OMNISPORTS : L’interview de Paul-Henry BIZON, auteur de l’ouvrage Olympia
Dans Olympia (Gallimard), Roxane Vidal, directrice marketing d’un horloger de luxe suisse, choisit Marie-José Pérec comme égérie de la marque pour les JO 2024.
La rencontre avec la championne olympique va faire ressurgir des traumatismes lourds chez la jeune femme, pour qui Marie-Jo devient une figure protectrice. Rencontre avec Paul-Henry Bizon, au sujet de son deuxième roman.
Les Sportives : Comment est venue l’idée d’écrire ce roman ?
Paul-Henry Bizon : Le premier moteur de ce livre est ma fascination pour Marie-José Pérec. C’est un souvenir d’adolescent. Je l’admirais beaucoup et j’avais gardé le souvenir de sa disparition à Sydney que je trouvais très romanesque. Vingt-ans après, elle a acquis une dimension légendaire qui résonne très fort avec l’actualité sportive, notamment avec les prises de parole de Simone Biles et de Naomi Osaka.
Qu’incarne Marie-José Pérec pour vous ?
À cette époque, je pratiquais plusieurs sports dont le football, le tennis et l’athlétisme. Je connaissais la souffrance que peut engendrer le sport. Et j’admirais Pérec car elle ne semblait pas souffrir ! Elle incarnait la puissance et la fragilité, quelque chose de l’ordre de la facilité, de la grâce. Elle était très rapide pour le 400 mètres, une distance où c’était habituellement la force qui prédominait. Plus personnellement, le souvenir que je gardais d’elle me renvoyait à un temps d’innocence.
Lorsque je la regardais courir, je voyais une sœur, une Française qui défendait le pays auquel nous appartenions à égalité. Je me fichais de sa couleur de peau, je ne la voyais même pas. J’ai l’impression que son absence à Sydney coïncide avec une période où le monde change brutalement et s’engage sur une voie délétère. Un an plus tard, deux avions percuteront le World Trade Center. Deux ans plus tard, le Front National se qualifiera pour le second tour des élections présidentielles, etc.
Il faut se souvenir que lorsqu’elle quitte Sydney, elle est véritablement lynchée par un certain nombre de personnes qui n’attendaient que cela. Certains vont s’attarder sur sa couleur de peau, ses origines, la qualifiant de diva, sous-entendant qu’elle s’est dopée… Il est évident qu’elle n’aurait pas subi le même déchaînement si elle avait été un homme blanc.
SOURCE : Les Sportives