FOOTBALL : Coupe du Monde au Qatar, alcool, paris et sport, les liaisons dangereuses
Au travers de la société de consommation et de l’avènement de la publicité, « compétition sportive » est devenu un synonyme de « consommation d’alcool » et de « paris sportifs ».
Ce lien tacite et récurrent entre sport et consommation devrait pourtant nous interroger : comment en sommes-nous arrivés à associer une pratique saine telle que le sport, à des produits ou comportements risqués pour la santé ?
C’est le fruit du travail des grands industriels de l’alcool et des sites de paris en ligne, qui exploitent la ferveur populaire des grands événements sportifs (Coupe du Monde, Championnats d’Europe, Jeux Olympiques…) pour déployer des campagnes publicitaires et faire la promotion de leurs produits. Des méthodes souvent abusives, notamment pour les jeunes générations.
Bernard Basset, Président d’Addictions France, l’affirme : « Pour les grands industriels de l’alcool et les sites de paris en ligne, les compétitions sportives sont l’occasion de déployer des campagnes marketing attractives. Elles sont alors visibles de tous, y compris des plus jeunes qui constituent une clientèle qu’ils peuvent faire entrer ou conforter dans la consommation d’alcool et la pratique des paris sportifs. »
Une veille active pour dénoncer « le marketing des addictions »
La Coupe du Monde de football débutera au Qatar le 20 novembre prochain. Tout au long de l’événement, Addictions France restera ainsi vigilante face aux potentielles dérives publicitaires des alcooliers et des opérateurs de jeux.
En effet, pendant l’événement, les publicités pour l’alcool et les paris sportifs seront partout, dans les supermarchés, sur les réseaux sociaux (y compris à travers les influenceurs), dans les transports… Tous les publics pourront être touchés par ces campagnes qui tendent à lier le football à la consommation d’alcool et aux paris sportifs. Dès le lancement de l’événement, Addictions France invite donc les citoyens à partager les contenus publicitaires qui les interpellent. L’association fera part de ses analyses sur les réseaux sociaux et son site web, où plus d’informations sont disponibles sur les possibilités de mobilisation.
Addictions France craint les dérives des grands industriels de l’alcool et des sites de paris en ligne
En effet, l’association avait déjà pu observer, lors de précédents événements sportifs, des dérives flagrantes qui l’ont amenée à plaider pour un encadrement plus rigoureux des publicités. La Coupe du monde de football en 2018 et le championnat d’Europe de Football de 2021 ont ainsi montré :
Une publicité massive pour l’alcool, parfois illégale (pour rappel d’après la Loi Evin, dans une publicité faisant la promotion de l’alcool, le contenu doit être strictement informatif : il est donc interdit d’y associer alcool et pratique sportive).
Exemple d’opérations marketing déployées en magasin et en ligne par les alcooliers pendant la Coupe du Monde de football 2018.
Un matraquage publicitaire des sites de paris en ligne, avec des messages qui poussent au pari et au jeu constant, ciblant notamment les jeunes des quartiers populaires.
Exemples d’opérations marketing déployées par affichage, en ligne et à la TV par les opérateurs de paris en ligne pendant l’Euro de football 2021.
Suite au tollé provoqué par ces techniques publicitaires pendant l’Euro 2021, les opérateurs de jeux d’argent et l’Arcom se sont engagés à diminuer le volume de publicités et à avoir un contenu moins incitatif auprès de jeunes. L’association observera donc attentivement si ces engagements sont tenus. On peut néanmoins déjà en douter au regard de la dernière campagne de Winamax, qui adopte tous les codes des mangas, particulièrement appréciés des jeunes.
Quant aux publicités « alcool », il reste à déterminer si, entre un Mondial très controversé et la période de Noël, les grands industriels de l’alcool (notamment de la bière) déploieront de grandes campagnes marketing. L’association veillera donc à épingler les manquements à la loi Evin.
Encadrer la publicité : un enjeu de santé publique
Rappelons que selon l’OMS, mieux encadrer les publicités qui promeuvent les produits mauvais pour la santé (substance ou non) est une arme politique efficace pour lutter contre les risques et les dommages liés.