VOILE : Finistère Atlantique – Le Maxi Banque Populaire XI en tête à l’approche de Gibraltar
Après un peu plus de 48 heures de course, le Maxi Banque Populaire XI, leader de la Finistère Atlantique, est sur le point de franchir le détroit de Gibraltar ce lundi après-midi, avec une cinquantaine de milles d’avance sur le Maxi Edmond de Rothschild.
Derrière, Sodebo Ultim 3 et surtout Actual Ultim 3 ont été freinés dans la dorsale au large du Portugal, tandis que SVR – Lazartigue a effectué un arrêt express à Cascais pour changer de grand-voile.
Comme la première, qui aura offert aux cinq équipages une belle variété de conditions, la seconde journée de la Finistère Atlantique a été bien animée, à l’avant comme à l’arrière de la flotte. Après le passage du cap Finisterre dans des conditions musclées dimanche matin, les ULTIM®️ ont, comme prévu, dû traverser une dorsale anticyclonique au large du Portugal, mais tous n’ont pas été logés à la même enseigne.
Arrivé le premier dans cette zone de vents faibles dimanche en fin d’après-midi, le Maxi Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h) a finalement été peu freiné. Reparti plein pot en fin de nuit, l’équipage mené par Armel filait en direction du cap Saint-Vincent, franchi à 30-35 nœuds de vitesse lundi matin. « Notre position sur le plan d’eau est plutôt sympathique à regarder, ça fait plaisir d’être devant pour l’instant », souriait ainsi au lever du soleil Corentin Horeau, pas mécontent du joli coup joué au large de Lisbonne. L’équipage n’a pour autant pas été ménagé puisqu’il a dû réparer une fuite d’huile au niveau du circuit du foil tribord. Occupé quelques heures dans le flotteur, le directeur technique du Team Banque Populaire, Pierre-Emmanuel Hérissé, n’a pas démérité. Plus de peur que de mal visiblement pour le trimaran bleu et blanc qui, dans la nuit de dimanche à lundi, a vu son avance se multiplier par cinq (une cinquantaine de milles) sur son poursuivant immédiat, le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier), handicapé lundi matin par un problème au niveau du safran bâbord (résolu depuis) et parvenu de justesse à ne pas se faire avaler par la dorsale anticyclonique. Au contraire de Sodebo Ultim 3 et surtout d’Actual Ultim 3, qui ont perdu gros dans l’affaire, relégués lundi après-midi à environ 200 et 300 milles du leader.
Le premier a finalement récupéré du vent lundi à la mi-journée, comme l’a raconté Nicolas Troussel : « On est à plus de 30 nœuds dans 15-17 nœuds de vent, on tire des bords au portant le long de la côte portugaise. La nuit a été un peu compliquée avec peu de vent dans la dorsale, on a réussi à s’en extraire comme on pouvait, mais on est un peu déçus parce qu’on a vu les deux premiers bateaux passer comme une fleur. On a perdu pas mal de terrain, mais la route est longue, il peut encore se passer pas mal de choses. »
A bord d’Actual Ultim 3, le moral semblait davantage atteint, son skipper Anthony Marchand confiant, face au spectacle d’une mer d’huile : « Nous sommes en plein dans la dorsale où le vent est quasi inexistant, ce qui donne l’impression d’être sur un lac. Nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre qu’elle se dissipe. Nous n’allons sans doute pas retrouver du vent avant la fin de la journée, au large du cap Saint-Vincent. Alors qu’on pensait que la flotte allait se regrouper dans la pétole, finalement les riches sont devenus plus riches. On reste néanmoins optimistes car la situation semble compliquée en Méditerranée. On espère qu’elle finira par tourner à notre avantage. »
Le quatrième du dernier Arkea Ultim Challenge-Brest n’a pas tout à fait tort de croire encore en sa bonne étoile, car si l’avance des deux premiers est désormais assez conséquente, la situation météo en mer d’Alboran, à l’est du détroit de Gibraltar, semble bien compliquée. « Le vent sourit au leader pour le moment car ça part un peu par devant, mais ça peut vite changer. Nous allons nous accrocher car nous sommes encore dans le même wagon météo qu’eux. Il peut y avoir des regroupements d’autant qu’après Gibraltar le vent ne devrait pas vraiment être de la partie », a ainsi commenté Charles Caudrelier, skipper du Maxi Edmond de Rothschild.
« Pour le Maxi Banque Populaire XI et le Maxi Edmond de Rothschild, qui s’apprêtent à franchir le détroit avec du vent pile dans l’axe, la suite paraît bien tordue, avec très peu de vent, analyse de son côté le directeur de course, Francis Le Goff. C’est finalement peut-être là, en mer d’Alboran, que va s’opérer le regroupement qu’on attendait au large de Lisbonne, d’autant qu’Actual Ultim 3 arrivera à Gibraltar avec du vent d’ouest. Maintenant, il faut prendre tout ça avec des pincettes, parce que la météo a tendance à vite changer, comme on l’a vu la nuit dernière, avec le Maxi Banque Populaire XI qui ne s’est pas beaucoup arrêté. »
Tous les espoirs des poursuivants sont donc permis, y compris ceux de SVR-Lazartigue, qui, comme François Gabart l’avait annoncé la veille, a fait une escale technique lundi en fin de matinée à Cascais pour changer de grand-voile après la déchirure de la première au niveau du point d’amure du premier ris. Un arrêt express, puisque le trimaran bleu, rejoint en mer au large de la cité balnéaire portugaise par une partie de son équipe, est reparti à 13h au bout d’une heure et demie de pit stop. Flashé à plus de 30 nœuds et aux trousses de Sodebo Ultim 3 (à une quarantaine de milles) deux heures plus tard, la course-poursuite ne fait que commencer.