VOLLEY BALL : Paris 2024 – Les Bleus joueront pour l’or !
Exceptionnelle équipe de France ! Pour la deuxième fois consécutive, les Bleus disputeront la finale des Jeux Olympiques, vainqueurs mercredi de l’Italie en demi-finales en trois sets (25-20, 25-21, 25-21).
Les tenants du titre affronteront samedi à l’Arena Paris Sud la Pologne, qui a sorti les Etats-Unis en cinq manches.
Trois ans jour pour jour après avoir décroché le premier titre olympique de son histoire à Tokyo, l’équipe de France a réussi l’exploit de se qualifier pour une deuxième finale des JO consécutive, qui plus est chez elle, devant son incroyable public de l’Arena Paris Sud. « On en rêvait », s’extasiait après la rencontre le central Barthélémy Chinenyeze, tandis qu’Earvin Ngapeth venait de quitter le terrain rapidement pour masquer l’émotion qui l’étreignait après avoir plié le match d’une ultime attaque, son 15e point du match. Cette émotion était également palpable dans les yeux humides d’un Andrea Giani, remerciant « les joueurs qui m’ont donné un cadeau incroyable ce soir ».
Un cadeau qui avait été savamment préparé par le staff, conscient que pour perturber cette équipe d’Italie championne du monde en titre et vice-championne d’Europe l’an dernier, il fallait d’entrée lui mettre une grosse pression pour l’empêcher de mettre en place son jeu défensif et de prendre confiance au service. Le bloc d’entrée de Nicolas Le Goff sur la première attaque de Yuri Romano a donné le ton (3-1) et très vite, on a compris que les champions olympiques en titre n’entendaient pas céder une once de terrain à des Italiens qui les avaient eux-mêmes balayés en demi-finale du dernier Euro, en septembre à Rome.
Le premier set est cependant très serré (17-17), avant un mini-break juste avant le money-time réussi par les Bleus sur la « spéciale Earvin », attaque dos au filet (20-18). Ces derniers enfoncent le clou sur un ace salvateur d’Antoine Brizard puis sur un « block-out » signé Earvin Ngapeth, la conclusion revenant à Trévor Clevenot (25-20), sans doute le meilleur Français sur le terrain ce mercredi, en tout cas le meilleur marqueur (17 points, 15/24 en attaque, 2 blocs).
Sa fin de deuxième set sera en tout cas un chef d’œuvre, le réceptionneur/attaquant tricolore enchaînant deux points à 15-17 qui permettent au public d’entrer en transe et à la France d’égaliser, avant de se montrer encore décisif dans le money-time, entre feinte d’une main et attaque aux trois mètres surpuissante qui donne trois balles de set aux Bleus (24-21), la première suffit à Yacine Louati, entré en jeu au service et qui sort un ace pleine ligne (25-21).
Vos reprendriez bien une dose de Clevenot ? Va pour un bloc d’entrée de troisième manche (2-0), la Marseillaise descend alors des tribunes et la France s’envole (5-1), continuant de prendre la Nazionale à la gorge. « On a été hyper agressifs, racontera Barthélémy Chinenyeze (6 points), on était des « daleux » sur le terrain, on ne voulait pas leur laisser un point. Et surtout, on a joué à la française, avec des défenses, des feintes, les Italiens ne savaient plus ce qui se passait, on a joué avec la tête, c’est ce qu’on fait de mieux, ça a marché, 3-0 et merci ! »
Les champions du monde en ont effectivement vite perdu leur latin, commettant de plus en plus de fautes et permettant aux coéquipiers de Jean Patry (9 points) de prendre le large (21-16). Et cette fois, même si les coéquipiers de Simone Giannelli ont lutté jusqu’au bout pour refuser la défaite en repoussant à trois reprises l’inéluctable à 24-18 – ils avaient sauvé quatre balles de match contre le Japon en quarts -, ils ont fini par céder sur un ultime coup de boutoir d’un de leurs bourreaux du soir, Earvin Ngapeth.
La liesse s’est alors emparée une dernière fois de l’Arena Paris Sud, la France, assurée d’une deuxième médaille de suite, tentera d’être le troisième pays, après feu l’URSS (1964 et 1968) et les Etats-Unis (1984 et 1988) à conserver son titre olympique, on se pince parfois pour y croire. « C’est dingue, c’est un rêve, commentera d’ailleurs Earvin Ngapeth. Défendre son titre olympique à la maison, c’est quelque chose d’incroyable, on va avoir la chance de pouvoir le faire. Ce soir, on va un peu profiter, mais à partir de demain, c’est préparation de cette dernière bagarre. » Qui aura donc lieu samedi à l’heure du déjeuner contre la Pologne, tombeuse des Etats-Unis 3-2 et qui disputera quant à elle sa première finale depuis son unique titre, en 1976.
