RALLYE RAID : DAKAR 2025 – LATEGAN et SANDERS dans le bush saoudien
C’est aux portes de la ville de Bisha qu’a été donné le premier rendez-vous du Dakar, mais déjà sur un terrain où les pistes sablonneuses s’enchaînent.
Pendant 29 kilomètres sans difficulté de navigation, les plus à l’aise pour slalomer entre les buissons ont pris les commandes de la course. Le paysage a sûrement rappelé à l’Australien Daniel Sanders et au Sud-Africain Henk Lategan les étendues de bush où ils ont posé les bases de leur technique de pilotage.
Habitué à frapper fort en début de Dakar, Daniel Sanders s’impose sur le prologue comme en 2022. Le vainqueur du Rallye du Maroc devance le champion W2RC 2024 Ross Branch, qui pointe à 12’’, comme le débutant le plus en vue du rallye, l’Espagnol Edgar Canet.
Pour sa première journée sur le Dakar et en tant qu’officiel KTM, le jeune Catalan de 19 ans a été le plus rapide des Rally 2. La catégorie a perdu d’emblée son tenant du titre Harith Noah, le pilote Sherco blessé sur chute au poignet et contraint à l’abandon.
C’est ce qu’on appelle un retour gagnant pour le Sud-Africain Henk Lategan, 5e du général en 2023, absent en 2024 et signataire aujourd’hui du meilleur temps. Il s’impose grâce à une seconde d’avance sur la Ford de Mattias Ekstrom, le podium du jour étant complété par la Dacia de Nasser Al Attiyah, à 20’’. Les temps du prologue ne sont pas pris en compte pour les engagés FIA, ce qui arrange bien Guillaume de Mévius, arrêté par une crevaison et qui a lâché 4’16’’ sur un changement de roue.
La détection des talents, c’est la vocation première de l’équipe Red Bull Off Road Junior. On sait d’ores et déjà que la sélection a été bien menée, puisque les deux recrues de l’année ont pris les deux premières places du classement des Challenger. La victoire du Californien Corbin Leaverton, 23 ans, rappelle les succès de son voisin et camarade Seth Quintero, passé par la même école lors de ses débuts sur le Dakar en 2021. Le Portugais Gonçalo Guerreiro, 24 ans, se montre lui aussi à la hauteur des attentes placées en lui. Pendant l’année, il est le pilote d’essai du préparateur JB Racing, l’entreprise familiale dirigée par son père. Ce qui ne l’a pas empêché, par exemple, de signer les meilleurs temps en SSV sur la Baja Aragon et la Baja Norte Portugal. Des promesses qui prennent sens sur la scène mondiale du Dakar aujourd’hui.
Le premier malchanceux du Dakar a été l’un des acteurs de pointe l’année dernière, puisque Harith Noah avait remporté la catégorie Rally 2 et terminé 11e du classement général. De quoi nourrir des ambitions de Top 10 pour le pilote indien, qui a chuté et fracturé son poignet dans le prologue. La blessure nécessitant une petite opération, Noah abandonne pour la quatrième fois de sa carrière sur le Dakar, ce qui prive Sherco d’un de ses enjeux sur l’édition 2025. Il reste toutefois à l’équipe française deux pilotes Rally GP avec l’Espagnol Lorenzo Santolino et le Portugais Rui Gonçalves, tous deux également en lice pour batailler dans l’élite.
Faire sensation dès sa première journée sur le Dakar est un exploit rare. Sur les 10 dernières années, quatre y sont parvenus. On se souvient de Kris Meeke, vainqueur chez les Prototypes Légers en 2021, d’Anibal Aliaga en 2018 et de Ravil Maganov en 2017, tous deux en SSV, sans oublier Sébastien Loeb en 2016 chez les autos, et en remontant un peu plus loin à Carlos Sainz en 2006. Mais cette année, le coup d’éclat prend une autre dimension : trois débutants se sont imposés dans l’une des six catégories dès le prologue. Edgar Canet, du haut de ses 19 ans, a dominé la catégorie Rally 2 et s’est même illustré face aux pilotes de Rally GP bien plus expérimentés. En Challenger, l’Américain Corbin Leaverton domine lui aussi le classement à son coup d’essai. Enfin, Brock Heger, venu renforcer les rangs de Polaris, a signé le meilleur chrono du jour chez les SSV.
