RUNNING : Vredestein 20 km de Paris – Clément non-voyant sans guide
Véritablement exceptionnel, cet ingénieur statisticien de 38 ans, aveugle depuis sa naissance, parcourt jusqu’à 250 kilomètres par semaine.
Il apprécie s’entraîner en solitaire dans les montagnes des Vosges. La course à pied est le seul sport qu’il peut pratiquer sans assistance, lui offrant ainsi un sentiment de liberté et d’indépendance. Traditionnellement, les coureurs aveugles avancent avec un guide relié par une cordelette. Bien qu’il ait pratiqué cette méthode pendant une grande partie de sa vie, cela ne lui convenait pas, se sentant « comme un petit chien en laisse ». Cette approche est pourtant la plus efficace, car le guide gère les trajectoires et les obstacles, permettant à l’athlète de se concentrer sur ses performances physiques. Cependant, les précautions qu’il doit prendre en courant en autonomie lui font perdre souvent du temps.
SON PARCOURS SPORTIF
Il débute la course à pied à l’âge de 12 ans sur les chemins de campagne, animé par un goût pour l’aventure. Déjà autonome, il mémorise les itinéraires. À partir de 2014, il participe à divers marathons et trails en Alsace avec un guide, progressant grâce à des entraînements en binôme. En 2015, il crée une application GPS adaptée à ses besoins. Il réalise ensuite son premier trail en autonomie de 26 km, suivi d’un autre de 54 km. Il enchaîne avec la traversée de l’Alsace et des Vosges avec d’autres non-voyants, sans guide, puis complète l’intégralité du GR20. En 2019, il établit le record du monde du marathon pour un non-voyant en autonomie, avec un temps de 4h04, à Cernay-La-Ville, dans les Yvelines. Il s’engage également à initier d’autres non-voyants au trail autonome via l’association Vue du Cœur. En 2024, il aura l’honneur de porter la flamme paralympique.
COMMENT VA-T-IL SE GUIDER SEUL LORS DES VREDESTEIN 20KM DE PARIS ?
Clément a récupéré la trace GPX du parcours. Il s’agit d’une liste de points GPS (représentés par deux chiffres : latitude et longitude), tels qu’ils peuvent être transmis à n’importe quel coureur et chargés dans n’importe quelle application de running ou de cartographie. L’application utilisée va filtrer ces points pour ne garder que ceux ayant un intérêt en terme de guidage notamment sur le changement de direction significatif. Tout au long du parcours, la synthèse vocale annoncera à Clément des indications de types : point 23, midi 50m, puis 2 heures. Autrement dit on continue tout droit pendant 50 mètres, puis on tourne à droite avec un angle de 60 degrés. L’information est actualisée toutes les 7 secondes, ce qui pourra donner : point 23, midi 27 mètres puis 2 heures. Cela signifie que Clément a légèrement dévié à droite durant 23 m et qu’il doit corriger vers 11h pour atteindre le point. Le GPS se limite à des indications directionnelles. Il faut que Clément évite les obstacles et les autres coureurs, pour cela il utilise une canne blanche plus légère et robuste, développée par l’association Vue du Cœur, qui touche le sol avec 1m d’avance. Il doit également se servir de son ouïe et d’un léger reste visuel qui lui permet de percevoir des ombres.

















