est devenu fou.
Et même ici au Japon, des fans de vélo m’arrêtent pour prendre des photos. Je suis très respectueux de tous ces gens qui prennent du temps pour regarder nos courses à la télé, puis ensuite viennent nous attendre par exemple devant l’entrée de notre hôtel, je suis touché». Inconditionnel de la couleur verte, le vainqueur du classement par points a suivi avec attention la présentation du parcours du Tour 2025. Il ne lui a pas échappé que le scénario de la première étape à Lille pourrait s’achever par un sprint massif dont le vainqueur s’habillera de jaune: «s’il y a une opportunité, il faut la saisir, je ferai donc le maximum pour être prêt. Mais il est possible que la deuxième étape me corresponde aussi, parce que je suis plutôt léger et je suis capable de grimper ce genre de côtes». En attendant, c’est sur le circuit urbain de Saitama qu’il pourrait avoir un avant-goût en cas de succès demain après-midi.
ROMAIN BARDET : « J’AI BEAUCOUP SACRIFIÉ AU TOUR, MAIS J’AI ÉTÉ RÉCOMPENSÉ »
En 2013, le meilleur coureur français du Tour (15e) était un jeune coureur auvergnat que le public allait rapidement découvrir. Vainqueur de trois étapes sur trois éditions consécutives (2015-16-17), 2e du classement final en 2016 en plein règne de Chris Froome, Romain Bardet a tissé sur une grosse décennie un fort lien avec l’épreuve qui lui a aussi valu quelques peines (abandons sur chutes en 2020 et 2023). Mais au moment de lui faire ses adieux, le coureur passé à la formation dsm-Firmenich en 2021 a vécu un moment d’apothéose qu’il avait conçu avant de s’attaquer à la première étape en direction de Rimini. « Je savais que j’étais dans une très bonne forme, se souvient-il au moment de tirer le bilan de son année. Le matin, j’ai même dit que soit je remportais cette étape, soit je perdais vingt minutes ! » Sur les bords de l’Adriatique, c’est bien le scénario le plus heureux qui s’est joué, une victoire obtenue en coproduction avec son jeune équipier Frank van den Broeck, le duo résistant dans les derniers mètres au retour du peloton. Avec ce quatrième succès sur le Tour, c’est aussi la dernière opportunité de se vêtir de jaune que Bardet saisissait ce jour-là : « J’aurais accepté de ne jamais le porter, mais après avoir porté le maillot blanc et gagné le maillot à pois, c’est beau d’avoir complété ma collection. Surtout, ça aurait été douloureux de finir ma carrière comme un acteur secondaire. Finalement, j’ai beaucoup sacrifié au Tour, mais j’ai été récompensé».
JASPER PHILIPSEN… À L’AISE SUR LES CHAMPS-ELYSÉES !
Les coureurs du Critérium étaient invités à une double séance de découverte culturelle à l’université de Saitama. En première séquence, ce sont Yukiya Arashiro, Mark Cavendish et Primoz Roglic qui sont passés par la case vestiaire avant de participer à une initiation au Aïkido. La particularité de cet art martial consiste à utiliser la force de son adversaire pour le mettre à son tour en difficulté. La technique ancestrale a été rebaptisée à l’instinct « Shiobulo » par le champion slovène, qui s’est montré le plus souple dans l’exercice : « c’est un sport de tradition, mais je dois bien avouer que je l’ai adapté à ma sauce ». La deuxième leçon du jour a été dispensée par les étudiantes expertes en Koto, un instrument à cordes exigeant une dextérité maximale. Après une démonstration gracieuse sur l’air de San San Sakura, qui se traduit approximativement par « Le chant des cerisiers », un orchestre de débutants composé de Romain Bardet, Biniam Girmay et Jasper Philipsen a été prié de passer à l’action. Pour l’occasion, ils ont reçu les rudiments indispensables pour jouer « Les Champs-Elysées » de Joe Dassin. « Je n’ai aucun talent pour la musique », s’est défendu le sprinteur d’Alpecin-Deceuninck, qui s’est finalement révélé le plus fidèle à la version originale au moment de pincer les cordes. Quoi de plus normal finalement, pour le vainqueur de la dernière étape de l’édition 2022 entre les marronniers parisiens ?