CYCLISME : ROC D’AZUR – Filippo COLOMBO, le grand Suisse du Roc d’Azur
La 37e édition du Roc d’Azur s’est achevée dimanche à Fréjus (Var) avec le succès au sprint du Suisse Filippo Colombo.
Il prive Jordan Sarrou, deuxième, d’un quatrième succès historique. À peine arrivé du Tour de Lombardie, Romain Bardet prend une très convaincante 11e place. Chez les femmes, Katazina Sosna s’impose pour la première fois, deux jours après s’être offert le Canyon Roc Marathon.
Un ultime effort, un dernier sprint et au bout de la courte ligne droite d’arrivée, la délivrance. À seulement 23 ans, le Suisse Filippo Colombo a pour la première fois inscrit son nom au palmarès du Roc d’Azur. Douzième des Jeux olympiques de Tokyo, médaillé de bronze des récents Championnats d’Europe ou encore 9e des Championnats du monde, il s’offre à Fréjus une victoire de prestige au terme des 49,8 km (2h03’42’’). « Le Roc d’Azur, c’est une course historique, souffle-t-il. C’est vraiment très beau de gagner aujourd’hui. J’ai eu une saison difficile. Je me suis cassé le bassin en mai sur une manche de Coupe du monde et j’ai ensuite eu beaucoup de malchance. On est parti vite et on s’est retrouvé à 5 après la première montée. On a bien travaillé avec Jordan. J’ai fait une fois deuxième en junior, mais gagné la grande course, ça fait du bien. » Membre du Team Julien Absalon, le Suisse a épaté son manager. « C’est génial pour lui de gagner ici car il a vraiment eu une saison noire, confie Absalon. C’est beau car il n’avait jamais participé à la course élite. Face à un Jordan Sarrou qui connait par cœur le circuit et les différentes tactiques sur cette arrivée particulière, il a géré à merveille. Filipo, c’est un énorme talent, on l’appelle le « Swiss Bull », le « taureau suisse », car il a beaucoup de puissance et d’explosivité. Il doit encore apprendre à canaliser toute cette énergie mais le potentiel est là. »
Sarrou : « Deuxième, c’est déjà beau »
Vainqueur à trois reprises sur la base nature de Fréjus (2014, 2016, 2019), Jordan Sarrou n’avait pas caché son ambition d’aller chercher un quatrième succès qui aurait fait de lui l’unique recordman de victoires sur le Roc d’Azur. Battu au sprint, il devra partager au moins une année de plus ce record avec Miguel Martinez (1997, 2004, 2013). « J’avais l’étiquette de favori et j’étais donc assez marqué, mais c’est le jeu, analyse le champion du monde 2020. Je suis quand même encore présent sur le Roc avec à nouveau un podium. Bien sûr, j’aurais bien aimé gagner aujourd’hui, mais deuxième c’est déjà beau. Et puis côté ambiance, avec tous les supporters dans le Bougnon, j’ai pris beaucoup de plaisir. » La troisième marche du podium est occupée par le Polonais Krzysztof Lukasik, quelques secondes seulement devant le champion de France Maxime Marotte qui n’affichait pourtant pas trop d’ambition au départ après « quelques soirées festives depuis le début de semaine », mais qui, sans un problème mécanique en début de course, aurait pu se mêler à la lutte finale.
