LOISIRS : Gouffre de Padirac il y a 130 ans, le début d’une incroyable aventure souterraine

Situé dans la vallée de la Dordogne (Lot), le Gouffre de Padirac est une formation géologique unique au monde, qui ouvre les portes d’un monde souterrain de plus de 100 mètres de profondeur.

Une descente de 75 mètres au milieu d’une cavité naturelle circulaire de 33 mètres de diamètre, c’est ainsi que débute l’aventure… Plonger au coeur du Gouffre de Padirac, c’est aussi l’occasion de remonter le temps et de découvrir l’histoire du site et de la région.

COMMENT A ÉTÉ DÉCOUVERT LE GOUFFRE DE PADIRAC ?

Le Gouffre de Padirac va de paire avec la naissance d’une discipline, la spéléologie moderne et la carrière de son père fondateur : Edouard-Alfred Martel.

Tout commence à la fin du 19ème siècle. Ce puit fascine autant qu’il effraye. Il s’ouvre tout rond au beau milieu d’un champ sans aucun signalement, mesure 35m de diamètre et plus de 75m de profondeur. La population le compare aux bouches de l’enfer ! Les bêtes égarées y tombent régulièrement, quand il ne sert pas de zone de déchets aux paysans…

Plusieurs légendes alimentent le mythe du Gouffre de Padirac. L’une d’elle, par exemple, évoque la fin de la guerre de Cent ans et un groupe de soldats anglais dirigé par le Prince Noir, fils du roi Edouard III, qui aurait jeté un fabuleux trésor enveloppé dans une peau de veau. Les paysans ont bien sûr toujours convoité ce butin, mais la peur les empêchait d’y descendre.

C’est le 9 juillet 1889 qu’Edouard-Alfred Martel, un parisien juriste de formation passionné du monde souterrain, âgé alors de seulement 30 ans, arrive à Padirac avec l’idée ferme d’explorer l’abîme. Il suscite l’admiration mais aussi une forme de suspicion pour oser s’aventurer dans ce Gouffre qui impressionne tant.

Et il n’en est pas à son coup d’essai puisqu’un an auparavant, il a effectué la première traversée du torrent souterrain de Bramabiau, situé dans le Gard et exploré plus de vingt abîmes. Aventurier et téméraire, il a en tête de découvrir une rivière souterraine en descendant dans le Gouffre….

C’est ainsi qu’avec son équipe, il s’enfonce au centre de la Terre grâce à un câble de 75 mètres simplement muni de bougies, de cordes en chanvre et d’échelles de cordes. Gênée par le niveau d’eau de ce qui deviendra « La Rivière Plane », l’équipe rebrousse une première fois chemin et ressort de ce « Trou du Diable ».

Le lendemain, dès l’aube, sa force de caractère pousse Martel à redescendre, équipé cette fois d’une lampe à magnésium et d’un canot : il découvre alors, abasourdi, les merveilles de cette cavité rocheuse… L’épopée durera en tout 25 heures en raison des gours, ces barrages de calcite qui obligent les explorateurs à débarquer et transvaser leurs canots et le matériel de part et d’autre de ces barrières naturelles.

Edouard-Alfred Martel, fasciné par le Gouffre et la magie du lieu, songe déjà à ouvrir le site au public… Mais son exploration ne s’arrêtera pas là puisqu’une question le hante désormais : « où cela se finit-il ? »

14 mois plus tard, Martel retente l’expédition pour aller encore plus loin. C’est ainsi qu’avec son équipe, il découvre la salle du Grand Dôme et son Lac Supérieur. Pendant 10 ans, les explorations vont se succéder entre découvertes, émerveillement et études scientifiques.

