VOILE : Le Trimaran SVR Lazartigue s’est élancé à la conquête du Trophée Jules Verne
Avec son équipage de cinq hommes et une femme, le Trimaran SVR-Lazartigue, skippé par François Gabart, a entamé ce samedi sa tentative du Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage, sans escale et sans assistance.
Après une nuit d’observation des fichiers météos, la ligne de départ tracée entre le phare de Créac’h sur l’île d’Ouessant et le Phare du cap Lizard, a été franchie samedi à 7h51min38s (utc). Objectif, revenir avant 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes, le record établi en 2017 par Francis Joyon et son équipe.
« À début janvier ! » François Gabart a fixé le rendez-vous. Vendredi, en début d’après-midi, les six marins avaient largué les amarres à Concarneau, port d’attache du Trimaran SVR-Lazartigue, devant un public venu en nombre pour dire au revoir. Avec beaucoup d’émotion. Forcément. Après une nuit passée à proximité de la ligne de départ à observer les fichiers météorologiques afin d’optimiser l’heure du déclenchement du chrono, le trimaran s’est élancé, à 7h51min38s (utc). Déjà détenteur du record du tour du monde en solitaire en 42 jours (décembre 2027), François Gabart et son équipage ont entamé le défi ultime : tenter de décrocher le record à la voile le plus mythique, le Graal. Obtenir le Trophée Jules Verne, c’est en effet devenir le bateau le plus rapide autour de la planète et écrire une des plus belles pages de l’histoire de la course au large.
Depuis la mise en place officielle du stand-by, le lundi 18 novembre, tous les regards scrutaient l’évolution des conditions météorologiques dans l’atlantique nord. Avec l’espoir de voir s’ouvrir une fenêtre favorable pour lancer cet incroyable défi. Elle s’est ouverte en cette fin de semaine. « Il y a quelque chose à tenter, avait alors noté François Gabart. Ce sera un départ au près dans un vent fort et surtout une mer très forte. Une fois ces conditions musclées franchies, ça déroule très bien jusqu’à l’équateur voire plus. ». Le code orange (départ possible dans les 72 heures) avait été enclenché jeudi. Puis l’orange est passé au vert (départ imminent), ce vendredi, en milieu de matinée. « Nous avons une fenêtre qui n’est pas simple mais les records sont faits pour être tentés, commente le skipper. Je suis très heureux de pouvoir tenter ce record avec cette équipe et ce bateau. C’est le fruit du travail de toutes ces années. Pour réussir ce défi, il faut un bon bateau et nous l’avons avec le Trimaran SVR-Lazartigue. Il a du potentiel et arrive à maturité. Il faut aussi une bonne équipe et nous l’avons aussi que ce soit l’équipage à bord où l’équipe à terre, sans oublier un peu de chance et nous allons tout faire pour la saisir. Même si je continuerai à naviguer, c’est probablement mon dernier tour du monde en course ou en record, et je suis très heureux de le faire dans ces conditions. Nous savons qu’il y aura forcément de la casse, j’espère juste que ce sera de la petite casse. On ne peut pas faire un tour du monde à la voile sans avoir des petits ennuis. Il faudra être capable de les gérer pour maintenir la performance du bateau. Ce serait extraordinaire de passer sous la barre des 40 jours. L’objectif c’est de faire voler le Trimaran SVR-Lazartigue du début à la fin de ce tour du monde. Si nous y parvenons, nous aurons rempli notre mission. »
Partie le dimanche 10 novembre, la flotte des IMOCA du Vendée Globe pourrait bien voir passer le grand bateau bleu. « Si nous sommes dans les bases du record, c’est probable, confirme le skipper. Après avoir suivi la course à terre, nous allons la suivre en mer. Même si les marins du Vendée Globe sont partis vite, il y a des chances que nous les doublions dans les mers du sud ou dans l’Atlantique sud au retour. C’est sympa de voir qu’il se passe plein de choses en ce moment en course au large autour de la planète. »
Parti, il y a un peu moins d’un an en solitaire sur le Trimaran SVR-Lazartigue sur l’Arkéa Ultime Challenge (première course autour du monde en solitaire pour les Ultim), mais contraint de renoncer à la suite d’une avarie majeure dans l’Atlantique sud, Tom Laperche se réjouit également de ce nouveau départ. « L’hiver dernier, le tour du monde s’est arrêté trop tôt, note-t-il. C’est génial de repartir en équipage. Ce trophée Jules Verne représente un des défis historiques de la voile, il est très important dans une carrière de course au large. J’ai des souvenirs incroyables des mers du sud alors y retourner en équipage, ça donne envie. Nous formons tous les six une belle équipe avec l’envie d’aller le plus vite possible autour de la planète. Le bateau a été conçu pour ça. En course au large, il y a toujours le dilemme entre vouloir appuyer sur l’accélérateur et gérer le bateau. A nous d’être bons en termes de stratégie et de savoir quand ça vaut le coup d’aller très vite. C’est une aventure humaine mais il faut aussi gérer la mécanique sur 40 jours à l’échelle de la nature et de la planète. Nous partons pour naviguer à fond en équilibre sur les océans pendant 40 jours. On espère même un petit peu moins… » Pour y parvenir, il faudra donc revenir avant vendredi 10 janvier 2025 à 7h51min38s (utc).