RALLYE RAID : Rallye du Maroc – Le bal des débutants
Traditionnelle répétition générale du Dakar, le Rallye du Maroc l’est plus que jamais cette année.
Outre le nombre d’engagés exceptionnel qui sera connu de façon définitive demain matin à l’issue des vérifications, Marrakech assiste depuis hier à un véritable bal des débutants.
Et ce ne sont pas des jeunes premiers qui se sont présentés, mais des têtes d’affiche du rallye-raid dans de nouveaux costumes.
Les équipes Dacia Sandriders et Ford M-Sport ont choisi le Rallye du Maroc pour officialiser leur arrivée en rallye-raid. Pièce maitresse du jeu, le roi Nasser Al Attiyah en personne, son rival désigné Sébastien Loeb et la reine Cristina Gutiérrez ont défilé dans le kaki de l’écurie roumaine. Pour le double champion du monde en titre, c’est la fin de la partie 2024 qui se joue. Le sextuple vainqueur du Rallye du Maroc qui est aussi le leader du W2RC est concentré sur son objectif personnel de troisième titre mondial d’affilée et se veut prudent, tout comme son nouveau coéquipier français qui va courir en Ultimate pour la deuxième fois de la saison (voir Déclarations). Édouard Boulanger, le navigateur d’Al Attiyah, résumait avec un beau sens de la formule l’ambiance dans le clan Dacia : « Le fait que la Sandrider soit très bien née est aussi quelque part son défaut, car les petits problèmes inhérents à une nouvelle voiture ne sont pas encore apparus. »
Même point d’interrogation chez Ford qui lance deux de ses quatre pilotes officiels attendus en janvier prochain. Carlos Sainz, celui qui a mis tout le plateau échec et mat en janvier dernier pour la quatrième fois de sa carrière s’est présenté avec Mattias Ekström, son ex-coéquipier de chez Audi. Le Suédois est apparu il y a seulement quelques jours sur la liste des engagés, remplaçant Matthew Wilson. Un changement de dernière minute planifié de longue date par la marque américaine afin de permettre à Ekström de faire des adieux dignes de ses 23 ans de collaboration avec Audi avant de s’afficher en bleu au Maroc.
En termes de surprises, c’est Mini qui a fait le plus grand effet. X-raid revient en force sur l’échiquier avec les trois cavaliers Guerlain Chicherit-Alex Winock, Guillaume de Mévius-Mathieu Baumel et Joao Ferreira-Felipe Palmeiro, mais aussi avec une nouvelle voiture. Chicherit s’est en effet présenté aux vérifications techniques avec une Mini JCW Rally dénommée, non pas « Plus » comme la version diesel de ses coéquipiers, mais « 3.0i », en référence au nouveau moteur essence. Et pour mieux rappeler l’histoire commune entre l’équipe de Sven Quandt et Guerlain Chicherit, la nouvelle Mini a débarqué dans une livrée zébrée, clin d’œil au projet Buggy Zebra de X-raid piloté sur le Dakar 2016 par le Français. Et là ne s’arrêtent pas les petites histoires entre X-raid et sa nouvelle composition (voir Radio Bivouac).
Les trois derniers vainqueurs du Rallye du Maroc se sont ainsi présentés à Marrakech. Al Attiyah, Chicherit… et Yazeed Al Rajhi (Overdrive Racing). Le tenant du titre est l’un des rares prétendants à ne rien changer à ses habitudes ! Le Saoudien, qui joue la discrétion mais aussi le classement général du W2RC, possède la voiture double championne du monde la plus aboutie du plateau. Le pilote Toyota est le grand favori sur le papier à sa propre succession au Maroc. Les officiels Toyota Gazoo Racing Seth Quintero et Lucaes Moraes possèdent le même atout technique. Le Brésilien est un rookie sur le sol marocain, il va participer à la course pour la première fois de sa carrière.
En Challenger et SSV, ils sont aussi nombreux à se lancer dans de nouvelles aventures sportives. Les deux derniers vainqueurs du Dakar en quad font ainsi leurs débuts en FIA. Alexandre Giroud en Challenger dans un OT3 de GRally Team et Manuel Andujar en SSV dans un Can-Am Maverick R de South Racing. Parmi les huit véhicules du clan South Racing, la moitié seront confiés à de nouveaux venus d’Amérique : Lawrence Janesky, légende de la Baja 1000, les père et fils Craig et Zacharie Lumsdem côté Challenger, mais aussi le multiple champion américain et véritable porte drapeau Can-Am USA Hunter Miller, associé à Andrew Short côté SSV (voir Chiffre du jour).
