VOILE : Route du Rhum – Bon vent KATTAN !
Skippé par François Guiffant, le bateau aux couleurs de l’association Kattan a pris ce mercredi le départ de la 12eédition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
Initialement prévu dimanche, le départ avait été reporté en raison des conditions météorologiques jugées trop dangereuses.
L’image est toujours aussi saisissante. Chaque départ de la Route du Rhum est un moment à part, un cocktail d’émotions d’une extrême intensité. Intense comme l’aventure dans laquelle se sont jetés ce mercredi 138 solitaires, dont 38 embarqués sur des bateaux de la classe Imoca, les monocoques du Vendée Globe de 60 pieds (18,28 m). Parmi eux, avec sa grand-voile où s’expose un grand œil, œuvre de l’artiste français JR, Kattan a coupé cette ligne mythique.
Programmé dimanche, le départ a dû être repoussé à ce mercredi en raison des conditions météorologiques jugées trop risquées pour envoyer la flotte nord (vents violents et mer croisée avec des creux de 7 ou 8 mètres). « C’est une sage décision même si personnellement j’étais prêt à y aller, commente François Guiffant, surnommé par tous « Fanch ». Je m’étais préparé aux deux premiers jours dans la tempête. Mais pour les multicoques c’était trop risqué. Nos bateaux sont plus adaptés à ces conditions, même si je me suis déjà retrouvé dans ce genre de conditions et ce ne sont jamais des moments agréables. »
Amarré depuis le 26 octobre sur le ponton du quai Duguay-Trouin, l’équipe de préparation de Kattan a soigné les derniers détails de préparation, effectué l’avitaillement, répété les dernières vérifications et étudié méticuleusement chaque nouveau fichier météorologique. L’occasion aussi de recevoir plusieurs jeunes venus de la région parisienne avec l’association Kattan et de leur faire découvrir l’univers de la course au large. « On a mis à profit ce temps pour échanger avec les jeunes et les membres de l’association, confie Fanch. Je leur ai parlé des bateaux, ils m’ont parlé d’eux, c’était vraiment un bon moment. »
Désormais, place à la course. « Cela fait deux semaines que nous sommes là et nous sommes tous impatients de partir maintenant, expliquait le skipper juste avant de s’élancer. Avec ce report, il ne fallait pas décrocher. Nous sommes restés très concentrés sur les fichiers météos en essayant de nous projeter. Ça va, j’ai bien dormi et c’est très important au regard de ce qui nous attend. La première nuit, il n’y aura pas beaucoup de sommeil, c’est certain. On part en novembre on sait que ça ne sera pas de tout repos. »
Mardi, Kattan et tous les bateaux de la Classe Imoca avaient largué les amarres, quitté les bassins malouins et franchi l’écluse pour aller mouiller au large sur une bouée d’attente. Une dernière nuit confortable avant d’embarquer, ce mercredi, pour rejoindre la ligne de départ. Quelques minutes avant le départ, Aymeric Belloir et Corentin Cusant, à bord les dernières heures pour gérer le positionnement du bateau au milieu de la flotte ont quitté le monocoque, laissant le skipper seul à la barre.
À 14h15, dans des conditions de mer et de vent idéales, la direction de course a donné le départ. Une libération. « Fanch » a enfin pu s’élancer pour sa première Route du Rhum, au cœur du projet initié par Pierre Lacaze, propriétaire du bateau et co-fondateur de l’association Kattan. Direction Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, via une route de 3543 milles nautique (environ 6562 km) à travers l’Atlantique, avec ses dépressions, ses alysés, ses zones tumultueuses, ses zones déventées au moment de contourner la Guadeloupe, tous ces éléments à maitriser pour rallier l’arrivée le plus vite possible.
Au milieu d’une flotte très dense rendant les manœuvres périlleuses, Fanch a coupé la ligne de départ quelques secondes avant le « go » officiel et a été pénalisé d’un « stop and go » de quatre heures. « Quand le départ est donné, il y a forcément une pointe d’émotion », expliquait le skipper quelques heures avant. Mais pas de quoi écorner son enthousiasme. « Partir en solo, pouvoir m’exprimer sur l’eau, c’est un grand bonheur. L’objectif est de se faire plaisir, avoir une belle trajectoire, faire de belles manœuvres, et de bien finir. Sur la ligne de départ, il y a le plus beau plateau de l’histoire. Il peut y avoir de belles luttes à n’importe quel niveau dans la course. Je pars sans pression mais j’ai l’envie de faire une belle Route du Rhum. » Selon les projections, l’aventure de Kattan devrait durer aux environs de 14 jours. Bon vent !