VOILE : Maître CoQ Team Voile – Ça va souffler !
Après trois semaines de course, Maître Coq V, mené par le Rochelais Yannick Bestaven, se maintient dans le groupe des leaders du Vendée Globe (8e).
Après les premiers jours dans l’Océan Indien, premier épisode des mers du Sud, le tenant du titre va désormais devoir aborder au mieux une grosse dépression annoncée dès ce milieu de semaine.
Les bottes et le ciré sont ressortis et les tee-shirts rangés pour un bon moment. Après avoir franchi la longitude du cap de Bonne Espérance,(20j 00h 21min 18s), dans la matinée de samedi 30 novembre, Maître Coq V navigue désormais dans l’océan Indien, à la huitième place (pointage de 11 heures, ce mardi). « Nous sommes allés très vite sur l’Atlantique sud avec parfois de gros grains à gérer, analyse le skipper. Cela n’a pas toujours été simple. L’entrée dans les mers du sud s’est faite avec une mer démontée due aux courants forts de cette zone avec des périodes de calme à gérer pour ne pas perdre trop de terrain avec les premiers. Après une journée dans la molle hier, qui m’a permis d’inspecter le bateau et de le préparer pour affronter la grosse dépression, le vent est monté progressivement dans la nuit. Cela bouge beaucoup en direction, j’ai dû faire beaucoup de manœuvres hier. Désormais je me concentre sur les grosses conditions qui vont arriver dans la journée. » La suite ne s’annonce pas de tout repos.
A partir d’aujourd’hui et pour les prochains jours, la flotte va en effet rencontrer un système dépressionnaire conséquent, avec beaucoup de mer. « Il s’agit du premier système qui va occasionner possiblement plus de 7 mètres de houle sur la zone de course », a précisé Jacques Caraës, adjoint à la direction de course. « Il faut faire des stratégies par rapport à tout ça, explique Yannick. Il y a un équilibre à trouver entre aller vite et gérer les risques. Il ne faut pas faire n’importe quoi et risquer de tout casser. Cette dépression, c’est le tarif de ces navigations australes ! C’est la première que l’on va prendre, mais pas la dernière. Elle est grosse mais elle va surtout se creuser devant moi. Je devrais donc avoir des vents d’une quarantaine de nœuds max, c’est moins que ce qui était annoncé initialement où on imaginait des rafales à 60 nœuds. Il faut aussi essayer de bien se placer dans le Nord par rapport à ce qui nous attend. L’objectif est de la prendre au portant dans des vents à niveau stable. Mais ça a l’air de le faire. »
Skipper optimiste et en forme, bateau en bon état, l’état des lieux est plus que positif. « J’aborde ces mers du sud dans de bonnes conditions. Le bateau va bien même si j’ai eu des petits problèmes techniques qui m’ont valu quelques arrêts. Une trappe de quille s’est ouverte et m’a obligé à m’arrêter deux heures pour réparer et recoller, les bouts des descentes de foils ont également cassé deux fois mais rien de grave. C’est le lot d’un Vendée Globe. J’ai profité du calme de la journée d’hier pour inspecter le bateau avec une grosse job liste et la préparation de Maître CoQ V à du gros temps et l’installation des voiles qui vont avec. La journée est passée vite. Mon environnement est très beau, avec de belles lumières, des albatros et plein de petits oiseaux qui nous accompagnent. On se sent moins seul ! Le pont est sec, le bateau glisse bien sur l’eau, pas de stress. La température est encore agréable. La nuit il fait 14°, la journée près de 20. Hier, j’ai même pris mon petit-déjeuner en terrasse. C’est le confort de Maître CoQ V ! »
Ingénieur de formation et sensible aux énergies renouvelables, Yannick Bestaven a co-développé avec Matthieu Michou, spécialiste de l’électricité marine, un hydrogénérateur, pour son Vendée Globe 2008. Il s’agit d’une hélice immergée à l’arrière du voilier, qui tourne grâce au mouvement et à la vitesse du bateau et génère de l’électricité. Sa traînée minimale assure un rendement énergétique optimal entre 5 et 30 nœuds de vitesse. « C’est un peu comme une dynamo sur une roue de vélo, explique Yannick. Dès qu’on la met dans l’eau, cela fournit de l’électricité qu’on transforme en courant continu pour alimenter les batteries. Cela permet de partir sans énergie fossile à bord. Pour nos tours du monde, on embarque beaucoup de technologie, d’informatique et d’électronique. Grâce à l’hydrogénérateur, c’est plus que de l’autonomie, nous sommes en énergie positive. » Ce système a révolutionné la gestion de l’électricité en mer. À la suite de son abandon sur le Vendée Globe 2008, Yannick a voulu transformer cette mésaventure en quelque chose de positif, en se consacrant au développement des hydrogénérateurs Watt&Sea et à leur commercialisation. Ils ont très vite été plébiscités. « Il arrive même maintenant que pendant des courses, des navigateurs m’appellent quand ils ont un petit souci avec leur hydrogénérateur, sourit le skipper. J’essaye de les dépanner à distance, même si ce sont des concurrents. Je fais du service après-vente en course ! » Pour ce Vendée Globe 2024, l’intégralité des bateaux en sont équipés.