Chez les motards, un seul pilote affiche à son palmarès la victoire sur le Rallye du Maroc. Il s’agit de Pablo Quintanilla (Monster Energy Honda), vainqueur en 2021. Statistiquement, il y a donc de fortes chances que la course désigne un vainqueur inédit. Les trois prétendants au titre de champion du monde Ross Branch (Hero MotoSports) et ses poursuivants du Monster Energy Honda Team Ricky Brabec (vainqueur du Dakar et de la Ruta 40 cette saison) et Adrien Van Beveren, pourraient être celui-ci. À moins que cela ne soit le quatrième pilote HRC Tosha Schareina (vainqueur du BP Ultimate Rally-Raid Portugal). Luciano Benavides, de retour de blessure, et Daniel Sanders se sont présentés sous leurs nouvelles couleurs, orange KTM.
Les vrais débutants en FIM seront deux machines de la catégorie Rally2. D’abord la nouvelle KTM compé-client de Bradley Cox (BAS World KTM Racing), tenant du titre marocain qui, comme une quinzaine d’amateurs, va étrenner cette moto. Ensuite la Honda de son rival et leader du W2RC Romain Dumontier qui poursuit sa route avec les rouges, cette fois-ci avec la version client finale de la 450 CRF développée conjointement par RS Moto et l’usine japonaise. Les deux prétendants à la coupe du monde et favoris de la catégorie sont donc dans une situation identique. Carter Klein (HT Rally Raid) est le rookie attendu en Rally2. Trois ans après son frère Mason, lui aussi a choisi le Rallye du Maroc pour faire ses débuts en rallye-raid (voir Déclarations).
RADIO BIVOUAC
Connaissez-vous le point commun à Marrakech entre Carlos Sainz, Guerlain Chicherit et Mathieu Baumel ? Tous les trois reviennent vers l’écurie qui leur a offert leurs premiers contrats de pilotes officiels. En 1987, Sainz intégrait l’équipe Ford en WRC. C’était il y a 37 ans ! En 2006, Chicherit et Baumel participaient à leur deuxième Dakar ensemble, leur premier en qualité de pilotes officiels. C’était il y a 18 ans pour X-raid dans une BMW X-3. Et l’histoire entre l’équipe allemande et le navigateur français ne s’est pas arrêtée là. En 2015, pour sa première association avec Nasser Al Attiyah, il a remporté son premier Dakar. C’était il y a 9 ans et c’était déjà dans une Mini, la version All 4 Racing.
CHIFFRE DU JOUR : 9
Pour la deuxième année consécutive, la 25e édition du Rallye du Maroc accueille une catégorie FIA EXP (Experimental). 9 véhicules sont concernés cette année : les deux Ford officiels et les sept Can-Am Maverick R apparus récemment au catalogue de la marque. En T1+, les nouvelles venues américaines sont, à l’image des Audi l’an passé, en avance sur leur temps. Les Raptor satisfont aux futures normes techniques FIA 2025, mais pas à celles 2024. Conséquence importante à connaître avant le départ de la course : ces véhicules n’apparaîtront au classement général final de la course. Chaque jour, ils pourront également être repositionnés derrière les prétendants aux titres W2RC afin de ne pas venir perturber le débat final qui se joue en FIA sur la course.
25e EDITION : 2488 km
Suite aux fortes pluies qui ont frappé les secteurs des trois premières étapes, des réajustements sur le parcours ont été réalisés par les équipes de pré-ouverture. 2 488 kilomètres dont 1 529 kilomètres de spéciale sont finalement au programme de la course. Le dessin et le kilométrage total des spéciales restent sensiblement identiques, seules des pistes sur terrains plus porteurs ont été privilégiées dans les zones inondées.
