VOILE : Suivre en direct la santé de Damien Seguin – Groupe APICIL à bord du Vendée Globe
Cette année, Damien Seguin et l’IMOCA Groupe APICIL embarquent à bord des capteurs biométriques pour mesurer la santé du skipper pendant la course.
Utilisés en médecine, ils permettent d’identifier des facteurs qui influencent la performance en mer comme le sommeil, l’hydratation ou l’oxygénation du sang. Tout est consultable en direct.
Tout part d’un constat partagé par tous les marins navigants sur des IMOCA dotés dorénavant de grands foils : les conditions de vie à bord deviennent vraiment difficiles. « Sur les dernières courses, notamment Retour à La Base fin 2023, nous sommes arrivés éreintés, après avoir subi des traumatismes assez importants surtout à cause des chocs et du sifflement constant dans la cabine. C’est à l’issue de cette épreuve que le projet d’embarquer des capteurs biométriques sur le Vendée Globe a mûri. La sécurité des marins devient une préoccupation majeure. » Damien Seguin, skipper de Groupe APICIL.
De fait, la surveillance d’un skipper pendant une épreuve au long cours peut permettre d’envisager des risques particuliers et de les prévenir. Des enjeux en phase avec les missions du Groupe APICIL, qui accompagne en tant que groupe de protection sociale, les entreprises, les particuliers et les indépendants.
« La problématique de la réduction des risques et de la bonne compréhension des gradients de santé est primordiale pour nous, c’est notre cœur de métier historique. » confirme Damien Dumas, directeur général adjoint du Groupe APICIL. « En temps normal, on fait des mesures avant, puis après la course, sur le poids et la masse graisseuse par exemple. Mais pendant la course, on dispose finalement de très peu d’informations. C’est intéressant de se plonger sur ce sujet, il fallait des capteurs fiables, donc des instruments de mesure qu’on utilise en médecine. Nous avons réfléchi à des solutions réalisables, pas trop contraignantes pour Damien. »
Cette étude a été mise en place en partenariat avec la clinique du Ter à Lorient et portée par Bérénice Charrez, Ingénieure biomédicale et navigatrice. Pour répondre à la problématique de non-assistance, la direction de course a validé ce projet.
« Le corps humain est exposé à une combinaison de facteurs de stress environnementaux qui affectent la prise de décision, la vigilance, et la performance. L’un des objectifs de l’étude, c’est de pouvoir développer une sorte de score de fatigue ou de perte de vigilance. Les skippers pourraient avoir accès à ces données de la même manière qu’ils ont leur vitesse ou le cap en direct. Cela permettrait aussi de diminuer les accidents à bord en permettant aux marins de savoir quand ils doivent aller dormir, se nourrir ou combien d’eau est-ce qu’ils ont perdue. » Bérénice Charrez, Ingénieure biomédicale.
« SI LES SKIPPERS SE BLESSENT MOINS ET SE REPOSENT MIEUX…LES BATEAUX IRONT PLUS VITE. »
Parti des Sables d’Olonne depuis un mois, Damien remplit chaque jour ces fiches interactives pour la science donc, mais aussi le grand public, qui profite d’une occasion unique de découvrir les défis physiques et humains auxquels sont confrontés les skippers sur cette course mythique.
« Forcément, ça me demande du travail, mais je fais au mieux. Les investissements que cela nécessite sont bien plus faibles que les bénéfices qu’on en tirera par la suite. Ce laboratoire à grande échelle que représente le Vendée Globe permettra à l’avenir de mieux se préserver des traumatismes qu’on peut subir sur nos bateaux. Cela jouera indirectement sur la performance sportive car si les skippers se blessent moins et se reposent mieux, les bateaux iront plus vite. » Damien Seguin, skipper de Groupe APICIL.
Ces données, accessibles 4h après les réponses de Damien, reposent sur neuf indicateurs sélectionnés en amont : la température corporelle, la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil, l’oxygénation du sang, la tension artérielle, la perception du bruit, l’apport nutritionnel, le bilan hydrique et l’état de l’humeur.
DÉJÀ DES PREMIERS RÉSULTATS
Pour Jean-Marc le Gac, médecin urgentiste à la clinique du TER à Lorient, et qui analyse ces données quotidiennement, il note déjà quelques points importants après plus d’un mois en mer.
« Il y a des variations en fonction de l’état de la mer, ou en fonction du bruit à bord. J’ai superposé les courbes et on voit que c’est assez important. Quand la mer est compliquée, qu’il y a plus de bruit, plus de fatigue, alors les mauvaises décisions arrivent. Aussi, nous avons mis en place une échelle de douleurs entre 0 et 10 et je vois quand même beaucoup de 4 de 5. On sent que c’est une épreuve vraiment physique avec des douleurs au thorax, au dos. »
En combinant technologie de pointe et suivi médical, cette initiative ouvre de nouvelles perspectives pour améliorer la sécurité, la performance et le bien-être des marins. Ces facteurs peuvent aussi servir aux médecins des courses avec une surveillance continue sur le marin.
En apportant des solutions concrètes et innovantes, Damien Seguin et le Groupe APICIL participent ainsi à une révolution silencieuse, visant à préserver la santé des skippers tout en optimisant leurs performances.