Romain Bardet prend date
Pas très loin des hommes de tête, Romain Bardet, excellent 8e samedi sur le Tour de Lombardie, a sauté dans sa voiture pour être ce dimanche à 8h30 au départ du Roc d’Azur. « La saison s’est terminée hier et je voulais vraiment être là pour me faire plaisir, confie-t-il. Le calendrier n’offre malheureusement pas beaucoup de possibilités de venir sur des épreuves VTT. Je vais essayer de partir avec les meilleurs pour passer le Fournel avec eux et ensuite je les laisserai filer. L’objectif c’est de ne pas être trop en retard pour l’apéro ! » Mission largement remplie avec une très belle 11e place, à moins de six minutes du vainqueur. « C’était cool ! Je suis mort, j’ai les jambes dures du Tour de Lombardie mais je me suis régalé. Je suis parti dans le groupe de tête. J’ai fait l’élastique un moment mais après ça a été plus dur. Je ne fais pas trop de VTT dans la saison même si j’adore ça. À la fin il y avait des escaliers assez techniques, j’ai tout passé à pied et j’ai perdu énormément de temps. J’ai aussi pris une bonne gamelle en prenant une ornière et en passant au-dessus du vélo. Mais encore une fois, c’était vraiment très cool. Je ne pensais pas être aussi bien placé. Je ne connaissais pas le parcours, je ne m’engageais donc pas à fond. Mais c’est sûr que ça donne des idées pour plus tard… »
Autre invité de prestige, le champion olympique de saut à la perche Renaud Lavillenie, habitué du Roc mais pour la première fois sur le Roc d’Azur dominical. « Je viens depuis plusieurs années participer à la Rando Roc Noire et au Tri Roc Relais, rappelle le Clermontois. Il était temps de passer sur le Roc d’Azur. » Chose faite en 3h02’33’’.
Le doublé pour Katazina Sosna
Dans le Roc d’Azur Dames, disputé cette année sur la même distance que la course masculine et avec le même prize money, la Lituanienne Katazina Sosna, 30 ans, avait du mal à cacher son émotion sur la ligne d’arrivée. Victorieuse du Canyon Roc Marathon vendredi, elle signe son premier succès sur le Roc d’Azur dames (2h 29’26’’) après avoir été battue de seulement quelques centimètres en 2019. « C’est juste incroyable, lâche-t-elle. Je suis partie vite en début de course avec une Italienne qui a crevé ce qui m’a permis de me retrouver seule devant. Le Roc d’Azur est une course formidable et gagner ici est formidable. Je veux vraiment remercier tout le monde. » En partance pour la Cape Epic en Afrique du Sud, Sosna, première Lituanienne à remporter le Roc d’Azur, devance de plus de 7 minutes la Française Margot Moschetti, victorieuse de la dernière édition. « Sincèrement, cette deuxième place me ravit, explique la Tricolore. On ne peut pas être déçu quand on fait un podium sur le Roc d’Azur. Sosna est une top athlète et finir derrière elle est déjà une belle satisfaction. » Le podium est complété par la championne de Belgique Emeline Detilleux. « Courir au milieu des garçons est un facteur à gérer mais ça permet aussi de profiter davantage de l’ambiance et monter le Bougnon avec tout le public pour nous supporter, c’était vraiment fort », souligne-t-elle.
Derrière, loin des champions internationaux, ils sont près de 3 000 à s’être régalés. Descente du Fournel, Col du Bougnon, sentier des douaniers, plage de la Galiote, des lieux devenus mythiques au fil des ans. Des lieux où l’on peine, où parfois même on souffre mais surtout des lieux où tous les passionnés se donnent rendez-vous chaque année. La semaine du 5 au 9 octobre 2022, date de la 38e édition, est déjà cochée dans leur agenda.
Un bonheur de revoir des gens heureux
Le Roc d’Azur s’est conclu dimanche après cinq jours de fête sur les sentiers du Massif des Maures et dans les allées du Salon. Du grand sport mais aussi la satisfaction d’avoir retrouvé l’ambiance qui depuis plusieurs décennies fait du Roc d’Azur un rendez-vous unique et incontournable.
« C’était difficile d’imaginer il y a six mois que nous aurions autant de participants et autant de public, se réjouit Pascal Quatrehomme, directeur du Roc d’Azur. C’est un bonheur. On vit pour ça, on travaille pour ça. Nous avons été privés de toute cette ferveur pendant un an et demi, nous n’attendions que ça. Voir tout cet engouement, cela nous donne des frissons. Le plaisir est présent tous les ans, mais cette année, il est encore plus fort. Voir le bonheur et les sourires des concurrents sur les lignes d’arrivée, heureux de se retrouver, c’est vraiment formidable. Notre métier c’est de donner du plaisir, et je crois nous avons réussi cette année. Le Salon est aussi une satisfaction. On a atteint les 80% de remplissage malgré le contexte économique et les difficultés de certaines marques. On est confiant, elles vont revenir. Les allées sont remplies, les exposants et les partenaires sont ravis. »
Pour plus d’informations ICI