RALLYE RAID : DAKAR 2025 – Le sans-faute de SANTO, VARIAWA sans tarder
Le séjour à Bisha, comprenant près d’une semaine en incluant les « vérifs », s’est achevé lorsque le vent a cessé d’y souffler !
Et le Dakar retrouve sa nature de nomade, tirant un trait sur la carte en visant au nord-ouest, direction Al Henakiyah. Les pilotes sont descendus de près de 500 mètres d’altitude, et ont surtout dû affronter une première partie de spéciale très rocailleuse avant de prendre de la vitesse sur des plateaux sablonneux sur environ 200 kilomètres. Les trombes d’eau déversées la veille ont laissé place à des éclaircies qui ont rendu le terrain praticable, en tout cas idéal pour Lorenzo Santolino, auteur de son premier succès d’étape sur le Dakar au guidon de sa Sherco. Saood Variawa ouvre aussi son palmarès à seulement 19 ans.
- La persévérance paye pour Lorenzo Santolino, qui redonne un peu de baume au cœur au clan espagnol en remportant sa première étape sur le Dakar pour sa 7ᵉ participation, et qui a connu à trois reprises la frustration de l’abandon. Cette fois-ci, il réalise une remontée parfaite après avoir pris le départ en 11ᵉ position, puis battu Ricky Brabec à l’arrivée avec une marge de 4 minutes.
- Daniel Sanders reste en tête du classement général, mais l’Américain Skyler Howes s’est rapproché à 6’51’’ de l’Australien. Son coéquipier chez Monter Energy Honda HRC, Adrien Van Beveren, est relégué au 8ᵉ rang à 16’24’’ en raison d’une chute qui l’a déstabilisé sur une partie de la distance.
- La sensation de la journée est peut-être celle du siècle, puisque Saood Variawa est devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire de la catégorie reine, à seulement 19 ans. Le jeune Sud-africain s’impose sur une spéciale ultra-disputée, avec seulement 23’’ d’avance sur Guerlain Chicherit, et un Top 5 ultra-resserré où la jeune génération brille en force. Mais les écarts minimes du jour n’ont pas bouleversé le trio de tête du général, avec Lategan au sommet suivi d’Al Rajhi (4’45’’) et Al Attiyah (11’14’’). Les leaders de la course sont en partie débarrassés de la menace de Sébastien Loeb, qui a perdu 1h03’ sur la spéciale du jour à cause des conséquences d’un tonneau en début de spéciale.
- Nicolas Cavigliasso reprend ses bonnes habitudes de son époque quadeur et empile les étapes. Il signe aujourd’hui sa deuxième de l’année et garde la tête du classement des Challenger, avec une vingtaine de minutes d’avance sur Gonçalo Guerreiro et Corbin Leaverton, les deux jeunes de Red Bull Off-Road Junior Team.
- C’est maintenant pour l’honneur que « Chaleco Lopez » se lance dans la chasse aux étapes. Il en gagne aujourd’hui une 15ᵉ au cumul de ses participations en SSV et Challenger, mais pointe à 2h45’’ de Xavier de Soultrait qui caracole en tête avec son coéquipier Brock Heger dans son sillage.
- La situation est stabilisée en camions avec une confrontation à trois toujours menée par Martin Macik, avec 3’34’’ d’avance sur Ales Loprais et 34 minutes sur Vaidotas Zala, le très efficace nouveau venu dans la catégorie.
L’enchaînement des noms et surtout des dates de naissance des vainqueurs des trois premières étapes de la catégorie Ultimate du Dakar est phénoménal. Seth Quintero, du haut de ses 22 ans, a ouvert le bal et fait trembler les statisticiens avec un record de précocité dès la première boucle de Bisha. À 25 ans, Rokas Baciuska aurait pu prétendre à cet honneur, mais le Lituanien est arrivé deux jours trop tard lorsqu’il a gagné la 48h Chrono. Aujourd’hui, c’est encore à une autre dimension qu’accède Saood Variawa qui n’a que 19 ans et s’installe peut-être durablement au sommet de ce classement dont les détails sont finalement méconnus. Le Sud-Africain, qui avait déjà obtenu une 5ᵉ place à l’occasion de la 11ᵉ étape l’année dernière, a cette fois-ci surgi après une journée de déboires, puisqu’il était entré en collision avec son coéquipier Giniel De Villiers dans l’étape d’hier. On doit certainement considérer dans le clan Toyota que la maladresse a été brillamment rachetée aujourd’hui, d’autant plus que les trois gamins qui se sont illustrés depuis le début l’ont tous fait dans des Hilux. Signe des temps, l’examen du Top 5 du jour est surprenant : Guerlain Chicherit (un ancien très jeune vainqueur en 2006 !) claque le 2ᵉ temps, mais il est suivi de Quintero (22 ans), De Mévius (30 ans) et Joao Ferreira (25 ans).
