OMNISPORTS : Activité physique dans les écoles et santé des enfants
L’Organisation Mondiale de la Santé classe la France 119e sur 146 pays testés sur les niveaux d’activité physique de leur jeunesse.
Ce constat alarmant, qui se vérifie dans l’enfance, à l’adolescence puis chez les adultes, engage notre responsabilité collective, a fortiori à moins de deux ans de l’accueil par la France du plus grand événement sportif planétaire que constituent les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Présentation de l’étude « Inverser les courbes »
« Inverser les courbes » est une étude inédite menée en 2022 sur les capacités physiques des collégiens français et les effets d’un entraînement individualisé. Face aux données alarmantes sur les méfaits de la sédentarité et de l’inactivité physique sur la santé, l’objectif de cette étude a été d’évaluer l’efficacité d’un programme d’activité physique individuellement adaptée, de courte durée, sur le niveau de capacité physique des collégiens. Avec l’idée d’inverser la courbe relative au capital santé des jeunes, qui se dégrade depuis 50 ans. Elle est portée par le collectif « Pour une France en forme ». L’investigateur coordonnateur de l’étude est le Professeur François Carré, physiologiste cardiovasculaire et cardiologue du sport au sein du CHU Pontchaillou, à Rennes. Le financement de l’étude a principalement été assuré par la Fondation Matmut Paul Bennetot, qui œuvre dans le domaine de la recherche médicale appliquée, sous l’égide de la Fondation de l’Avenir. L’étude bénéficie également du soutien de la Fédération Française de Cardiologie et du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. Paris 2024 est aussi associé au projet de l’étude. Elle a été réalisée dans trois régions, soit, la Bretagne, la région Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France
Principaux enseignements de l’étude « Inverser les courbes »
Le suivi de la capacité physique des adolescents avait noté une nette diminution entre 1971 et 2011 (baisse de 0,5 % par an, en moyenne, de la VO21 max.). La crainte était réelle, au moment du lancement de l’étude, que la capacité physique, donc le capital santé, des adolescents actuels soit encore plus diminuée avec un risque de raccourcissement de leur espérance de vie par rapport à celle de leurs parents. Premier enseignement de l’étude « Inverser les courbes », menée sur 6 321 collégiens de classe de 6e – 3 098 filles et 3 223 garçons – ayant suivi l’ensemble du protocole (qui s’est appuyé sur le test navette, une méthode de référence) : la dégradation de la capacité physique évaluée par la Vitesse Maximale Aérobie (VMA), filles comme garçons, depuis 35 ans (entre 1987 et 2022) est confirmée. Deuxième enseignement, les améliorations de la capacité physique sont observées dans les 3 régions étudiées. Nous savons que les niveaux d’inactivité physique et de sédentarité sont négativement corrélés au niveau socio-économique des populations
Troisième enseignement, sûrement le plus important : après la phase d’entraînement individualisé réalisé en groupe lors des cours d’EPS (deux fois 15 minutes par semaine, pendant 6 semaines), l’amélioration de la capacité physique – directement corrélée à l’espérance de vie – est de 1,96 % en moyenne dans le groupe d’enfants n’ayant pas bénéficié de cet entraînement spécifique et de 4,64 % pour le groupe entraîné. Soit un différentiel de +235 % ! (+256 %pour les filles, +226 % pour les garçons). En synthèse, la capacité physique des adolescents a continué à baisser entre 1987 et 2022 ! C’est-à-dire améliorer rapidement leur capital santé, avec une activité physique individualisée et réalisée en groupe.
« Nous devons tous prendre conscience que nous sommes aujourd’hui face à un tsunami sociétal d’inactivité physique et de sédentarité, qui représente un véritable enjeu de santé publique y compris pour la jeunesse. En effet la capacité physique – qui représente le capital santé d’un sujet – des enfants et adolescents baisse régulièrement. Les jeunes sont de plus en plus touchés par des maladies qui étaient auparavant une exclusivité de l’adulte. Le collectif « Pour une France en forme » a décidé de s’emparer du sujet. Il a réalisé, entre septembre et novembre dernier, une étude inédite intitulée « Inverser les courbes » chez plus de 7 000 collégiens de 10 à 12 ans. Ses premiers résultats ont confirmé leur très faible niveau de capacité physique. Mais surtout, ils montrent qu’il est possible d’inverser rapidement cette courbe en incluant une activité physique individualisée de courte durée dans les cours d’éducation physique habituels. Profitons de la prochaine tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques, dans l’hexagone, pour faire passer ce message au plus grand nombre et pour agir vite et efficacement pour la santé de nos enfants. »
François Carré Cardiologue et médecin du sport au sein du CHRU Pontchaillou, à Rennes Membre du collectif « Pour une France en forme » Investigateur coordonnateur de l’étude « Inverser les courbes »