VOILE : L’humain, un facteur clé dans un projet en double
Lorsque l’on dispute une course en double, et plus encore lorsque l’on se prépare pour un objectif majeur en solitaire tel que le Vendée Globe, le choix du co-skipper est, certes, cornélien, mais essentiel pour avancer et progresser.
Pour apprendre de l’autre, ne serait-ce que dans la méthode. Cela, Giancarlo Pedote l’a bien compris. Après deux premières participations à la Transat Jacques Vabre en tant que co-skipper puis deux autres en tant que chef de son propre projet à bord de Prysmian Group, le navigateur Italien sait pertinemment que le facteur humain est un élément clé dans la performance. Qu’une bonne entente et une communication efficace comptent pour atteindre un niveau de succès plus élevé. La preuve avec un petit retour en arrière concernant ses duos sur cette fameuse Route du Café.


C’est un fait, dans le sport, qu’il se pratique en double ou en équipe, le facteur humain est un élément clé. Les points à prendre en compte pour déterminer son binôme ou ses acolytes ? Les compétences, la personnalité, l’expérience et la motivation. Cela ne garantit évidemment pas toujours la réussite, toutefois l’expérience le montre bien souvent : lorsque le courant passe parfaitement bien entre les hommes, la performance en découle quasiment systématiquement. « Lors de ma première Transat Jacques Vabre, en 2015, j’avais eu la chance d’embarquer au côté d’Erwan Le Roux, alors déjà vainqueur de l’épreuve en 2009 puis en 2013, dans la catégorie des Multi50 (aujourd’hui Ocean Fifty). Compte-tenu de la météo, qui avait vraiment été dure, avec une vilaine dépression à gérer dès les premiers milles et qui, je me souviens, avait généré beaucoup d’abandons chez les nouveaux foilers en IMOCA, on avait bien morflé », se souvient le skipper de Prysmian Group qui, avec son binôme, avait été confronté à une certaine adversité. Une somme d’obstacles qui les avait obligés à se soutenir mutuellement pour surmonter la difficulté et le stress de la situation. « Cela nous avait poussés à nous concentrer sur notre objectif commun plutôt que sur nos différences », note le Florentin, rappelant par ailleurs que pour qu’un duo se soude, il est important d’avoir une communication ouverte et honnête, mais également une confiance et un respect mutuels. « Ça avait été dur. Long aussi, puisque l’arrivée avait alors lieu à Itajai, mais on avait, malgré tout, réussi à aller chercher la victoire ! », relate Giancarlo qui ne pouvait, de fait, pas espérer meilleur épilogue pour sa première expérience en multicoque. Une expérience qui a succédé, deux ans plus tard, à une autre « première », mais en IMOCA cette fois, au côté de Fabrice Amedeo.
Un leadership efficace pour plus de cohésion
« L’édition 2017 de la Route du Café m’a effectivement permis de découvrir le monde de monocoques de 60 pieds. J’avais adoré découvrir un nouveau bateau et une nouvelle classe et c’était chouette d’avoir pu le faire sans trop de pression. Lorsque l’on est « juste » co-skipper, on a seulement à poser son sac dans le cockpit et à s’occuper du piano mais j’ai vite compris que manager un projet IMOCA ne ressemblait en rien à la gestion d’un projet Mini 6.50 », relate l’Italien qui a donc, dès l’édition suivante, en 2019, pris part à la course à la tête de sa propre équipe. « Pour m’épauler, j’avais choisi Anthony Marchand, durant ces années de Figaro, ce dernier étant réputés à la fois rigoureux et pointus, notamment sur les réglages, mais aussi rompus à la régate au contact. Humainement, ça a été très riche. Ça n’avait pas été facile et monter à bord avec tout le poids du projet sur les épaules mais je garde un très bon souvenir de cette transat avec ma nouvelle casquette et mes nouvelles responsabilités. C’est d’autant plus vrai que l’arrivée était jugée à Salvador de Bahia, une ville chère à mon cœur car évocatrice de la Mini Transat », détaille le navigateur qui tire alors une leçon importante : un leadership efficace aide à renforcer la cohésion. « Ma dernière participation, il y a deux ans, avec Martin Le Pape, a été une vraie réussite sur le plan humain. Toutes les cases ont ainsi pu été cochées, y compris celle du résultat, avec une belle 6e place à l’arrivée à Fort-de-France. En un mot, ça avait été extra, même si vingt jours de mer, ça reste long et qu’on avait bien souffert de la chaleur », souligne le skipper de Prysmian Group qui a fait le choix, cette année, de Gaston Morvan, un profil très similaire à celui de Martin et Anthony Marchand. « La page est blanche mais nous avons de belles choses à écrire ensemble. A nous de créer la plus belle synergie possible autour de notre objectif commun. Un objectif qui reste de faire du mieux possible avec les armes dont on dispose ».