RALLYE : DAKAR 2023 – Étape 7 – Al Rajhi, pour l’honneur
Les motos et quads ont tracé au plus court pour rallier en liaison Riyadh à Al Duwadimi, par une route de près de 500 kilomètres qu’ils ont parcourue cette fois-ci au sec.
Pour les autos et camions, c’est un peu plus au sud que se jouait une spéciale donnant la parole aux experts de la trajectoire et des changements de rythme. Sur des pistes parfois sablonneuses et à d’autres moments caillouteuses, entre canyons et traversées d’oueds, les plus vifs ont su tirer profit de la situation. Pour une fois, les copilotes ont dû assumer pleinement le travail de navigation, d’ordinaire prémâché par les motards. Le contexte a notamment bénéficié au supersonique Yazeed Al Rajhi, parti loin derrière mais arrivé avec le meilleur temps du jour.
L’essentiel
Le patron de la course a quitté le bivouac de Riyadh l’esprit léger malgré le réveil ultra-matinal à quatre heures du matin. Essentiellement préoccupé par le choix de la musique qui illustrerait sa story Instagram du jour, Nasser Al Attiyah s’est dirigé vers le départ de la spéciale en sachant que son avance de plus d’une heure au classement général sur Henk Lategan lui offrait un bouclier de protection aussi efficace que celui d’Harry Potter. Pour autant, il n’est jamais question de flâner pour le Qatarien, qui a profité de la position de réel ouvreur, sans la moindre trace de moto, pour faire réviser ses classiques à son copilote Mathieu Baumel. Précautionneux avant tout, Nasser a royalement laissé filer une vingtaine de minutes à son coéquipier Yazeed Al Rajhi, qui domine un trio de fonceurs ayant déjà perdu tout espoir de bien figurer au classement général. Le Saoudien remporte la quatrième spéciale de sa carrière, la troisième à domicile, acquise grâce à un coup de volant qui s’est d’autant mieux exprimé avec une position de départ lointaine (39e). Ses deux poursuivants sur la feuille de classement du jour, Vaidotas Zala et Guerlain Chicherit, n’ont pas bénéficié de cet avantage mais ont en revanche exploité au maximum leurs deux Hunter pour redonner un peu de baume au cœur au clan BRX.
Ils sont immédiatement suivis d’un trio de pilotes Sud-africains qui confirment une tendance nette sur l’évolution des rapports de force dans la discipline (voir perf du jour), sachant que les Audi ont perdu avec les déboires de Mattias Ekström leur dernière chance de s’inviter dans les places d’honneur. Le match pour le titre s’avère beaucoup plus serré chez les T3, et les deux leaders de la catégorie avaient bien conscience de la nécessité de préserver leurs intérêts sur un parcours piégeux. Dès lors, Guillaume De Mévius et Austin Jones se sont neutralisés, en retrait derrière le vainqueur de la spéciale, Mitch Guthrie. Le Belge garde les commandes de la course, avec huit minutes d’avance sur l’Américain. En revanche, la catégorie SSV a connu un changement de leader, Rodrigo Luppi de Oliveira (voir le coup dur) ayant cédé à contre-cœur sa place à Rokas Baciuska, signataire d’une troisième spéciale cette année. Le champion du monde est menacé par Marek et Eryk Goczal, père et fils, tous deux à moins de 7 minutes. Enfin, Janus Van Kasteren se fait une place dans le club des vainqueurs d’étapes de la catégorie camions, sans faire trembler Ales Loprais au sommet de la hiérarchie.
La perf’ du jour
Le coup dur du jour
L’Afrique du Sud entretient une histoire particulière avec le Dakar. En 1992, Le Cap accueillait l’arrivée d’un parcours trans-africain hors-normes, celui qu’avait imaginé Thierry Sabine à l’origine avant de bifurquer sur une arrivée à Dakar. En 1999 un certain Alfie Cox déboulait à moto et allait signer 3 podiums dont une 2e place en 2002. L’année suivante, c’est Giniel de Villiers qui s’engageait en auto. Cette année le vainqueur du Dakar 2009 participe à son 20e Dakar. Il les a tous terminés dans le Top 10, sauf un. Un modèle pour une nouvelle génération de pilotes et de constructeurs. Les Toyota Gazoo Racing de Giniel de Villiers et Henk Lategan ainsi que le Century de Brian Baragwanath sont ‘‘made in Africa’’, comme on dit chez eux. Et aujourd’hui, ces trois pilotes signent un tir groupé de la 4e à la 6e place. Dans le Top 6 de chaque étape depuis 4 jours pour son 3e Dakar, Henk Lategan est aussi le poursuivant le plus direct de Nasser Al Attiyah au général. L’Afrique du Sud est la nation qui domine ce début de Dakar avec 3 équipages dans le Top 10 et 3 autos 100% « Sudaf » sur le podium du provisoire ce soir.
