AUTOMOBILE : A Nice, Table ronde – « La mobilité des Français à l’heure de la transition écologique, pouvoir d’achat et accessibilité »
À l’heure d’une nécessaire transition du parc automobile sur fond de tension du pouvoir d’achat, Roole, le club automobile au service de tous les conducteurs, lance son premier Observatoire sur la mobilité automobile des Français.
Depuis toujours, Roole s’engage auprès des conducteurs pour soutenir une idée forte : celle que la transition écologique doit se faire en préservant la mobilité de tous. Le défi climatique doit se conjuguer aux enjeux sociaux. Pour de nombreux Français, urbains, ruraux, péri-urbains, il n’existe pas d’alternative au véhicule personnel. Pour eux, vivre sans voiture c’est être privé de liberté, de vie sociale et de déplacements essentiels. Les Zones à Faibles Émissions – mobilité (ZFE-m), dont le déploiement a été renforcé par la Loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021, interdisent aux véhicules anciens de circuler dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, soit 43 concernées d’ici 2025.
La mise en œuvre de celles-ci représente un défi pour les collectivités territoriales et les métropoles mais aussi pour de nombreux citoyens concernés par la mesure, qui risquent de se trouver dans l’incapacité de circuler dans ces zones. Dans un contexte de profonde mutation des mobilités, comment les Français se déplacent-ils ? Ont-ils vraiment adopté les ZFE-m ? Connaissent-ils les technologies alternatives ? En ont-ils les moyens ? Quelle motorisation vont-ils privilégier lors de leur prochain achat ? Roole a interrogé plus de 25 000 Français – parmi ses membres et un échantillon représentatif constitué par IPSOS* – pour réaliser cette grande enquête, commentée par Yoann Demoli, sociologue des mobilités et maître de conférences à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
*Source : Enquête IPSOS réalisée du 23 au 26 septembre 2022, auprès d’un échantillon de 1000 Français âgés de 18 à 75 ans, représentatifs de la population nationale.
Les chiffres clés de l’enquête IPSOS pour Roole
- 9 Français sur 10 possèdent un véhicule (91%) : 81% en région parisienne et 97% dans les communes de moins de 20 000 habitants.
- • 88% des Français ont un véhicule thermique en véhicule principal (essence ou diesel) : 45% roulent au gazole, 43% à l’essence, 3% en hybride non rechargeable, 3% en électrique, 3% au super éthanol, 2% en hybride rechargeable et 1% au GPL.
- • Trajet domicile-travail : 61% des actifs/étudiants se déplacent en voiture individuelle, 20% sont passagers, 26% utilisent les transports publics, 8% se déplacent en 2 roues, et 23% en mobilité active (marche à pied, vélo, trottinette etc).
- • Moins de la moitié des Français juge l’offre de transports publics de proximité satisfaisante (48%).
- • 46% des Français qui possèdent un véhicule thermique ont prévu de la remplacer par un véhicule propre au cours des 2 prochaines années : 30% par un véhicule électrique, 28% par un véhicule hybride rechargeable, et 15% par un véhicule au super éthanol E85.
- • Le coût constitue un frein pour 74% des répondants qui n’ont pas l’intention de remplacer leur véhicule thermique : 33% ne disposent pas d’une borne de recharge à leur domicile ou leur travail.
- • 42% des Français ne connaissent pas la motorisation à l’hydrogène et près de 6 sur 10 (58%) ignorent ce qu’est le rétrofit.
- • 56% des Français reconnaissent ne pas savoir ce qu’est une ZFE-m.
- • Parmi les Français concernés par les ZFE-m, 33% prennent davantage les transports en commun, 29% privilégient la mobilité active, 18% ont/vont acheter une nouvelle voiture (25% en IDF) et 24% n’ont pas changé leurs habitudes.
- • Dans le cadre de la mise en œuvre effective ou annoncée d’une ZFE-m, 13% des Français reconnaissent qu’ils ne respecteraient pas l’interdiction de circuler, 15% ne se rendraient plus dans les agglomérations concernées par l’interdiction et 5% songeraient même à déménager.
- • Une grande majorité de Français (71%) se dit sensible aux enjeux environnementaux liés aux questions de mobilité. 51% sont prêts à prendre les transports publics, à covoiturer davantage (45%) sur leur trajet domicile-travail pour préserver l’environnement. En revanche, seuls 36% se disent prêts à payer davantage pour acheter une voiture dite propre et un peu plus d’un tiers seulement (35%) juge le bonus-malus écologique efficace.
