INTERVIEW : Marc Van der Straten, « Le redémarrage ne sera pas facile, mais l’équipe est prête et elle a faim »
Le propriétaire du Team Estrella Galicia 0,0 Marc VDS savoure la remise en route d’une « saison peu conventionnelle où il sera intéressant de mesurer les capacités d’adaptation ». Les consignes pour l’équipe demeurent les mêmes : « Donnez le meilleur de vous-même et visez au plus haut ! »
Après quatre mois de retraite forcée, le Championnat du Monde MotoGP se prépare à reprendre la piste avec quelques changements : moins de courses (actuellement 13 au total en MotoGP et 14 en Moto2 et Moto3), un changement de décor et, pour le moment, des épreuves à huis-clos. L’annonce du retour à la compétition est une nouvelle que l’équipe Estrella Galicia 0,0 Marc VDS attendait avec impatience. Le propriétaire de l’équipe, Marc Van der Straten, nous fait part de son point de vue sur ce redémarrage, sur le nouveau calendrier, la situation de son équipe et les objectifs qu’elle va poursuivre.
Dans moins d’un mois la compétition va repartir, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
« Bien que j’ai été tenu régulièrement au courant des mesures prises par l’organisation pour réactiver le championnat, j’ai accueilli la confirmation du nouveau calendrier et la reprise de la compétition avec une joie immense. Après quatre mois d’arrêt forcé, notre désir d’entendre les moteurs à nouveau rugir et voir nos pilotes tout donner sur l’asphalte est plus fort que jamais. Ce sera sans doute une saison étrange et différente, mais c’est une avancée importante pour nous tous qui attendons cette reprise avec impatience. Retrouver le sourire des pilotes, des techniciens et des fans après ces durs mois est la meilleure chose qui soit ! »
Que pensez-vous du nouveau calendrier ?
« Bien évidemment, il n’est pas idéal. Il est loin de ce que nous attendions au début de l’année, mais il faut se dire qu’il aurait pu tout aussi bien ne pas exister. Je suis très reconnaissant de tous les efforts et du travail que Carmelo Ezpeleta et toute l’équipe de Dorna ont réalisés pour établir le meilleur calendrier possible dans ces circonstances. C’est une tâche de titans de combiner les législations et les réglementations des différents pays, d’assurer la sécurité des athlètes et des membres du paddock en prenant des décisions difficiles et impopulaires, de réinventer la compétition en la maintenant aussi attractive que possible. Mais ils ont réussi à le faire en présentant un calendrier avec un total qui est actuellement de 14 épreuves (13 pour le MotoGP qui n’a pas participé au GP du Qatar) sur 8 circuits différents. De plus, la possibilité d’aller courir plus tard en dehors de l’Europe n’est pas encore exclue, ce qui serait une excellente nouvelle à tous égards. »
Ce sera une saison peu conventionnelle…
« Ce sera effectivement très peu conventionnel et le début ne sera pas simple. De nombreuses mesures sanitaires doivent être prises avec une prévention à tous les niveaux : limitation des techniciens dans les équipes, absence de public, paddock fermé… Travailler dans ces conditions n’est bien évidemment pas idéal, mais comme je l’ai dit auparavant, nous devons rester positifs et considérer cela comme la première étape d’un retour à la normale. D’autre part, il sera intéressant de mesurer la capacité d’adaptation des pilotes et des équipes à cette nouvelle situation. Je pense à la répétition des circuits (Jerez, Autriche, Misano, Aragon et Valence accueilleront des courses pour deux Grands Prix consécutifs). A chaque épreuve, il faudra essayer de tirer du mieux possible des enseignements pour mettre en œuvre une nouvelle stratégie dès le week-end suivant. »
La reprise va s’effectuer avec un paddock et des tribunes vides…
« On pourrait dire que c’est comme vendre du caviar dans une boîte en carton. Il est vraiment dommage que nous ne puissions pas compter sur la présence du public qui encourage les pilotes depuis les tribunes, et que l’habituel paddock d’habitude si animé sera pratiquement désert. Mais encore une fois, la santé de tous passe avant tout le reste. Espérons que la situation s’améliore et que nous puissions finir la saison sur des circuits ouverts en profitant de cette atmosphère unique que nous aimons tant. »
Le Championnat du monde MotoGP est de retour, la Coupe FIM MotoE Enel aussi…
« C’est une excellente nouvelle. D’autant que le format et le calendrier devraient être très similaires à ce qui était prévu à l’origine. Il est essentiel de continuer à soutenir ce jeune championnat de motos électriques. Nous l’avons beaucoup apprécié l’année dernière et nous le ferons certainement encore cette année.»
Comment va l’équipe ?
« L’équipe et tous ses petits se portent très bien. Tout le monde est impatient de retourner sur les circuits afin de poursuivre une saison que nous avions préparée avec soin. Les techniciens et les pilotes ont travaillé tout au long de ces derniers mois pour se retrouver dans les meilleures conditions possibles lorsque le moment sera venu de revenir à la compétition. Ils ont faim et veulent y aller. Ils ont envie de retrouver leurs sensations et cette osmose entre l’homme et la machine qui nous a permis de récolter tant de succès. »
L’objectif est-il toujours le même ?
« Il n’y a aucun doute à ce sujet. Notre objectif reste inchangé : donner le meilleur de nous-mêmes pour obtenir le maximum. Nous voulons ajouter des podiums et des victoires et pourquoi pas, un quatrième titre en Moto2. Cependant, dans des moments comme celui-ci, avec tout ce qui s’est passé au niveau mondial, retrouver le sourire et donner du bonheur à tous les fans de ce sport fantastique en faisant ce que nous savons faire le mieux est déjà une grande motivation. Si nous parvenons par la suite à savourer le plaisir de la réussite en ayant bien fait notre boulot, ce sera alors merveilleux. »
Voyez-vous la concurrence du même œil qu’en début d’année ?
« Non, les choses ont changé. Sans rentrer dans les détails et les suppositions sans intérêt, il est évident que les changements apportés au calendrier et l’approche que les uns et les autres auront de cette nouvelle compétition ne peut que modifier le rapport de force. Tout a changé. Moins de circuits, moins de courses, mais aussi moins de place pour les erreurs, plus d’intensité, et peut-être plus d’égalité… Ce sera différent, mais le champion sera le champion. Et c’est cette quête que les pilotes et les équipes de toutes les catégories poursuivront »
C’est dans le situations difficiles et compliquées que l’on prend la mesure de ses compagnons de voyage. Comment se sont comportés les vôtres ?
« J’ai toujours dit que nos sponsors sont bien plus que de simples parrains. Ce sont nos partenaires, ce sont de véritables compagnons de route, des amis aux convictions inébranlables. Et j’ajouterai qu’ils sont les meilleurs que l’on puisse souhaiter avoir. Malgré la tempête et la mauvaise mer, ils n’ont pas sauté du bateau. Ils ont tenu bon et nous ont apporté leur précieux soutien. Ils ont fait preuve d’une grande loyauté et d’un sens des responsabilités envers tous les membres de notre famille. Je ne peux que faire leur éloge. »