VOILE : Transat Jacques Vabre – Benjamin Ferré 1er bateau à dérives, 13ème au classement général
Benjamin Ferré et Pierre Le Roy (Monnoyeur/Duo for a job) ont terminé 13es de la mythique Transat Jacques Vabre en Imoca.
Ils sont aussi le premier bateau à dérives à avoir franchi la ligne d’arrivée, à Fort-de-France (Martinique), ce mardi à 1h11’22 », après 13 jours, 20 heures, 41 minutes et 12 secondes en mer.
Première Transat Jacques Vabre pour Benjamin Ferré et Pierre Le Roy, sur Monnoyeur/Duo for a job. Et une course dans la course, celle des bateaux à dérives, remportée par Pépin et son acolyte face à Guirec Soudée/Roland Jourdain (Freelance.com) et Louis Duc/Rémi Aubrun (Fives group – Lantana environnement). Notamment.
Une remontada – jusqu’à la 3e place au général ! – après la casse du départ les ayant obligés à faire demi-tour, une dépression tropicale, des heures et des heures passées par Pierrot devant l’ordinateur pour étudier la météo… Et une 13e position finale !
Et Pépin ne va pas s’arrêter là ! Après un ti punch (plusieurs ?) et quelques jours de repos bien mérités, il reprendra la mer tout seul, le 30 novembre prochain, pour le Retour à la Base, course en solitaire réservée aux Imoca et qualificative pour le Vendée Globe 2024, son prochain grand défi.
ALORS, ÇA FAIT QUOI PÉPIN ?
« La première satisfaction, c’est de terminer. Il y a 20% des bateaux qui ne sont pas à l’arrivée, c’est un chiffre que je trouve marquant. C’était notre premier objectif.
Le deuxième, c’était de prendre du plaisir, et on l’a atteint haut la main avec le duo qu’on forme. Je suis hyper heureux de cette association parce que c’était un peu un pari au début de l’année : j’avais beaucoup hésité entre changer de co-skipper à chaque course et peut-être partir avec des gens qui étaient un peu plus expérimentés en Imoca. Et finalement, je me suis dit que la clé, ce serait de travailler un domaine en particulier.
J’avais vraiment envie d’approfondir la stratégie et la météo, et c’est vrai que j’ai beaucoup vu Pierre à l’oeuvre ces derniers jours et ces dernières semaines, et quand on regarde la trace – j’aime bien prendre l’image du skieur qui laisse sa trace dans la poudreuse -, c’est vraiment joli. Stratégiquement, on n’a pas fait beaucoup d’erreurs, ça a été un vrai bonheur de travailler avec Pierre et d’apprendre énormément à ses côtés : comment apprivoiser la météo et surtout comment transformer la connaissance et l’analyse de données auxquelles on a accès sur le bateau en stratégie et en performance. C’est ce que j’ai appris sur cette course et ça, c’est génial. C’était le troisième objectif.
Le quatrième, enfin, c’était la connaissance du bateau. On a pris cette option Nord parce qu’on avait confiance en l’équipe qui avait préparé le bateau et confiance en sa capacité à résister à des conditions assez fortes. C’était l’occasion, quand la question s’est posée, d’aller sur une route un peu plus engagée. On n’a pas hésité très longtemps, parce que c’était l’option la plus pertinente pour rattraper notre retard sur le groupe du Sud mais c’était surtout une opportunité de tester le bateau. Je n’oublie jamais que cette course, c’est une étape préparatoire pour le Vendée Globe et amener le bateau dans ces conditions-là et pouvoir tirer dessus comme on l’a fait, c’était hyper intéressant pour le projet. »
ET TOI, PIERROT ?
« C’est vraiment cool la manière dont s’est passée cette Transat après le petit coup de chaud du début et ce départ retardé. Ça ne nous a finalement pas desservis car on est très vite repartis avec un super état d’esprit, en mode « guerriers ». On a juste un peu de retard mais ça ne change rien, notre volonté c’est à fond tout le temps et faire la meilleure stratégie possible pour être devant dès qu’on en a l’occasion. »
« La coloc’ s’est passée comme le reste de l’année, trop cool. Il n’y a eu aucune tension, on a vraiment des caractères qui matchent bien pour faire un équipage en double, pas de doute. On se marre bien, on a créé nos petits délires au cours de la Transat. Le rythme n’a pas changé, on a retrouvé assez rapidement celui qu’on avait lors des courses d’avant-saison : moi, un peu plus à la table, Benjamin, un peu plus à donner le rythme dans les manoeuvres. Bonne ambiance. On a même eu le temps de discuter un peu plus longtemps à certains moments, de tout et de rien, de bateaux mais aussi d’autres trucs. »
« Une anecdote qui résume bien notre état d’esprit : vu la position dans laquelle on était ces derniers jours, avec des bateaux derrière qu’on souhaitait contrôler pour faire en sorte qu’ils ne nous doublent pas et des bateaux devant qu’on pouvait encore espérer rattraper, Benjamin avait tendance à se dire « on va pouvoir rattraper ceux de devant » et moi « déjà, la place qu’on a, elle n’est pas assurée, il faut se mettre à tel ou tel endroit pour ne pas se faire doubler ».
LE MOT DE LA FIN POUR PÉPIN
« Je suis très heureux de ce résultat-là, mais l’essentiel, ce sont les gens qui supportent ce projet, je reviens toujours à ça. Bien sûr, il y a la performance, l’apprentissage, la préparation du Vendée Globe, mais ce qui me fait le plus vibrer, en dehors de la compétition, ce sont les gens que ça fait rêver derrière. Quand j’ai le temps, en mer, de lire les quelques messages qu’on reçoit et de voir ce que ça suscite à terre, je me dis que c’est pour ça que ce qu’on fait est extraordinaire. Parfois, je me demande un peu à quoi ça sert, et quand je vois le bonheur et les sensations que ça peut procurer aux gens, ça donne du sens. Je suis toujours aussi heureux en mer et de partager ça avec le plus grand nombre. Ç’est ça qui est important et qui, à mon sens, est à l’image du projet. »