« Deux éléments sont frappants dans ce sondage. Le premier est le magistère de la voiture. Contrairement aux idées reçues, la diffusion de l’automobile se poursuit et reste très importante, quel que soit le niveau de vie et le lieu de résidence. Que ce soit pour les trajets domicile-travail ou pour les trajets personnels (aller en courses, accompagner ou chercher des proches, …), la voiture reste le mode de transport privilégié des Français. Le deuxième est la grande méconnaissance entourant les Zones à Faibles Émissions – mobilité (ZFE-m) et les solutions de mobilité qui y sont liées. Moins de la moitié des Français reconnaît savoir ce que sont les ZFE-m, alors qu’elles concernent actuellement 11 métropoles et d’ici 2025, 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants ! La mise en place de ces nouvelles réglementations de circulation est susceptible de toucher presque l’intégralité de la population ; quand on lit que seule une petite moitié des Français qui possèdent un véhicule thermique ont prévu de le remplacer par un véhicule propre au cours des 2 prochaines années, on ne peut que craindre les frictions. La faille se creuse déjà : les chiffres de distribution des véhicules en fonction de leur vignette Crit’Air se révèlent extrêmement liés au niveau de revenus. Souhaite-t-on une France à deux vitesses ? C’est ce risque de fracture sociale que nous avons souhaité souligner avec ce premier Observatoire : il est nécessaire de considérer les besoins de toutes les catégories de population pour leur mobilité quotidienne, qui ne l’oublions pas est un facteur-clé d’insertion sociale et professionnelle. Les aides financières ne sont pas suffisantes, c’est toute la chaîne des acteurs de l’automobile qu’il faut mobiliser et sous plusieurs formes : échanges entre élus, fonctionnaires et citoyens, courriers, formation des concessionnaires et des réparateurs automobiles, etc. La transition écologique, oui bien sûr, mais à condition de ne laisser personne sur le bord de la route ! » David Tuchbant, Président de Roole.
Une dépendance à l’automobile très forte et quasi-généralisée
Le sondage rappelle que plus de 9 Français sur 10 possèdent un véhicule (91%), une proportion qui, de manière attendue, chute de 10 points en région parisienne (81%) et augmente dans les territoires les moins denses (97% pour les Français vivant dans les communes de moins de 20 000 habitants). Parmi les possesseurs de véhicules, une majorité vit dans un foyer ne possédant qu’un seul véhicule (55%), mais les 45% restants possèdent 2 véhicules (38%) ou plus (7%). Logiquement, le nombre de véhicules possédés augmente lorsque la taille d’agglomération diminue. Cette dépendance automobile est quasi-généralisée : Si le taux d’équipement automobile croît avec le niveau de vie, les Français sont majoritairement «motorisés» dans l’ensemble des catégories de revenus. Parmi les 20% les plus riches, près de 9 ménages sur 10 sont équipés et un peu moins d’un ménage sur deux possède au moins deux voitures.
Que ce soit pour les trajets domicile-travail ou pour les trajets personnels (aller en courses, accompagner ou chercher des proches…), la voiture reste le mode de transport privilégié des Français. Pour les trajets domicile-travail, 61% des actifs ou étudiants prennent leur voiture, 20% sont passagers d’une voiture particulière, 26% utilisent les transports publics et 23% pratiquent la mobilité active (marche à pied, vélo, trottinette…). Conduire sa voiture est avant tout l’apanage des 35 ans et plus (68% de 35-54 et 61% de 55+), tandis que les moins de 35 ans sont proportionnellement plus nombreux que leurs aînés à utiliser les transports publics (34%), la mobilité active (30%) ou le covoiturage (27%). Pour les trajets autres que domicile-travail, 69% des Français utilisent la voiture vs. 28% la mobilité active, 24% le covoiturage et 24% les transports publics.
L’enquête montre enfin que l’autosolisme reste un choix de raison faute d’alternatives efficientes. Moins de la moitié des Français jugent l’offre de transports publics de proximité satisfaisante (48%), tandis que 34% la jugent insatisfaisante. Les plus satisfaits tendent à être plus jeunes (63%), habitant la région parisienne (67%) ou une commune de plus de 100 000 habitants (63%). Parmi les insatisfaits, les principaux irritants sont les horaires ou la fréquence trop faible de passage des transports publics (40%), des arrêts trop éloignés du domicile (26%) ou un temps de trajet trop élevé (23%). Viennent ensuite une fréquentation jugée trop élevée (20%), leur prix (19%), ou leur manque de ponctualité (15%). La proportion d’insatisfaits décroît avec la densité du lieu de résidence : sans surprise, les habitants des espaces les moins denses se disent à 54% insatisfaits devant l’offre de transports publics.
Pour Yoann Demoli, « le territoire français, qui est caractérisé par une tripartition de l’espace (centres-villes, banlieues et espaces périurbains), repose sur une répartition spatiale des groupes sociaux, informée par des systèmes de mobilités très hétérogènes, où l’automobile joue des rôles de poids et de nature variés. De façon idéal-typique, les centres[1]villes, habités par des populations favorisées, connaissent une mobilité quotidienne dominée par les transports en commun ; l’absence quotidienne de la voiture ne signifie pas immobilité : on y bouge beaucoup et potentiellement, on peut aller partout. Cette absence quotidienne de la voiture ne signifie pas que l’on s’en prive : même dans les zones les plus denses, au cœur de Paris, les taux de motorisation restent élevés, car la voiture y est relativement plus utilisée pour la mobilité de longue distance ainsi que pour les mobilités de loisirs. Dans les banlieues, aussi nommées espaces de relégation par le sociologue Jacques Donzelot, la mobilité quotidienne est plus complexe, mal adaptée au réseau stellaire développé par les villes-centres. Ces territoires abritent des populations plus jeunes, ou, à l’opposé, plus âgées, et plus défavorisées, avec un accès à l’automobile plus limité. Enfin, les espaces périurbains se distinguent par un usage élevé de l’automobile, dans des lieux mal desservis par les transports en commun. La voiture y est l’engin du quotidien et de la mobilité de longue distance. »