LA SOLITAIRE : « Ici naissent les légendes »
Alors que le départ de la Solo Concarneau a été donné hier à 15h00, dernier rendez-vous avant La Solitaire URGO Le Figaro, la plupart des skippers ont déjà pu s’étalonner lors de deux épreuves du début saison : la Sardinha Cup en double à Saint-Gilles-Croix de Vie et la Solo Maître CoQ aux Sables d’Olonne.
Incontestablement le nouveau Figaro Bénéteau 3 apporte un nouveau souffle à l’occasion de sa 50e édition de la plus âpre des courses en solitaire…
« Il vaut mieux être au bon endroit qu’aller vite au mauvais endroit ! »
Corentin Douguet résume parfaitement la problématique de cette 50ème Solitaire URGO Le Figaro à l’issue de l’épreuve sablaise : le nouveau Figaro Bénéteau 3 est bien plus exigeant que ses deux prédécesseurs monotypes !
D’abord parce qu’il est équipé de foils et que ceux-ci imposent une bonne pratique pour appréhender les angles d’incidence favorables selon les allures et la force de vent, mais aussi la quantité de rentrée ou de sortie de cet appendice…
Ensuite parce que tous les skippers doivent remettre à plat leurs habitudes acquises par des années de Figaro 2 ou découvrir les subtilités de la régate à armes égales pour les novices. Enfin parce que ce nouveau support dessiné par le cabinet VPLP est bien plus sollicitant avec son grand spinnaker asymétrique de 128 m2 (au lieu de 90 m2 auparavant) et sa voile supplémentaire, un gennaker.
Changement de braquet
« La grosse différence entre le monotype 2 et le 3, c’est le nombre de voiles embarquées puisqu’on dispose d’un gennaker en plus. Cela change fondamentalement les angles de navigation et donc les trajectoires possibles et les vitesses. Le Figaro Bénéteau 3 est aussi plus puissant de carène avec en sus des foils qui permettent de sustenter le bateau à partir de 12 nœuds de vitesse… » indique Martin Le Pape, vainqueur de la grande course au Sables d’Olonne.
De fait, les solitaires ont désormais plusieurs paramètres nouveaux à gérer et si les courses préliminaires ont démontré que la flotte restait très groupée sur les mêmes traces, les tronçons proposés jusqu’ici étaient suffisamment courts pour limiter les grandes options stratégiques.
Et donnée importante à ce jour : les six manches courues se sont essentiellement déroulées dans du vent médium et de petits airs…
Or la 50ème édition de La Solitaire URGO Le Figaro propose surtout lors des deux premières étapes (Nantes-Kinsale via Bourgenay et Kinsale-Roscoff via l’île de Man) de grands tronçons de plus de 300 milles en eaux libres !
Il y aura donc début juin au départ de Nantes beaucoup plus d’opportunités de se démarquer surtout que le Figaro Bénéteau 3 est nettement plus véloce dès que la brise est au rendez-vous.
Et le nouveau monotype est aussi bien plus exigeant, non seulement en termes de présence sur le pont pour régler les foils et adapter le plan de voilure, qu’à la barre. Le choix d’une trajectoire rapide mais moins directe vers le but pourrait alors être payante à long terme…
De l’expérience acquise
Avec 49 partants le 2 juin prochain, cette Solitaire URGO Le Figaro est donc particulièrement ouverte car s’y mêlent afficionados de la course, précédents vainqueurs, adeptes du monocoque ou du trimaran à foils, novices, spécialistes de la voile légère et équipiers recherchés.
Et de fait, les résultats préparatoires laissent augurer de belles batailles mais aussi de grandes surprises : les six manches de Saint-Gilles-Croix de Vie et des Sables d’Olonne ne permettent pas de définir la moindre hiérarchie et les classements ne révèlent pas toujours ce qui s’est déroulé sur l’eau !
Certes les solitaires qui ont déjà la pratique du foil et ceux qui ont pu enchaîner les entraînements depuis la sortie du Figaro Bénéteau 3 en janvier dernier, possèdent un petit cran d’avance… Mais il y a encore plein d’incertitudes sur le choix des profils de voile et sur le comportement de certains dans la mer formée et le vent fort.
Entre les « anciens » tels Alain Gautier, Michel Desjoyeaux ou Loïck Peyron qui remettent le couvert, entre les « revenants » tels Armel Le Cléac’h, Jérémie Beyou, Fabien Delahaye ou Morgan Lagravière, entre les habitués du circuit comme Yann Éliès, Xavier Macaire, Adrien Hardy, Alexis Loison, entre les spécialistes de la voile olympique tels Pierre Le Boucher, Achille Nebout, Pierre Quiroga, et la nouvelle génération comme Lois Berréhar, Tanguy Le Turquais, Benjamin Schwartz… difficile de se faire une idée précise du scénario de cet été ! Les premières explications sur l’eau ne sont pas suffisantes pour écrémer cette flotte pléthorique de possibles vainqueurs.