EQUITATION : CHIO Aix-la-Chapelle – Grand Prix Rolex, nouvelle victoire allemande
Gagner le Rolex Grand Prix d’Aix-la-Chapelle dans ce stade mythique de la Soers, devant cette foule immense (plus de 40 000 spectateurs aujourd’hui), un des rares Grand Prix en deux manches justifiées par le million cinq cent mille euros de dotation, c’est là, avec une médaille d’or olympique, l’un des deux plus grands rêves de tout cavalier de saut d’obstacles.
Un graal qu’a atteint cet après-midi l’Allemand André Thieme (49 ans) avec sa formidable jument de 14 ans, DSP Chakaria.
Treize obstacles, dont deux doubles et un triple, répartis sur 600 mètres, telle était l’équation de la première manche tout de suite résolue par l’Argentin José María Larocca (Abril Iconthon) parti en n°2, immédiatement suivi par le n°4 qui n’était autre que le vainqueur de l’an dernier, Marcus Ehning, non pas avec Stargold, mais cette fois-ci en selle sur Coolio 42. Mais après, les sans-faute se sont fait plus rares puisqu’il a fallu attendre quinze autres chevaux avant de revoir un parcours parfait, celui du Selle français Denver de Talma avec l’Italien Lorenzo de Luca. Les fautes se répartissaient un peu partout, même si le triple et surtout l’ultime oxer Rolex se sont montrés particulièrement impitoyables (huit fautes notamment sur ce dernier).
Finalement, ils ne seront que neuf sans-faute : c’était parmi ceux-ci que se trouvait le vainqueur.
Côté Français, petite déception pour FX Boudant, pourtant pronostiqué comme cinquième favori à la victoire dans le guide de présentation de ce Rolex Grand Prix : deux fautes de Brazyl du Mezel, dont l’inévitable dernier oxer, tandis que Kevin Staut gagnait le droit de repartir en seconde manche malgré une faute de Visconti du Telman… sur le dernier obstacle !
André Thieme : un rêve accompli.
Le jeu de cette seconde manche pour les « 4 points » comme Kevin Staut était de boucler ce deuxième parcours (12 obstacles, un double et un triple sur 505 m) le plus rapidement possible et sans faute pour essayer de remonter dans le classement. Ce que le Français a parfaitement réussi et le sans-faute rapide de Visconti lui a permis d’atteindre une très honorable septième place.
Pour les neuf sans-faute de la première manche, il s’agissait de doubler la mise pour atteindre le barrage. Quatre d’entre eux y sont parvenu : l’Américain McLain Ward (Ilex), le Suisse Martin Fuchs (Leoni) et les Allemands Richard Vogel (United Touch S) et André Thieme (DSP Chakaria). Bataille à quatre où aucun n’a cherché à tergiverser… Ils ont tout donné. Sans repère, McLain Ward signait un chrono de référence. Fuchs l’améliora, mais au prix d’une barre sur le pénultième obstacle, un oxer aux couleurs de Mercedes-Benz.
Tendu depuis le début de la semaine par la quatrième place qu’il restait à prendre dans l’équipe olympique, André Thieme a relâché la pression qu’il s’était mise en apprenant, après son double quatre points dans la Coupe des Nations, qu’il ne serait pas du voyage à Versailles : « J’étais trop focalisé sur cet objectif et je n’étais plus moi-même. Quand j’ai compris que je ne serai que le cinquième homme de l’équipe, je me suis senti soulagé, je me suis retrouvé. Ma femme m’a lancé : « maintenant, tu oublies les Jeux et tu montes pour toi… et pour l’argent » (rires) ». Alors, ce grand cavalier de 1 m89 qui a également monté en dressage au haut niveau, a envoyé Chakaria sans complexes et sans arrière-pensée sur le tour très galopant signé Frank Rothenberber pour arrêter le chrono à 39″77, une seconde de mieux que l’Américain.
« Je dois ce barrage réussi à Steve Guerdat qui m’a dit : « vue la façon dont saute ta jument en ce moment, vas-y, avance, enlève des foulées », « mais je ne peux pas avec elle, c’est impossible », lui ai-je rétorqué, « tu as de grandes jambes », m’a-t-il répondu. Je n’ai pas enlevé de foulée alors que McLain avait pu le faire, mais ma jument galope vite et perd très peu de temps sur les barres, c’est ce qui a fait la différence. Je n’ai pas pu faire ce qu’il m’a dit, mais Steve m’avait mis en confiance ». Mais restait un certain United Touch S à venir. L’étalon de Richard Vogel n’a pas déçu, améliorant le chrono de Chakaria d’une bonne seconde (1″11) : bonheur du cavalier qui commence à brandir le point… avant que la barre verte et jaune de l’ultime vertical Rolex ne décide de tomber. Et Thieme rentrait dans l’histoire d’un sport avec une jument qu’il aime comme sa femme, avait-il confié à un journaliste. « Mais ma femme me comprend et l’aime beaucoup aussi, a-t-il tenu à préciser. Chakaria m’a déjà tellement donné, m’a fait vivre de tels grands moments, mais une victoire dans ce Rolex Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, c’est bien sûr au-dessus de tout. Déjà ici, l’an dernier, quand faisant partie de l’équipe de la Coupe des Nations, je devais absolument réaliser un sans-faute pour assurer la victoire de l’Allemagne, cela a été un moment fort en émotions, mais le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, chaque cavalier en rêve et la plupart ne s’en approche même pas. Si j’avais deux ans de plus, je dirais que je pourrais m’arrêter là-dessus ». (Rires). Heureusement, ce n’est pas le cas et André Thieme a certainement encore de belles aventures à vivre avec cette jument fantastique.
Lindt-Prize :
CDIO5* – Grand Prix Dressage of Aachen, Grand Prix Freestyle to Music
Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z IFCE battent leur record personnel et terminent quatrièmes. Isabelle Werth intouchable.
C’est un véritable exploit qu’a réalisé l’écuyer du Cadre noir de Saumur et incontestable leader de l’équipe de France de dressage, Pauline Basquin avec son cheval « Zangersheide » Sertorius de Rima Z, IFCE. Avec un score de 81,120 %, le couple bat son record personnel en Freestyle et accroche la quatrième place. « Je suis très contente de mon freestyle aujourd’hui, se réjouissait la cavalière française. C’est la deuxième fois que je le déroule et j’ai vraiment pris du plaisir aujourd’hui. Le public était extraordinaire et Sertorius fantastique ! C’est très émouvant de se sentir portée par le public de ce concours mythique » !
Un résultat que la France de dressage n’avait plus connu depuis la grande époque de Margit Otto-Crépin et Corlandus qui avaient triomphé ici en… 1987 et 1989 : Un autre siècle !
À peu près à la même époque, en 1992 exactement, Isabell Werth gagnait pour la première fois à Aix-la-Chapelle. Trente-deux ans et quatorze victoires plus tard, la jeune cavalière de 54 ans triomphe à nouveau, cette fois-ci en selle sur la Danoise Wendy de Fontaine, avec un impressionnant score de 89,095 % pour une jument qu’elle ne monte que depuis six mois !