MONTAGNE : Téléphérique, tourisme de demain ou désastre écologique
Face à la décision de la collectivité de la Grave de construire un troisième tronçon de téléphérique exploité par un gestionnaire privé, et en l’absence de concertation publique locale, un collectif d’habitants, alpinistes, chercheurs et personnalités engagées dans la défense de l’environnement s’est créé.
La Grave autrement présente lundi 12 septembre, à l’occasion d’une réunion publique, les fruits de l’analyse réalisée de ce projet.
La Grave. Village de montagne à 1 520m d’altitude, situé au pied du sommet mythique de la Meije et au bord du Parc National des Ecrins. C’est au cœur des glaciers suspendus qui surplombent cette vallée depuis des millénaires que s’est construit un domaine skiable unique au monde, un espace hors-piste privilégiant l’autonomie de pratiquants engagés dans un milieu encore sauvage. À La Grave, pas de damage, pas de piste. Le freeride est roi, accessible via deux tronçons de téléphériques existants. En haut de ces téléphériques subsiste un téléski, vestige des heures de gloire du glacier de la Girose. Il permet encore l’accès à une piste damée ouverte en hiver et en début d’été.
C’est dans un contexte de sécheresse inédite, entre deux canicules estivales, que le permis de construire a été déposé pour les travaux du troisième tronçon de téléphérique visant à remplacer le téléski vétuste. Discussion de coulisses depuis l’attribution de la délégation de service publique du téléphérique des glaciers de la Meije en juin 2017 à la Sata, avis consultatif défavorable du conseil scientifique du Parc National des Ecrins, beaucoup ne croyaient pas que ce projet d’ampleur qui implique la construction d’un pylône relais, de deux gares, de l’aménagement de la piste… pourrait voir le jour. Le tout pour un budget total de 14 Mi d’euros dont 4 Mi d’argent public. Et pourtant.
Face à cette décision déconcertante qui implique l’avenir de la Grave, un collectif d’habitants, d’alpinistes et de personnalités engagées dans la défense de l’environnement s’est créé. Leur objectif : faire examiner la pertinence économique du projet auprès de cabinets spécialisés grâce à un financement citoyen inédit, et imaginer une solution alternative plus durable et mieux adaptée à l’économie locale. Les réserves sont nombreuses : comment imaginer la rentabilité de ce projet d’ampleur sans défigurer la Grave pour y mettre de nouveaux lits touristiques, une perspective de bétonisation et de mécanisation loin de l’identité de ce petit village, et à contre-temps de l’évolution actuelle de la pratique du ski ? Et sachant que même si une liaison avec les Deux Alpes a été exclue dans le contrat d’exploitation, comment ne pas craindre de voir un projet vieux de plus de 30 ans voir le jour à terme, un super domaine du Grand Oisans, avec une liaison La Grave – Deux Alpes – Alpes d’Huez ? Seulement 300 m sépareraient le haut du troisième tronçon et le domaine des Deux Alpes…
C’est donc lundi 12 septembre que les fruits de la première phase de l’étude menée par le groupement de deux cabinets de conseil privés mandaté par le collectif La Grave Autrement seront dévoilés.
Des solutions alternatives pour imaginer le pays de la Meije de demain seront étudiées dans la phase suivante. Comment cohabiter avec l’un des grands glaciers des Alpes ? Les idées audacieuses et inventives ne manquent pas : faire du glacier de la Girose un espace extraordinaire d’initiation à l’alpinisme. Imaginer dans ce lieu, endroit d’accès le plus facile à un glacier de France, un foisonnement de premiers pas sur glacier, d’échanges culturels, d’éducation aux problématiques écologiques…
Pour assister à la CONFÉRENCE DE PRESSE LUNDI 12 SEPTEMBRE À 9H sur la restitution de la phase 1 de l’étude pour un projet alternatif au troisième tronçon du téléphérique de La Meije, Inscription ICI
Intervenants : dirigeants des deux cabinets d’étude mandatés par La Grave autrement.