LE PROLOGUE VU PAR DAVID CASTERA
« C’est un prologue technique avec des pistes assez roulantes, un peu caillouteuses. Il faut avoir l’œil, ça glisse, c’est du pilotage pur. C’est un prologue où il faut être fin technicien. On avait demandé à faire évoluer le règlement pour étendre la distance maximale du prologue jusqu’à 30 kilomètres et l’on s’est efforcé d’exploiter au maximum cette nouveauté. Le rallye-raid se joue sur la longueur, un prologue de 3 kilomètres est un non-sens selon moi. »
DÉCLARATIONS
Nasser Al Attiyah (Dacia Sandriders) : « Dacia est une nouvelle équipe mais Prodrive et les pilotes avons beaucoup d’expérience. C’est un gros examen de passage. En ce qui me concerne, je suis venu une fois par mois au Maroc ces trois derniers mois. Avoir trois voitures ici en si peu de temps est déjà incroyable. Je suis en tête du championnat et pour moi il est vraiment important de terminer la course avec des points. »
Sébastien Loeb (Dacia Sandriders) : « C’est toujours excitant de découvrir une nouvelle voiture en course, il y a le suspense de voir où l’on va être et si la voiture va marcher. Après, on sait qu’en rallye-raid la fiabilité est importante donc les débuts ne sont jamais simples. On essaye de faire les choses au mieux, mais on a encore quelques problèmes de chauffe qui sont apparus sur les derniers essais alors qu’on ne les avait pas rencontrés au début. Mais je suis confiant pour que l’on trouve les solutions. Le Maroc est la course par laquelle j’ai commencé le rallye-raid avec la première Peugeot. Les résultats n’ont pas toujours été au rendez-vous, mais j’ai toujours réalisé de bonnes perfs, sans jamais trop de réussite. Il n’y a pas de pression, pas d’obligation de gagner ici, je vais essayer de prendre les choses comme elles viennent et de bien bosser pour faire du mieux possible mais surtout pour préparer la suite. »
Guerlain Chicherit (X-raid Mini JCW) : « Honnêtement je suis très content de reprendre l’histoire Mini, tout le monde sait comment elle s’est terminée pour moi ! J’ai fait mes classes entre temps dans différentes disciplines. X-raid a gagné quelques Dakar de son côté. Notre réunification peut être fructueuse, c’est le bon moment. Sven avait envie que cette auto avec le moteur essence performe et il était prêt à mettre les moyens, il l’a déjà fait par le passé. Je connais très bien X-raid, j’ai retrouvé tous mes mécanos de l’époque, j’arrive un peu comme à la maison. On a un projet sur plusieurs années. La voiture est à 80 % de son potentiel aujourd’hui. Le châssis est hors norme, c’est une de mes grosses motivations. Changer le moteur va demander beaucoup de travail. Il nous reste trois mois avant le Dakar. On ne comblera pas les 20 % manquants, mais si on atteint 15 % on aura fait un bon bout de chemin. »
Carlos Sainz (Ford M-Sport) : « C’est toujours spécial de prendre le départ d’une course avec une nouvelle voiture, spécialement en rallye-raid. Nous avons beaucoup travaillé en test et le Rallye du Maroc est très important en vue du Dakar. L’arrivée de deux constructeurs qui ont choisi de très bons pilotes est un moment très intéressant et positif pour la discipline. »
Ross Branch (Hero MotoSports) : « Comme toujours, le Rallye du Maroc offre un spectacle fantastique. C’est comme un mini Dakar et c’est vraiment bien de voir autant d’engagés, cela montre que notre sport est en bonne forme. Je suis très heureux d’être en tête du championnat à l’approche de la dernière manche. Il est évident que Honda a une équipe très forte qui va tout donner. Mais nous sommes prêts à relever le défi. L’équipe a travaillé très dur et moi aussi. J’ai hâte d’aller m’amuser dans le désert. J’ai également hâte de participer à une course qui offre beaucoup de possibilités de navigation. Je souhaite à tout le monde le meilleur et que le meilleur homme et la meilleure équipe gagnent ! »
Ricky Brabec (Monster Energy Honda) : « Les cinq jours vont être longs. Il y a trois personnes qui peuvent gagner le championnat. J’ai manqué deux manches cette année, c’est donc un peu difficile, mais tout peut arriver en rallye. Je vais faire de mon mieux toute la semaine. Gagner le championnat serait vraiment cool, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel je me suis concentré toute l’année. La pression ne va pas m’atteindre, je vais juste faire de mon mieux. Dans un jour ou deux, nous aurons peut-être une meilleure idée de la façon dont la course va se dérouler. »
Carter Klein (HT Rally Raid) : « Je viens des bajas, je pense que je ne connais pas tout de ce qui m’attend ici, comme les symboles et leur signification que je dois encore tous apprendre par cœur. Je suis avec l’équipe HT Rally Raid parce que Mason mon frère m’a dit d’aller avec eux. N’attendez pas d’exploits de ma part, même si les terrains ressemblent à ceux que l’on a autour de chez nous, je n’ai jamais roulé dans les dunes, je veux juste finir la course. »