VOILE : François GABART et le Trimaran SVR-Lazartigue, dauphins de l’Atlantique
François Gabart et le Trimaran SVR-LAZARTIGUE, dauphins de l’Atlantique.
Aux commandes du Trimaran SVR-LAZARTIGUE, François Gabart a bouclé ce mercredi la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Il s’offre une belle deuxième place, après 6 jours, 23 heures, 3 minutes et 15 secondes de course (avant jury) pour traverser l’Atlantique, de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre.
Déclarations arrivée
Une course en plusieurs actes
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François Gabart et la Route du Rhum
Un peu avant 8h20, heure de la Guadeloupe (13h20 en métropole), sous un ciel et sur une eau aussi bleus que sa coque, le Trimaran SVR-LAZARTIGUE s’est engouffré dans la baie de Pointe-à-Pitre. Point final de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, une aventure entamée il y a moins de sept jours à Saint-Malo. Deuxième à 3h30 de Charles Caudrelier et son Maxi Edmond de Rothschild, François Gabart, aux avant-postes depuis les premiers milles, a mené une formidable course particulièrement éprouvante les premiers jours lors de la descente de l’Atlantique nord.
Mis à l’eau seulement en juillet 2021, le Trimaran SVR-LAZARTIGUE a de nouveau démontré son énorme potentiel. À l’exception de l’avarie subie juste après le passage des Açores (voir plus bas), le bateau, déjà deuxième l’an dernier sur la Transat Jacques-Vabre (en duo avec Tom Laperche), a tenu un rythme incroyable tout au long de l’épreuve avec souvent des vitesses supérieures à 40 nœuds (environ 80 km/h). Au total, François aura parcouru 4380 milles (soit environ 8000 km) pour relier la Guadeloupe (route optimale 3542 milles, soit environ 6560 km). En passant sous les 7 jours de course, il affiche un chrono inférieur au précédent record détenu par Francis Joyon sur Idec Sport (7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes).
François Gabart « une course dont je suis fier ».
« On a vibré. C’était une belle route du Rhum. C’était intense. Il y a eu une belle régate, c’était génial jusqu’au bout. Sur la Route du Rhum, il se passe toujours quelque chose et cette édition était très serrée avec également Thomas (Coville) qui arrive dans quelques heures. On s’est bien tiré la bourre. Je me suis bien fait plaisir. C’est une course dont je suis fier. Je suis content pour le bateau, pour l’équipe et pour moi. On peut encore progresser, il y a encore plein de choses à améliorer mais on n’a pas à rougir. On peut regarder derrière et se dire qu’on a fait du bon boulot.
Cette deuxième place est différente de celle de 2018. Je mets d’ailleurs plus de temps à réaliser. Forcément il y a toujours un peu de déception car on aurait aimé être devant. Ce serait trop simple d’évoquer le problème de foil car la course aurait été différente. Mais c’est trop facile de refaire la course après car c’est une succession de plein de petites choses. Si je fais mon autocritique, peut-être que je n’ai pas été assez agressif sur la ligne de départ. Je voulais assurer. Charles a été au-dessus tout de suite. Mais terminer deuxième d’une Route du Rhum, ce n’est pas rien. Par rapport à il y a quatre ans, cette deuxième place est prometteuse et car c’est le début de la vie de ce bateau alors que c’était presque la dernière du bateau précédent. Elle augure de belles choses.»
Début de course engagé en mode régate
Mercredi 9 novembre, 14h15, au large de Saint-Malo, le départ, initialement programmé le dimanche précédent mais reporté en raison des conditions météorologiques, libère les 138 bateaux au départ dans les six catégories. Très vite les Ultims se détachent et entament une course effrénée. Dans des conditions très engagées avec une succession de plusieurs fronts à affronter et de la navigation au près (vent de face), les bateaux de tête ne se lâchent quasiment pas. Les écarts sont infimes notamment entre les quatre premiers avec parmi eux François Gabart à la barre du Trimaran SVR-LAZARTIGUE. Pendant ces premiers jours, François, à la lutte avec Charles Caudrelier et Maxi Edmond de Rothschild, pointe en tête de la course à plusieurs reprises.
On répare… et on repart
Dimanche 13 novembre. Après le passage des Açores et au moment de toucher enfin les alysés (vents portants), François connait une grosse alerte. « Alors que je dormais, pam, un gros boum me réveille et le bateau ralentit d’un coup. Pour accrocher le foil au vérin, on a une estrope (anneau en cordage) assez grosse et elle a cassé. Le foil était toujours là mais était remonté de façon assez violente dans un gros bruit mais heureusement sans se casser. » Toute l’équipe est rapidement concertée et la réparation peut être lancée. Deux heures quasi à l’arrêt avant de repartir. « Je suis vraiment super content d’avoir réussi à bricoler et à repartir. Le bateau va bien et va vite. Le Trimaran SVR-Lazartigue est à nouveau 100% opérationnel. » L’arrêt a fait perdre une cinquantaine de milles au Trimaran SVR-LAZARTIGUE. L’écart tourne désormais autour des 100 milles. Dans les heures qui suivent, François grappille quelques milles à chaque pointage. L’écart se stabilise finalement entre 50 et 60 milles.
