VOILE : Finistère Atlantique – Dorsale et arrêt en vue
Après un peu plus de 24 heures sur la Finistère Atlantique, la tête de la flotte, emmenée dimanche après-midi par le Maxi Banque Populaire XI, évolue déjà au large du Portugal, après avoir passé le gros de la dépression qui l’attendait au large du cap Finisterre.
Les prochaines heures devraient donner lieu à un ralentissement dans une dorsale anticyclonique, tandis que SVR-Lazartigue, grand-voile déchirée, a prévu une escale à Cascais.
Du mou pour quitter Concarneau, un bord de reaching plein pot pour dévaler le golfe de Gascogne en quelques heures, un premier front au cap Finisterre, une avarie à déplorer sur SVR-Lazartigue et une dorsale anticyclonique qui pourrait provoquer un regroupement la nuit prochaine… Le début de la Finistère Atlantique propose décidément un scénario bien animé !
Parvenus à toucher du vent samedi en fin de journée, les cinq ULTIM® se sont d’abord offert une folle cavalcade dans le golfe de Gascogne qui leur a permis de se présenter dimanche matin au large des côtes espagnoles. Il leur a fallu à ce moment négocier un passage de front, avec 30-40 nœuds de vent pile dans l’axe de leur route et une mer formée (4 mètres), des conditions qui ont rudement secoué les organismes. « Je ne vous cache pas que ça n’a pas été ma meilleure nuit en bateau, on a eu 35-40 nœuds bien établis pendant quelques heures, a ainsi commenté Julien Villion, sur le Maxi Edmond de Rothschild. On a un peu calmé le jeu en fin de nuit au passage du front pour que ça ne s’emballe pas trop, parce que ça tapait dans tous les sens. Mais l’avantage de ces grands bateaux, c’est qu’on n’a qu’un front à passer avant de mettre le clignotant au sud et d’aller vers le soleil. »
Ces conditions musclées ont conduit SVR-Lazartigue (François Gabart) puis Actual Ultim 3 (Anthony Marchand) à opter pour un passage à l’intérieur du DST (dispositif de séparation du trafic) du cap Finisterre, à la fois pour raccourcir la route, mais aussi pour franchir le nord-ouest de la péninsule ibérique dans des conditions plus maniables. Ce qu’a confirmé Anthony Marchand : « Nous avons choisi de raser la côte au plus près, pas seulement pour s’abriter, mais aussi parce qu’on pense que c’est mieux pour la suite. Il nous semble un peu risqué de passer à l’extérieur car après le front, une molle est prévue et on préfère éviter de tomber dedans. »
A une quarantaine de milles devant les étraves d’Actual Ultim 3, l’équipage de SVR-Lazartigue a eu dimanche au petit matin la désagréable surprise de constater que la grand-voile du trimaran bleu était déchirée. « Alors que nous avions pris la décision d’une trajectoire proche de la côte espagnole pour ne pas avoir trop de vent – nous naviguions avec un ris dans la grand-voile et J3 (l’une des plus petites voiles d’avant, ndr), avec un vent de 28-30 nœuds et moins de vagues de face en étant tribord amure -, nous avons vu que la grand-voile était largement déchirée au niveau du renfort d’amure du premier ris, a raconté François Gabart. Nous avons rapidement pris le deuxième ris, depuis, on navigue un peu sous-toilé, toujours au près. Le vent va remollir dans les heures qui viennent, on va faire un état des lieux, mais a priori, c’est difficile de naviguer avec cette voile jusqu’à Antibes. On est donc en train de réfléchir avec l’équipe pour voir comment on pourrait récupérer notre première grand-voile en faisant une escale, probablement sur la côte portugaise. »
La décision a finalement été rapidement prise, l’équipage de SVR-Lazartigue ayant annoncé à la direction de course qu’il avait l’intention de s’arrêter lundi matin à Cascais, à côté de Lisbonne, pour récupérer cette grand-voile apportée par son équipe technique, qui a pris la route dimanche matin, et repartir ainsi dans les meilleures conditions possibles vers Antibes. Cet arrêt au stand risque d’être un peu coûteux en temps, même s’il va coïncider avec un gros coup de frein pour la flotte, menée dimanche après-midi par le Maxi Banque Populaire XI, avec sur ses talons le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier), SVR-Lazartigue -qui, avec deux ris dans la grand-voile, reste compétitif tant qu’il y a encore du vent-, et Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville), tandis qu’Actual Ultim 3 suit à une cinquantaine de milles.
« Ils vont commencer dès cet après-midi à sentir les prémisses de la dorsale anticyclonique qui se dresse sur leur route avec un vent qui va peu à peu mollir. Pour eux, l’enjeu sera de trouver le meilleur endroit pour la traverser », explique le directeur de course, Francis Le Goff. Ce que confirme Sébastien Josse, à bord du Maxi Populaire XI : « Le vent va mollir, on va avoir pas mal de manœuvres à faire pour traverser cette zone, ça va être presque un nouveau départ car tout le monde devrait se rapprocher. »
Comme l’indique le vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2023, cette dorsale devrait provoquer un tassement de la flotte qui risque d’y passer une dizaine d’heures, avant de négocier l’approche du détroit de Gibraltrar, qui, là encore, s’annonce bien compliquée d’un point de vue météo, et donc stratégique. On ne s’en plaindra pas !