Les réactions : Andrea Giani, sélectionneur de l’équipe de France : « Je suis très fier de mon staff et de mes joueurs qui m’ont donné un cadeau incroyable ce soir. Pourquoi ? Parce que nous avons gagné cette demi-finale contre une équipe de très haut niveau, l’Italie, mon pays. Ce soir, c’était trois sets d’un niveau incroyable. L’émotion est grande, j’avais demandé aux joueurs avant le match de mettre de la pression sur l’Italie dès le premier point du match, au service, au bloc, en défense. Pendant le premier set, nous avons très bien joué, et quand nous avons commencé à être meilleurs sur les transitions, nous avons creusé l’écart. Au deuxième set, nous avons eu un moment de difficulté quand Alessandro Michieletto a très bien servi, mais nous avons fait preuve de patience, nous sommes restés concentrés sur les balles hautes et nous avons à notre tour signé des aces. Et au troisième, nous avons continué à leur mettre une grande pression, l’Italie n’a pas trouvé de solution à notre niveau de jeu. L’année dernière, nous avions la meilleure réception et la meilleure défense du monde, mais pour gagner des matchs de haut niveau, tu as besoin de l’attaque, du bloc et du service, donc nous avons fait une planification pour élever notre niveau dans ces trois secteurs de jeu. Je suis content du niveau qu’ont montré les joueurs, ils ont compris l’importance de progresser dans ces domaines, ils ont aussi compris qu’il fallait respecter une certaine discipline sur et en dehors du terrain. Nous avons des joueurs créatifs, mais la discipline est importante, c’est important de réussir à combiner les deux. » Jenia Grebennikov, libéro de l’équipe de France : « C’est incroyable de se qualifier pour une finale olympique, le fait de jouer devant ton public, tes amis, ta famille, ça procure des émotions dingues, parce qu’on n’a pas l’habitude de jouer à la maison, surtout sur des grosses compétitions comme ça, c’est un truc de malade. Je ne réalise pas encore, après Tokyo, on parlait de défendre notre titre, on est en train de tout faire pour réaliser cet objectif, mais on parlera de la finale demain, parce qu’on veut savourer cet exploit incroyable contre l’Italie qui est un gros cador dans le monde du volley. En plus, on fait un énorme match dans tous les secteurs, on les a mis tout de suite en difficulté, ils n’ont pas pu faire grand-chose, ils n’ont jamais trouvé le rythme, on voyait qu’il y avait très peu de communication entre eux, on les voyait tête baissée et nous, on n’a pas lâché le morceau. Le fait que le public nous pousse aide énormément, c’était vraiment fort, c’est indescriptible ce qu’on est en train de vivre. On a réussi à les faire déjouer sur leurs bases, en faisant un peu le show, en jouant à la française, et on est restés concentrés, on se parlait entre chaque point, c’était important, parce qu’on ne voulait pas les laisser revenir comme ils l’ont fait contre le Japon, on voulait se battre sur chaque point pour ne pas les laisser espérer. En réception, il fallait aussi rester très concentré, parce qu’ils ont de gros serveurs, c’est un fondamental à garder pour battre des équipes comme ça. C’était ouf, ça a été une heure et demie de concentration totale, et franchement, ça fait la différence. » Jean Patry, pointu de l’équipe de France : « On prend du plaisir à fond, on a cette chance d’avoir les Jeux à la maison et d’avoir ce public derrière nous qui nous pousse, ça permet d’effacer la pression, on ne pense pas vraiment à ce qu’on a fait avant, mais à ce qu’on est en train de faire. On sait que ce genre de chose, ce n’est qu’une fois dans une vie, donc on a envie d’en profiter. Sur tous les matchs, je m’attends à être freiné, défendu, bien analysé, je sais que c’est compliqué, mais ce que je retiens, c’est que les deux autres à côté, Earvin et Trévor, sont là et font un boulot incroyable, donc je suis vraiment content. Franchement, je ne réalise pas trop que je vais jouer une deuxième finale olympique de suite, j’ai juste l’impression de sortir d’un match où on a pris un plaisir énorme, j’avoue que j’ai un peu oublié l’enjeu, mais c’est sans doute mieux comme ça, ça permet de se transcender. Mais effectivement, une deuxième finale olympique, ça fait quelque chose, je suis surtout content parce qu’on va avoir un match de plus avec tout ce public, on a assuré une médaille, maintenant, on va aller chercher la plus belle, si on continue à kiffer comme ça sur le terrain, je pense qu’on peut le faire. »