VOILE : Vendée Globe – L’Occitane Sailing Team, tenir la cadence jusqu’à Bonne-Espérance
Dans l’Atlantique Sud depuis son passage de l’équateur, vendredi 22 novembre, Clarisse Crémer s’est illustrée en faisant partie du « bon paquet », parvenu à attraper la queue d’une dépression au large du Brésil, synonyme de descente express jusqu’à la pointe africaine.
Après une semaine de vitesses affolantes au compteur et désormais « débarquée » par ledit front, la skipper de L’Occitane en Provence doit désormais composer avec des conditions plus clémentes, mais où la stratégie et la nécessité du bon positionnement n’en seront pas plus reposantes !
Embarquement immédiat vers l’Afrique du Sud
L’équateur dépassé et célébré en bonne et due forme, thé chaud et carotte en guise d’offrandes – en l’absence d’alcool à bord et en présence de Jimmy la peluche aux grandes oreilles oblige -, Clarisse Crémer savait qu’il ne faudrait pas traîner si elle souhaitait rester accrochée au peloton de tête qu’elle tenait depuis sa remontée fulgurante au Pot-au-Noir. Car le « train » pour un trajet direct vers le cap de Bonne-Espérance ne passerait pas deux fois. C’est donc à une moyenne de plus de 20 noeuds de vitesse qu’elle cravachait, deux jours durant, pour s’assurer d’avoir sa place sur le toboggan et d’être ainsi poussée par les vents le plus longtemps possible. Une véritable prouesse d’équilibriste, à près de 30 noeuds constants, à se recaler constamment afin de ne pas se faire éjecter de l’étroit couloir de vents favorables et de voir filer ses concurrents. « Ce bateau est assez fou », confiait-elle, casque de protection vissé sur la tête, contrainte également de slalomer, toujours à fond, entre des filets de pêche largués par un navire chinois. Une bonne dose de sueurs froides entre deux surfs endiablés, lors desquels la vie à bord était particulièrement inconfortable. Mais Clarisse a tenu bon, bien accrochée à une 12e place plus que respectable.
Mers du Sud, la voilà !
Bien placée au sein du groupe de « poursuiveurs », la skipper de L’Occitane en Provence s’offrait même une temporaire 11e place mercredi, en prenant le meilleur sur Justine Mettraux, avant de voir le tout récent Malizia de Boris Herrmann revenir telle une bombe dans son rétroviseur. Ce vendredi matin, après une semaine somme toute monotone, à toute vitesse sur le même bord, semblable à « un défilé interminable de jours en mer » passés à encaisser, la navigatrice avouait ne pas être mécontente de pouvoir lever un peu le pied. « Il s’agirait de ne pas oublier que l’on s’apprête à traverser deux océans pas réputés pour être commodes » rappelait-elle dans un message du bord, regrettant tout de même s’être fait « débarquée par le front » avant d’atteindre Bonne-Espérance.
« Les vitesses sont un peu moins efficaces, et les grattages de cervelle pour trouver la bonne trajectoire vont se faire un peu plus intensifs » analyse-t-elle alors, d’ores et déjà appliquée – en marge d’une opération anti-dreadlocks rondement menée – à tirer quelques petits bords de recalage en prévision de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui s’installe au Sud de sa route. Un bref moment de répit où il faudra tout de même parvenir à conserver du vent convenable, tout en contrôlant son adversaire suissesse dans une lutte infernale aux empannages. Et en profiter pour de derniers contrôles avant de cocher le premier passage des trois caps, de retrouver les mers du sud et d’honorer son rendez-vous avec la prochaine dépression, en milieu de semaine prochaine. « Pour l’instant je me réjouis d’être là où je suis et je dois vous avouer que je suis même un petit peu fière de me sentir comme je me sens. Je suis là et j’avance, c’est tout ce qu’il me faut. »