VOLLEY-BALL : L’interview bleue, Olivier BARTHELEMY
A 27 ans, Olivier Barthélémy a réintégré cette année l’équipe de France de beach-volley, appelé par le staff pour remplacer Edouard Rowlandson, qui a pris la décision d’arrêter, aux côtés de Youssef Krou.
Actuellement en stage à Tenerife, le Niçois, passé de bloqueur à défenseur, évoque ses ambitions.
Comment s’est fait ce retour en équipe de France ?
« Il y a un an, j’avais décidé d’arrêter l’équipe de France et je suis parti en voyage, un mois au Vietnam avec ma compagne, puis deux en Australie, pour rejoindre sa sœur et Samuel Cattet et disputer avec lui le circuit de beach australien, tout en en profitant pour visiter le pays. Ça s’est d’ailleurs très bien passé, puisque nous avons terminé troisièmes des championnats australiens. Ensuite, je suis rentré en France, où j’ai trouvé un travail, d’abord dans le bâtiment pour rénover des appartements, puis en tant que commercial dans une société qui vend des alarmes. Et en novembre, j’ai reçu un appel de la Fédération qui me proposait de remplacer Edouard. Je ne me suis pas posé la question, et après m’être mis d’accord avec la Fédération, j’ai rejoint Toulouse début décembre pour attaquer la préparation. C’est vraiment un gros hasard de la vie, car j’étais encore en période d’essai, si j’avais été contacté une semaine plus tard, j’aurais été en CDI, cela aurait signifié au moins un mois de préavis, donc ça aurait été plus compliqué de me libérer. »
Qu’est-ce qui t’a fait accepter ?
« D’abord parce que j’aime tellement le beach et la compétition que je ne me voyais pas refuser, même si c’est un CDD qui court jusqu’à la Continental Cup ou aux Jeux Olympiques en cas de qualification. Ensuite, parce que c’est un bon projet avec Youssef qui est un super joueur, un des seuls avec qui j’avais envie de jouer, enfin parce que les conditions me satisfaisaient. »
Comment s’est passée la reprise ?
« On a commencé par de la préparation physique générale, parce que depuis le premier confinement, je n’avais pas fait de préparation spécifique, je m’étais juste contenté de jouer au beach le week-end quand c’est redevenu possible. Du coup, le staff ne voulait pas que je prenne le risque de me blesser, il a donc fallu faire un bloc de préparation. Au niveau technique, j’ai constaté que je n’avais pas perdu tant que ça, que j’avais quand même de beaux restes, ce qui nous a permis, avec Youssef, de commencer assez vite à essayer de voir quelle serait la meilleure combinaison entre nous pour être performants le plus rapidement possible, sachant que sommes à l’origine tous les deux des bloqueurs. »
Et quel choix avez-vous fait ?
« On a constaté que Youssef avait une très bonne lecture du jeu, que ce soit en défense et au bloc, ce qui lui permet d’être à chaque fois bien placé, et que c’était bien de pouvoir, en contre-attaque, mettre de grosses attaques venant de loin, donc on a pris la décision commune de me mettre en défense pour accentuer ce côté contre-attaques, on a visé plus l’efficacité. Et en plus, ça tombait bien, parce que j’ai toujours rêvé d’être défenseur ! On m’a toujours mis bloqueur parce que j’avais de grands bras et que je sautais haut, mais c’est génial pour moi de changer de poste et de jouer en défense. C’est un aspect que j’avais jusqu’ici essayé d’apprendre un peu tout seul dans mon coin, donc j’ai pas mal de techniques qu’on va qualifier de non-académiques, je ne pars pas de zéro, mais il y a beaucoup de choses à apprendre, on essaie avec le staff de transformer ce que j’ai acquis dans mon coin. »
Et as-tu l’impression que la mayonnaise prend avec Youssef ?