On ne peut que constater une belle progression chez Rodrigo Luppi de Oliveira, qui participe à son deuxième Dakar et avait déjà occupé le temps d’une journée la tête du classement général après avoir remporté une étape en janvier 2022. Cette fois-ci, le séjour du Brésilien au sommet de la hiérarchie des T4 a duré quatre jours. Mais au km 161 de la spéciale, une crevaison accompagnée de complications a contraint le leader de la catégorie à un arrêt d’une vingtaine de minutes, suivi d’une progression au ralenti jusqu’à l’arrivée de la spéciale, où le débours enregistré est monté à 40 minutes sur Rokas Baciuska, vainqueur d’étape et nouveau leader. La dégringolade de Rodrigo le relègue au 5e rang, mais toujours dans le coup, à 20’ du jeune Lituanien. Le pilote de South Racing peut aussi se réjouir du bon comportement de son fils Bruno, 18 ans, qui le suit immédiatement dans la hiérarchie, 6e à 1h55’ de Baciuska.
La stat’ du jour : 3
World rally-raid Championship
La catégorie camions connaît une période de fraîcheur qui contraste avec la mainmise des véhicules russes durant les dernières années. Forcément, les candidats sont nombreux à prétendre à leur succession, à commencer par le vainqueur du jour, Janus Van Kasteren, 5e l’an dernier. Le Néerlandais a arraché son premier scratch et fait ainsi son entrée dans les statistiques. Mieux encore, la catégorie a accueilli trois néo-vainqueurs qui représentent l’avenir cette année. En plus de Van Kasteren, valeur montante de la maison De Rooy, figurent Mitchel Van Den Brink, tout juste auréolé du record du plus jeune vainqueur chez les camions à 20 ans, et Gert Huzink, au volant d’un camion Renault hybride.
En l’absence de leurs homologues motos et quads, Nasser Al Attiyah a conservé les commandes de la première manche avec près de deux heures d’avance sur Sébastien Loeb, son plus proche engagé en W2RC. En T3, Austin Jones, 6e du jour, reste solidement ancré en tête du Dakar. En T4, Rodrigo Luppi de Oliveira perd à la fois la tête du classement général et celle du championnat (voir coup dur). Rokas Baciuska, le tenant du titre, a réussi à inverser la vapeur et à reprendre la tête du provisoire en une seule étape ! Enfin chez les camions, Janus Van Kasteren devance à nouveau les engagés dans sa catégorie et conserve logiquement la main au championnat, toujours talonné par Martin Macik tandis que Kees Koolen le champion en titre reste à près de 4 heures du leader.
Sur un air de Classic
Les jours se suivent et commencent à se ressembler en tête du Classic ! Le classement général n’a pas subi de bouleversement mais la tendance commence à se dessiner avec un double match entre amis. Pour les deux premières places, ce sont les Espagnols de l’équipe Moma Raid Juan Morena et Lidia Ruba d’une part et Carlos Santaolalla et Aran Sol Ijuanoa d’autre part qui trustent encore la journée, sans que la hiérarchie entre les deux ne varie. Pour la 3e place du podium, le Belges Erik Qvick et son copilote Jean-Marie Lurquin ont vu le retour dans leurs rétroviseurs de Dirk Van Rompuy et Christiaan Michel Goris. C’est cet équipage 728 qui fait la bonne opération du jour en revenant dans le match avec leurs compatriotes. Mais pour espérer lutter avec les Catalans, il va falloir sortir le grand jeu. Peut-être demain dans un des tests de régularité où on annonce que la navigation pourrait donner lieu à des écarts à même de redistribuer les cartes. Sur le papier, l’école espagnole qui est plus tout terrain que celle de la Belgique a l’avantage. À suivre demain dans la 8e étape !
La réaction du jour
Guillaume de Mévius : « J’ai voulu assurer… peut-être un peu trop »
« C’était une journée assez difficile pour nous. On s’est fait rattraper et on a eu une crevaison. C’était assez cassant et j’ai voulu assurer… peut-être un peu trop. Nous n’avons pas de souci majeur avec la voiture, on fera juste une petite vérification et on file au bivouac pour dormir à la bonne franquette ».