Sébastien Loeb : « Une spéciale pas facile pour un prologue, même au niveau de la visibilité des traces ce n’était pas simple. L’an dernier j’ai crevé beaucoup de fois sans m’y attendre, sans passer sur des pierres ou avoir de signes, c’est le problème ici, on le sait. Cela va être long. Dans la 48h on va avoir une neutra où potentiellement on va pouvoir mettre des roues neuves, mais il y aura 800 bornes derrière avec les roues que l’on aura sur la voiture, cela ne va pas être simple. »
Le prologue de la 5e édition du Dakar Classic se déroulait sur 59 km découpés en 2 spéciales de régularité. Mais en coulisses, la compétition avait déjà débuté dès hier soir par une partie de poker menteur révélatrice de l’esprit de compétition qui va animer la quinzaine. Après la découverte nostalgique sur les premières éditions, le perfectionnement des véhicules ces deux dernières éditions, place à la stratégie de course en 2025 ! Hier soir, les organisateurs ont enregistré les changements de catégorie de dernière minute de deux équipages. Les numéros 700 et 701, ni plus ni moins que le tenant du titre et son dauphin. Passés de la catégorie H2 à H1 au dernier moment, Carlos Santaolalla et Lorenzo Traglio ont pris de cours leurs rivaux désignés, les numéros 702 de la Porsche 959 du couple Morera-Ruba et 703 de Dirk Van Rompuy. Restés en H2, une moyenne de vitesse plus élevée, les Espagnols et les Néerlandais se sont élancés devant les stratèges qui devaient espérer profiter de conditions de course différentes mais surtout empêcher leurs prédécesseurs de prendre connaissance de leurs performances en cours de journée. Le règlement du Dakar Classic autorise les concurrents à changer de catégorie jusqu’au soir du prologue. Demain, notre carré d’as aura mis cartes sur table et on verra si Juan Morera, vainqueur 2023, tentera ou pas le coup de poker de rester en H2 ou s’il s’alignera sur ses concurrents en redescendant en H1. La H de guerre est déterrée !
Le règlement FIM pour la 4e saison du W2RC ouvre en grand les portes du championnat aux motards du monde entier. Dorénavant, tout pilote engagé en Rally 2 sur une manche du calendrier peut marquer des points et faire son apparition au classement. Edgar Canet, arrivé en cours de saison 2024 lors de la 3ᵉ manche portugaise, pourrait devenir l’un des protagonistes de la saison. Il est aussi le premier pilote officiel à intégrer la catégorie. Avec la montée en Rally GP du champion en titre Bradley Cox, les habitués Michael Docherty et Tobias Ebster ont montré leurs intentions de compter cette année en montant sur le podium du jour. Comme Canet, Jacob Algubright fait aussi irruption, 4ᵉ avec la première Honda du classement Rally 2, la nouvelle moto destinée aux clients de la marque dont l’Américain est pilote développeur depuis le Dakar 2024.
C’était en quelque sorte le jour de gloire des participants à l’académie Saudi Next Gen. En tout début de matinée, ce sont eux qui ont eu l’honneur de creuser les premières traces dans les pistes du parcours du prologue du Dakar. Dans la foulée, ils se sont rendus sur le parcours dessiné aujourd’hui pour le Dakar Classic, ce qui a fait monter leur distance du jour à 117 kilomètres, liaisons comprises. Les cinq équipages ont ensuite été présentés sur le podium du bivouac en « prime time », c’est-à-dire entre les meilleures motos et les autos de pointe. Si leurs chronos sont tenus secrets, le coach des apprentis saoudiens, Edo Mossi, observe attentivement les comportements de chacun, et pas seulement sur la vitesse qu’ils sont capables d’atteindre.
« Par exemple, celui qui a été le plus rapide aujourd’hui a atteint l’arrivée avec à peine un verre d’essence, ce qui signifie que son pilotage est très agressif, il n’aurait pas roulé un kilomètre de plus ! Alors qu’un autre qui était quasiment dans le même rythme est revenu avec le réservoir à moitié plein », explique l’Italien. « Et quand on regarde comment Merehin Albaz a remporté hier le concours de changement de roue, c’est aussi intéressant. Ce que je remarque, c’est surtout la courbe de progression impressionnante. Ils sont déjà transformés au bout de trois journées ». Et il en reste encore deux pour convaincre Edo !