Époustouflé par la beauté de cet écrin naturel exceptionnel et avec le profond souhait de transmettre son savoir au public, Edouard-Alfred Martel se met en tête de partager sa découverte avec le plus grand nombre…

LA CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ D’EXPLOITATIONS SPÉLÉOLOGIQUES

DU GOUFFRE DE PADIRAC

E-A Martel travaille d’arrache-pied au montage économique du projet d’aménagement du site pour accueillir le public. L’année même de sa découverte (1889), il a commencé à faire le tour des éventuels financiers avec son co-équipier et cousin Gabriel Gaupillat. Et avant même de penser à aménager le site, il fallait acheter les terrains au-dessus de la cavité. Martel mit plus de 6 ans pour acquérir l’ensemble des parcelles, en se heurtant aux prétentions pécuniaires des 15 propriétaires. Cependant, l’abbé de Laroussilhe, curé de Padirac et fidèle allié de Martel, réussit à convaincre les paysans de vendre leurs terres.

C’est ensuite par un pur hasard qu’il rencontre George Beamish, ce dernier retrouvant à l’arrière d’un fiacre des documents et notes oubliés par Édouard-Alfred Martel.

Les deux hommes choisissent alors de s’associer et fondent en 1898 « La Société d’Exploitations Spéléologiques de Padirac » ayant pour objet l’aménagement de l’accès et l’exploitation de la visite des grottes, gouffre et rivière du puits de Padirac.

Le 1er novembre 1898, les premiers visiteurs payants descendent dans le gouffre sous le contrôle fébrile des guides débutants. Hélas, George Beamish ne verra pas son rêve se concrétiser puisqu’il décèdera avant l’inauguration du site.

C’est alors son fils, William Beamish, qui contribuera à l’essor et au développement touristique du Gouffre de Padirac, un engagement intergénérationnnel assuré depuis 2005 par son arrière-petite fille, Laetitia de Ménibus-Gravier, représentante de la cinquième génération familiale d’administrateur du site. Elle engage alors un tournant marquant de son histoire : la restauration de l’image et de l’attractivité de cette exception géologique. Elle propose aujourd’hui aux visiteurs une programmation culturelle et artistique qui dépasse le simple cadre de la visite et offre l’accès « à tous et pour tous » à cette merveille naturelle.

L’INCROYABLE AVENTURE SOUTERRAINE DE NOS JOURS

La visite du Gouffre de Padirac débute par une descente vertigineuse au coeur d’un Gouffre luxuriant, avant d’atteindre les galeries souterraines à 103 mètres de profondeur. Celle-ci se poursuit dans la Galerie de la Source et ses parois rocheuses polies par des siècles d’érosion.

Quelques centaines de mètres plus loin, les visiteurs arrivent à l’embarcadère où ils sont accueillis par nos bateliers passionnés qui les invitent à glisser pendant plus de 500 mètres sur la Rivière Plane. Une promenade au fil de l’eau où se dévoilent soudainement la Grande Pendeloque, cette majestueuse stalactite de 60 mètres de longueur.

L’aventure se poursuit à pied vers les plus belles salles du Gouffre. Les visiteurs s’engagent dans un rétrécissement du passage le long de la Grande Colonne, monumentale coulée de calcite de 75 mètres de longueur, avant de découvrir le Lac des Gours. Ici, la calcite a créé des barrages gracieusement ondulés et de magnifiques miroirs d’eau.

L’ascension d’une cinquantaine de marches mène enfin vers l’imposante Salle du Grand Dôme, véritable cathédrale souterraine de 94 mètres de hauteur où trône la fameuse Pile d’Assiettes comme déposée au-dessus du tranquille Lac Supérieur, dernière étape de ce périple vertigineux.

À PROPOS DU GOUFFRE DE PADIRAC

Situé dans le département du Lot, au coeur de la Vallée de la Dordogne et à deux pas de Rocamadour, le Gouffre de Padirac est le premier site du patrimoine naturel souterrain en France.

Cette Cavité naturelle de 33 mètres de diamètre et de 75 mètres de profondeur ouvre les portes d’un voyage souterrain pédestre et navigable de 2 km.

Découvert en 1889 par Edouard-Alfred Martel et ouvert au public il y a plus de 130 ans, le Gouffre de Padirac a émerveillé plus de 26 millions de visiteurs.

3ème site le plus visité d’Occitane après le Pont du Gard et le Château et remparts de la cité de Carcassonne, le Gouffre de Padirac a accueilli en 2019 le chiffre record de 503 000 visiteurs.