On ne s’ennuie jamais avec Sébastien Loeb. Flamboyant dans ses enchaînements de victoires, il sait aussi se montrer chevaleresque dans la douleur. Une fois encore, c’est de cette façon qu’a commencé son Dakar, mais les déboires de la première journée de la 48h chrono, avec des pannes de ventilateurs qui lui ont coûté près de trois quarts d’heure, ont presque été absorbés le lendemain par un show sur le trajet retour à Bisha. Aujourd’hui, l’addition est bien lourde après une spéciale débutée par un tonneau, apparemment sans conséquence dans un premier temps, mais dont les séquelles se sont avérées pénalisantes. La biellette de direction qui s’est cassée 50 kilomètres plus loin aurait pu être changée facilement si celle de rechange n’était pas restée dans la pièce de carrosserie envolée au moment de la roulade dans le sable. Et l’acharnement des ventilateurs contre l’Alsacien ne lui a pas permis de rouler à son train habituel de reconquête. Résultat, le pilote Dacia accuse un retard de 1h14 sur Henk Lategan au terme de la troisième étape. Pour beaucoup, c’est un gouffre. Pour Loeb, c’est peut-être l’affaire de deux ou trois bonnes étapes d’affilée… à condition qu’il ne subisse pas la même sanction que son rival Carlos Sainz à l’issue de l’inspection de son véhicule par les commissaires de la FIA.
Lorenzo Santolino décroche aujourd’hui sa première victoire sur le Dakar à l’occasion de sa 7ᵉ participation. « Santo » offre à Sherco son 6ᵉ succès sur la course, le premier de la marque française en Arabie Saoudite après ceux remportés en Amérique du Sud inscrits par 4 pilotes. En 2010, à l’occasion de la première étape à Cordoba, David Casteu avait ouvert le livre des records. Joan Pedrero (2014 et 2017) et Alain Duclos (2014) inscrivant 3 lignes avant Mickael Metge en 2019 à Pisco. L’usine de Nîmes complète ainsi 5 ans plus tard sa collection. David Casteu, manager de l’équipe officielle de la marque jusqu’en 2022, et Mickael Metge peuvent féliciter leur héritier sur place, le premier étant engagé à moto pour célébrer son passage de la cinquantaine, le second étant navigateur du Saoudien Yasir Seaidan en Challenger. « Santo », actuellement installé à la 10ᵉ position du général, rêve d’accrocher le Top 5. Ce serait alors la meilleure place de Sherco qui pour l’heure s’est hissé jusqu’au 6ᵉ rang du Dakar. C’était déjà Lorenzo qui avait signé ce qui reste son record personnel et celui de la marque familiale made in France.
Sébastien Loeb : « Au départ de la spéciale, je pensais qu’on était sur la piste mais on était à côté, donc j’ai pris une saignée qui nous a envoyé en travers et la voiture est partie en tonneau, on a déjanté les deux roues mais on ne s’est arrêté que 5 minutes. Il n’y avait pas tant de dégâts, mais après une cinquantaine de kilomètres, on a cassé une biellette de direction, ce qui n’est pas grave non plus mais notre pièce de rechange se trouvait dans les éléments de carrosserie qui sont restés sur le lieu du tonneau. Cristina s’est arrêtée pour nous en donner une, mais ensuite comme le ventilateur avant ne marche pas, nous avons roulé au rythme des SSV pendant toute l’étape. Ce n’est pas ce qu’on préfère comme journée, là on perd une heure, on se dit que c’est la « m… ». C’est comme ça, il va falloir continuer. On va rouler et on verra bien, même si viser la victoire devient compliqué ».
Alors que Land Rover a annoncé sur le bivouac il y a quelques jours son engagement officiel sur le prochain Dakar avec trois véhicules dans la catégorie Stock pour venir défier les Land Cruiser du programme Toyota Auto Body, voilà que le « 110 » du duo Gublin-Sousa frappe aux portes du podium du Dakar Classic. Cinquième du général et vainqueur en H1 pour sa première participation l’an dernier, l’équipage français croise cette année le Land Cruiser du tenant du titre et le Nissan Terrano de son dauphin, tous deux descendus du H2 vers le H1. Une opposition musclée pour le « Def » qui fait donc mieux que se défendre. Un 2e Land Rover, un Series III, est d’ailleurs installé dans le Top 10 entre les mains de l’équipage lituanien Ovoko Racing. Le Dakar Classic se cherche toujours un héritier au premier vainqueur du Dakar 1979 : Alain Génestier dans son Range Rover Classic. La seule et unique victoire de la marque anglaise pour le moment. Le Dakar Classic ou la catégorie Stock pourraient prochainement faire le « bridge » avec la genèse du Paris-Dakar.
Le groupe Pierer qui détient les marques KTM, Husqvarna et GasGas a décidé de resserrer ses rangs depuis le Rallye du Maroc sous la bannière orange. L’actuel leader moto Daniel Sanders évolue désormais aux côtés des frères Benavides et de l’espoir Edgar Canet aux couleurs Red Bull KTM Factory Racing. En 2022, Sam Sunderland ouvrait le livre des records du W2RC en devenant le premier champion du monde de la série motos (FIM) réunifiée avec le calendrier autos (FIA) sous les couleurs de GasGas. L’année suivante, Luciano Benavides ramenait à nouveau la couronne à l’usine de Mattighofen, sous les couleurs d’Husqvarna. Ross Branch en 2024 a fait triompher Hero MotoSports. Pour 2025, KTM se donne toutes les chances de reconquérir le titre suprême dans la discipline qui a forgé l’ADN et le slogan « Ready to race » de la marque lancée par Kinigadner sur le Dakar. Sur le Dakar précisément, KTM s’est imposée à 19 reprises, la dernière victoire en date étant à mettre au crédit de Kevin Benavides en 2023. Les espoirs de la marque orange reposent pour le moment sur Daniel Sanders, leader du Dakar depuis le lancement de la course. Un 20e succès serait une dose de vitamines bienvenue pour la marque qui pourrait ensuite prétendre en 2025 au titre de champion du monde, le dernier en date remontant à 2021 avec l’Autrichien Matthias Walkner