« Oui, ça se passe super bien, on a une base de jeu déjà stable qui nous permet de nous amuser. Après, il y a plein de choses à améliorer, de réglages à travailler, chaque entraînement est vraiment intéressant, parce qu’on se sent progresser, j’adore cette sensation. Par exemple cette semaine, on avait remarqué un problème sur les passes que je faisais à Youssef qui n’étaient pas exactement comme il voulait. On a répété et répété, jusqu’à ce que Lissandro (Carvalho, le coach des équipes de France) trouve le petit détail qui nous a permis d’avoir la solution. En plus de ça, avec Youssef, on a le même professionnalisme, le même sérieux, je crois même qu’il l’est plus que moi ! Quand je me pointe à l’entraînement 25 minutes avant le début de la séance, je sais qu’il est là depuis 5 minutes, c’est vraiment agréable de jouer avec lui. »
« C’est pour vivre des moments comme ça que je me suis toujours entraîné
Quel est votre programme dans les semaines à venir ?
« Depuis la semaine dernière, nous sommes en stage à Tenerife, le but est d’appliquer en confrontation tout ce qu’on a travaillé pendant les deux mois de préparation. On a pu jouer contre les Lettons Samoilovs/Smedins, les Turcs, les Polonais Losiak/Rudolf, les Tchèques Perusic/Schweiner, que des équipes du top 20 mondial, ou pas loin. C’est très bien pour nous pour progresser au niveau de la vitesse de jeu, la rigueur technique. On reste aux Canaries jusqu’au 5 mars pour ensuite aller disputer le World Tour 4 étoiles de Doha. Après, on ne connaît pas encore la suite du calendrier, ça se fait un peu au coup par coup vu la situation. »
Vous n’aurez pas assez de tournois pour viser la qualification pour les Jeux de Tokyo via le ranking olympique, vous allez tout miser sur la Continental Cup (*) ?
« Oui, c’est clairement le gros objectif de la saison, notre seule façon d’aller aux JO. Il n’y aura pas les toutes meilleures équipes européennes, puisqu’elles seront déjà qualifiées au ranking, je me dis que tout est jouable et je pense qu’on fait partie des bonnes équipes. En plus, je trouve qu’il y a une bonne ambiance dans cette équipe de France, c’est très sain, l’esprit d’équipe est plus développé que ce que j’ai connu avant. Je pense qu’il y a vraiment un coup à faire. Comme tout va se jouer sur un tournoi, il faut tout faire pour le préparer du mieux possible et y arriver avec les crocs, je suis persuadé qu’il y a moyen d’aller chercher cette qualification olympique. »
Cette année est-elle charnière pour ton avenir en équipe de France ? Ressens-tu une certaine pression ?
« Oui et non. D’un côté, j’ai beaucoup moins de pression depuis que je me suis arrêté, parce que je sais que quoi qu’il se passe, je pourrai rebondir dans ma vie. Le fait d’avoir travaillé, d’avoir bien gagné ma vie en dehors du beach-volley m’a rassuré sur l’après-carrière, alors que jusqu’ici, je n’avais jamais eu d’expérience professionnelle comme ça, sachant qu’en beach, c’est difficile de bien gagner sa vie. Cette confiance venue en plus me fait beaucoup de bien. D’un autre côté, oui, je me mets quand même de la pression, parce que je sais qu’en fonction des résultats qu’on fera avec Youssef cette année, je continuerai ou pas. Tous les scénarios seront possibles en juillet ou août en fonction des résultats, des projets de chacun, mais c’est ce qui est convenu depuis le départ. Et aujourd’hui, je suis content d’être là, c’est pour vivre des moments comme ça, que je me suis toujours entraîné. Et encore, là, ce ne sont que des petites marches que je passe, mon objectif est d’aller plus haut, je suis très content de pouvoir progresser dans un environnement sain, je me régale, et en plus, on est au soleil ! »
(*) La Continental Cup européenne, compétition par équipe qui aura lieu en deux temps, le deuxième tour du 6 au 9 mai, la finale (16 pays qualifiés) fin juin, délivrera un billet olympique à la nation qui la remportera, à charge ensuite à la fédération de choisir la paire qui ira aux Jeux