Jouer la gagne jusqu’au bout
Mardi 15 novembre, fin d’après-midi en métropole, à environ 400 milles de l’arrivée, François croit encore à la victoire. « Il peut encore se passer plein de choses. Je suis au taquet, je suis à fond. Le classement est un peu figé depuis un moment mais la course se joue jusqu’au bout. Il y aura sans doute une belle régate et on va saisir toutes les opportunités, on a envie de jouer la gagne jusqu’au bout. Ça a un petit avantage aussi d’être le chasseur : je n’ai pas grand-chose à perdre. J’ai aussi envie de profiter de ces derniers runs dans l’alizé. Le bateau vole, on va à plus de 30 nœuds, je le redis : c’est un privilège extraordinaire de pouvoir naviguer sur ces bateaux dans ces conditions. C’est du kiff. Vous pouvez compter sur moi pour ne rien lâcher jusqu’au dernier moment. »
Dans le même temps, Charles Caudrelier se méfie. « J’ai peur que François me fasse une Joyon, qu’il se venge de la dernière fois ! » confie-t-il en référence au finish de la dernière édition quand François Gabart avait près de 150 milles d’avance en approche de la Tête à l’Anglais, avant de se faire devancer d’à peine plus de sept minutes par Francis Joyon.
Les dernières heures de course
« Hier soir, la situation pour faire le tour de la Guadeloupe n’était pas aussi compliquée qu’il y a quatre ans, confie François Gabart. L’avance de Charles était confortable et je voyais que sans incident (ce que je ne souhaitais pas), la victoire était pour lui. Mais on sait qu’il peut se passer plein de choses et je me disais qu’il fallait vraiment jouer jusqu’au bout. Dans un coin de ma tête, je me disais de faire comme si je jouais la victoire, que chaque seconde pouvait être importante même s’il ne fallait pas prendre de risques inconsidérés. »
A destination en moins de 7 jours !
Un peu avant 9 heures, heure métropolitaine, François franchit la Tête des Anglais, au nord de la Guadeloupe. L’écart n’est plus que de 30 milles mais Charles Caudrelier à bord de Maxi Edmond de Rothschild, malgré un gros ralentissement dans les zones sans vent menant jusqu’à la bouée de Basse-Terre, file vers la ligne d’arrivée. Il la franchit et remporte la Route du Rhum – Destination Guadeloupe après 6 jours, 19 heures, 47 minutes et 25 secondes de course améliorant de plus de 18 heures le précédent record établi par Francis Joyon sur Idec Sport, lors de la précédente édition (7 jours, 14 heures, 21 minutes et 47 secondes). Le Trimaran SVR-LAZARTIGUE le suit 3h30 plus tard. En 6 jours, 23 heures, 3 minutes et 15 secondes, un temps également inférieur à celui du précédent record, François et son bateau volant boucle leur aventure transatlantique.
« Charles et le bateau le méritent vraiment. Ce bateau a tout gagné depuis quatre ans, il domine très largement cette Classe. C’est un bateau extraordinaire. On s’en rapproche je crois et peut-être que dans certaines conditions on va même un peu plus vite. Mais vraiment un grand bravo à Charles. C’est un grand marin en solitaire. Il a beaucoup bossé, il a beaucoup progressé avec Franck (Cammas). Il a parfaitement assumé le rôle de favori en étant pratiquement toujours en tête. J’ai réussi à l’embêter à deux ou trois moments mais il le mérite vraiment. » François Gabart.
Une deuxième place prometteuse
« C’est le début d’une histoire. J’apprends beaucoup avec lui. C’était la première fois que j’étais en solitaire pendant quelques jours. La connexion a été forte sur cette course. Plus forte qu’il y a quatre ans sur le bateau de l’époque où nous étions déjà un « couple » habitué. Là on se découvre, on est encore dans cette période d’excitation et de découverte. On prend soin l’un de l’autre. Le bateau a encore progressé avec des phases où on allait très vite. Nos bateaux ont tellement progressé en quatre ans. C’est dingue. Les trois derniers jours, au portant, c’était complètement dingue. Je regardais le bateau naviguer, c’était incroyable. On aurait pu aller encore plus vite avec de meilleures conditions. Même si on ne connait pas encore le programme pour la suite, on est prêt à continuer à faire de très belles choses avec ce bateau. »

















