13 Août2024
JEUX OLYMPIQUES : Corps de femmes, regards d’hommes. Enquête sur le sex-appeal des athlètes olympiques
Lorsqu’on interroge un échantillon représentatif de Français(es)* sur le sex-appeal des différentes disciplines olympiques, « l’image sexy » des athlètes s’avère avant tout boostée par un regard masculin, symptomatique d’une sexualisation des corps des sportives de haut niveau, notamment dans des activités nautiques ou artistiques mettant en avant leurs formes et plus largement des qualités dites « féminines » comme la grâce ou la minceur.
Les chiffres clés de l’enquête
1 – Justaucorps échancré, maillot de bain trompe-l’œil, bikini imposé dans les sports de plage
Ce sont les activités artistiques (gymnastique), nautiques (natation, surf, plongeon…) ou de plage (volley, handball) dans lesquelles le corps est le plus dénudé ou sexualisé par leurs tenues vestimentaires qui sont les plus sexy aux yeux de l’opinion publique : la gymnastique (33%) s’impose comme le sport ayant le plus de sex-appeal, devant les différents sports nautiques : 29% pour la natation artistique, 28% pour la natation sportive, 17% pour le surf, 13% pour le plongeon. L’athlétisme (13%), ou la plupart des femmes portent un ensemble brassière-culotte, se hisse dans le top 5 des sports les plus sexy, devant notamment le volley (10%) et le tennis (10%).
2 – Cette érotisation des sports olympiques tient pour beaucoup à un « male gaze »…
… si l’on en juge par le fait que les hommes sont systématiquement (ou presque) plus nombreux à juger ces disciplines « sexy », le gender gap étant particulièrement sensible pour ce qui est du volleyball – jugé sexy par quatre fois plus de Français (16%) que de Françaises (4%). Il est vrai que la question des tenues agite depuis des années les milieux des sports de plage, des joueuses de handball de plage s’étant notamment opposées aux tenues trop ajustées imposées aux femmes dans les règlements.
Néanmoins, il est à noter que le gender gap est moins sensible concernant certaines disciplines où les femmes partagent une vision « sexy » du corps dans des proportions relativement peu éloignées de celles des hommes. C’est le cas particulièrement des disciplines comme la natation artistique (jugée sexy par 25% des femmes contre 34% des hommes) et la gymnastique (à 30% des femmes contre « à peine » 37% des hommes). Pour cette dernière discipline, de longue date investie par les deux sexes, les épreuves par appareil réservées aux hommes (anneaux, barres parallèles, etc.) mettent en avant leur musculature et des qualités dites « masculines » comme la force et l’endurance physique sous le regard intéressé d’une part, certes minoritaire, mais non négligeable de la gente féminine.
3 – Globalement moins perméables aux sex-appeal des athlètes, les Françaises ne sont pas pour autant insensibles aux corps musclés qu’elles peuvent observer dans des épreuves nautiques comme le surf ou des sports collectifs comme le rugby.
En effet, parmi les trois seuls sports jugés plus sexy par les femmes, on compte le surf de Kauli Vaast (à 19%, contre 15% des hommes) et le rugby à sept d’Antoine Dupont (à 8% contre 2% des hommes). Si peu d’hommes sont attirés par des femmes investissant des corporéités habituellement perçus comme « masculins » (ex : lutte, haltérophilie, sports motorisés…), on note à l’inverse un certain penchant féminin pour les corps des athlètes masculins jouant de leur force physique.
A l’heure où certaines sportives ont une nouvelle fois dans l’histoire des Jeux suscité des doutes quant à leur identité de genre (ex : la boxeuse algérienne Imane Khelif), force est de constater que les femmes semblent toujours risquer d’écorner leur féminité à investir des sports d’affrontement et de risque dans la mesure où ces derniers (ex : lutte, cyclisme, haltérophilie, sports motorisés…) impliquent une force physique socialement et culturellement associée à la masculinité. Malgré les récentes évolutions de la législation et des acteurs du monde sportif, ce risque pèse toujours sur les athlètes féminines qui ne correspondent pas aux normes de beauté féminine idéalisées dans les médias ou la publicité. L’image des sports olympiques reste donc soumise à une division très sexuée du sport qui valorise l’esthétique chez les femmes et la force physique chez les hommes.
Une étude dirigée par :
Audrey Mandefield, Chargée de comptes sénior
Pauline Poché, Cheffe d’équipe Insights
« Étude discurv pour XloveCam réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 12 au 15 juillet 2024 auprès d’un échantillon de 500 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.