RALLYE RAID : DAKAR 2025 – Course auto, le bal des débutantes
Il y a du nouveau parmi les 63 véhicules inscrits en Ultimate au départ de la 47e édition et en particulier concernant les équipages attendus pour jouer la victoire au terme des 5 115 kilomètres de spéciales programmés entre Bisha et Shubaytah.
Trois modèles de pointe font leur apparition sur le Dakar avec des pilotes de tout premier plan au volant : Nasser Al Attiyah et Sébastien Loeb dans la Dacia Sandrider ; Carlos Sainz et Nani Roma en Ford Raptor ; Guillaume de Mévius et Guerlain Chicherit dans une Mini revisitée avec un moteur essence. Les débutantes seront scrutées sous tous les angles, mais les Toyota Hilux font toujours partie des favorites, à la fois grâce à Yazeed Al Rajhi, Lucas Moraes et Giniel De Villiers, mais aussi avec des cartes joker comme le duo Price-Sunderland et le Lituanien Rokas Baciuska.
Que reste-t-il du club des cinq ? On désigne ici les vainqueurs des dix-sept dernières éditions, dont huit sont revenues à Stéphane Peterhansel, qui passe son premier mois de janvier loin des dunes du Dakar depuis 1994. Les autres sont tous présents au départ de Bisha, dans des conditions différentes : Nasser Al Attiyah chez Dacia, Carlos Sainz et Nani Roma chez Ford, roulent tous les trois dans des autos qui vivent leur baptême du Dakar ; et Giniel De Villiers privilégie la fidélité en entamant le 14e de ses 22 Dakar dans un Hilux Toyota largement éprouvé. Le défi de faire triompher un véhicule fraîchement conçu n’a plus été relevé avec succès depuis l’ère Ari Vatanen, avec la Peugeot 205 Turbo 16 en 1987 puis avec la 405 qui en était une héritière technique en 1989, tout comme la Citroën ZX en 1991.
Mais au regard des promesses formulées par les débutantes de la promo 2025, il n’est pas interdit de se prendre au jeu. Au sommet du classement du dernier Rallye du Maroc, deux Dacia Sandriders, guidées par deux maestros de la valse dans le désert, dominaient fièrement la concurrence. Le triple vainqueur du W2RC Nasser Al Attiyah, désormais secondé par Edouard Boulanger, semble avoir en mains la pouliche qui peut lui permettre de retrouver le succès. Et son coéquipier Sébastien Loeb pourrait mettre à profit sa 9e participation pour enfin s’imposer… si les montées en température observées au Maroc ne perturbent pas le périple saoudien de la petite nouvelle. Auquel cas, Cristina Gutierrez devrait camper le rôle de la sauveteuse de luxe comme sur la dernière manche du W2RC. Chez Ford M-Sport, l’aspirante nommée Raptor a les honneurs du tenant du titre Carlos Sainz, mais aussi de Nani Roma, Mattias Ekstrom et Mitch Guthrie, eux aussi candidats crédibles si l’auto se montre aussi performante qu’au Maroc (hors-classement, inscrite en « Expérimental »). Enfin, si le nom de Mini apparait déjà à six reprises au palmarès, c’est une toute nouvelle version qui a été concoctée par X-raid cette année, avec un moteur essence qui a lui aussi tourné à merveille en octobre dernier, Guerlain Chicherit ayant notamment remporté le prologue avec le premier exemplaire sorti des ateliers allemands. La même machine sera confiée à Guillaume de Mévius (2e du dernier Dakar et 3e au Maroc), sans oublier le prometteur Portugais de 24 ans Joao Ferreira.
L’univers Toyota, sous les bannières Gazoo Racing ou Overdrive Racing, joue sur plusieurs registres pour revenir aux commandes du Dakar. Au-delà de De Villiers, on croise des valeurs sûres dans le peloton des Hilux. Yazeed Al Rajhi, 2e du W2RC, n’a pas encore réellement saisi sa chance de gagner le Dakar à domicile (3e en 2022), mais dispose de tout le talent et de la mécanique nécessaire pour y parvenir. La gagne, c’est aussi l’objectif du Brésilien Lucas Moraes, qui avait ébloui en s’invitant sur le podium 2023 pour son premier Dakar, et termine aussi la saison W2RC 2024 en 3e position. Jean-Marc Fortin est aussi amateur de paris et a fait fort dans ce domaine cette année. Le patron de la branche belge a réuni deux anciens double vainqueurs à moto, Toby Price et Sam Sunderland, pour former un duo inédit, pourquoi pas capable de surprendre en dépit de son inexpérience. Il mise aussi sur la pépite lituanienne, Rokas Baciuska, trois fois couronné en W2RC (SSV puis Challenger) et qui monte à l’étage supérieur avec l’ambition de briller également en Ultimate. L’école sud-africaine ne manque pas d’arguments : Henk Lategan (5e en 2023), Guy Botterill (6e en 2024) et le toujours gamin Saood Variawa (17e en 2024) continuent de s’inspirer de De Villiers et roulent en Hilux. C’est aussi le cas de Seth Quintero, qui espère connaître un Dakar sans pépins.
Dans la poussière des prétendants au titre, les places d’honneur intéressent une quantité d’équipages. Il se dit qu’une quarantaine de voitures ont le niveau pour intégrer le Top 10. Ce sera à coup sûr l’ambition de Mathieu Serradori, qui a connu ces altitudes (8e en 2020, 7e en en 2022) et n’exclut pas de monter plus haut en s’équipant désormais d’un 4×4 Century CR7 T1+ avec lequel il entend frapper aux portes du Top 5, c’est-à-dire là où s’est déjà hissé le Tchèque Martin Prokop l’année dernière (5e). Le triple vainqueur de la catégorie des deux roues motrices laisse ainsi la voie libre à une compétition dans laquelle les yeux seront tournés vers MD Rallye et les Optimus de Christian Lavieille, Simon Vitse ou Eugenio Amos. À moins que Laia Sanz, au volant d’un Century CR6, ne vienne perturber les plans de l’écurie normande.