VOILE : Vendée Globe 2020, bonjour les terriens !
J+103 : Du Cap Vert aux Sables d’Olonne
À retenir :
- Manu Cousin (Groupe SÉTIN) attendu demain, samedi 20 février, entre 6 et 10h du matin sur la ligne d’arrivée
- Deux skippers, Alexia Barrier et Ari Huusela, au grand large du Cap Vert et des Canaries
- Sam Davies et Isabelle Joschke, toutes deuxhors course, jouent la prudence
L’IMOCA Groupe SÉTIN est le prochain attendu sur la ligne d’arrivée demain entre 6h et 10h du matin dans des conditions très toniques : 25-30 nœuds de vent et une grosse mer. Manu Cousin sera le 23e skipper de ce 9e Vendée Globe à embouquer le chenal des Sables d’Olonne. Une arrivée qui promet beaucoup d’émotions tant Manu a su faire partager son bonheur d’être en mer malgré les nombreuses avaries qu’il a surmonté avec patience et philosophie. Avec une quille risquant de se désolidariser à tout instant et un safran fissuré depuis l’océan Indien, Manu Cousin vit pourtant ces dernières heures avec délice. Tout comme Alexia Barrier et Ari Huusela, et les deux femmes courage hors-course mais déterminées à ramener leur bateau en Vendée : Isabelle Joschke et Sam Davies !
« Jamais je n’ai pensé à arrêter, j’ai toujours réfléchi aux solutions pour aller jusqu’au bout. Il faut que je réalise, car il y a quelques années je n’aurais jamais pensé pouvoir être au départ et à l’arrivée de cette course. Je vais profiter d’être encore seul pour penser à ça. » confiait Manu Cousin, très causant à la vacation de ce vendredi matin. Les dernières heures en mer avant de revoir la terre et vivre un tourbillon demeurent un sas indispensable, un moment bien à soi pour prendre du recul. Car ils l’ont fait ! Trois mois de mer, plus ou moins, trois mois seuls à gérer chaque galère, à rester déterminé, et à tenter de grappiller des milles sur les concurrents. « On ne m’a pas mis un fusil sur la tempe pour y aller, je l’ai voulu, c’est une chance de participer à ce Vendée Globe » racontait Miranda Merron hier matin à son arrivée au ponton de Port Olona. Oui, c’est cela qui tient les marins tout au long de l’immense boucle planétaire : terminer à tout prix ce pour quoi ils se sont battus, c’est-à-dire participer au Vendée Globe.
Derniers instants en mer à se refaire le film de la course
« Dans les moments durs, on se demande ce qu’on fait là et dès qu’on rentre on a déjà envie d’y retourner. Les mers du Sud, j’ai compris pourquoi on a envie d’y retourner. J’ai pris tellement de plaisir. » expliquait Manu Cousin ce matin. Il nous racontera tout cela demain, laissons-le rêver encore quelques heures seul sur son bateau…
Avec la succession de dépressions hivernales dans l’Atlantique Nord, la fin de course n’a rien d’un dernier bord tranquille. Pour les deux femmes hors-course, le mot d’ordre reste la prudence. « Avec Isa (Isabelle Joschke), on surveille la météo depuis un petit moment, car on n’a pas envie de prendre du vent trop fort. Hier soir, nous nous sommes dit qu’il fallait ralentir pour laisser passer le plus gros du vent donc depuis cette nuit, on navigue en mode ralenti pour laisser passer le prochain front. » confiait Sam Davies dont le bateau (Initiatives-Cœur) n’est plus en possession de ses moyens. Alexia Barrier continue de naviguer magnifiquement malgré la douleur suite un choc sur sa colonne vertébrale. Elle va désormais attraper le sud d’une dépression et pouvoir cavaler dans des vents portants. Son mot d’ordre : l’anticipation de chaque manœuvre. Quant à Ari Huusela, décidément ultra positif, le temps peut sembler long avant de revoir la terre, mais le Finlandais n’a qu’un mot au bout du fil : « I am super Happy ». Chapeau bas Ari !
ILS ONT DIT…
« J’ai eu énormément de trafic entre le passage du DST (Dispositif de Séparation de Trafic) et cette nuit. Je m’en écarte un petit peu, car on n’est pas loin de la route des cargos. Je suis resté en dessous de leur route pour les éviter, mais il y a de plus en plus de pêcheurs, à mesure que l’on se rapproche des côtes espagnoles. Toutes les alarmes AIS sonnaient cette nuit. Là, je commence à rejoindre le centre du golfe de Gascogne, donc normalement il y aura un peu moins de monde. J’avais encore 40 nœuds de vent et de la mer hachée hier soir. Les prévisions donnent 25-30 nœuds de vent avec du soleil demain matin pour l’arrivée. Mon équipe est actuellement en réunion pour organiser mon arrivée. Sur les derniers fichiers et routages, je devrais arriver au lever du jour, entre 7 et 8 heures. Après le temps que l’équipe monte à bord, on aura peut-être une heure de battement. On peut imaginer une entrée de chenal dans la matinée ! »
Manu Cousin, Groupe SÉTIN
« La vie est belle, comme toujours je suis super heureux, je m’approche de la zone des hautes pressions c’est-à-dire des vents faibles et c’est assez large et compliqué et donc je vais me battre pour la traverser. J’ai 11 nœuds de vent et j’avance à 11 nœuds, donc c’est assez bien en ce moment. J’espère que je vais garder un peu de vent, mais j’ai suivi Alexia, elle va assez bien et elle a fait sept nœuds ou quelque chose comme ça, donc c’est bien pour le moment. Je dois aller un peu plus à l’Ouest pour trouver un moyen de traverser cette zone. Cela semble compliqué de passer cette dernière ligne droite jusqu’à l’arrivée. Le routage quand je reçois une nouvelle prévision est toujours en train de changer, c’est assez différent, de 12 à 15 jours, certaines routes sont assez nord, allant près de l’Angleterre et d’autres plus au sud, tout droit vers la ligne d’arrivée. Nous verrons bien. Après cette zone sans vent, ce sera plus clair, mais ce sera certainement agréable de retourner sur la terre ferme ! Cela fait 103 jours que je suis ici et je commence à manquer de nourriture et de vêtements frais. »
Ari Huusela, STARK
« Je suis super contente pour mon amie Miranda. Je n’ai jamais douté que c’était un très bon marin. Leur projet avec Halvard est vraiment chouette. Ils n’ont pas beaucoup de moyens, mais ils ont réussi à faire quelque chose d’incroyable. La force de Miranda est de connaître parfaitement son bateau malgré le peu de temps qu’elle a eu avant de partir. Je suis hyper contente et fière pour elle. Elle a fait une course magnifique. J’ai adoré partager ça avec elle. On a un groupe WhatsApp avec notre équipage de tentative de trophée Jules Verne en 1998, et même si c’était il y a plus de 20 ans, elles sont tous les jours présentes pour nous. Pour l’arrivée de Miranda, elles commentaient toutes le Live de l’arrivée en envoyant plein de photos. J’avais l’arrivée presque en direct grâce à elles. Elle avait l’air tellement contente et ça ne m’étonne pas, car les dernières semaines n’étaient pas simples et j’ai senti qu’elle était très stressée donc je voyais sur son visage le relâchement hier. »
Sam Davies, Initiatives-Cœur
CLASSEMENT
15:00 (heure française)
[…]
23. Manuel Cousin, Groupe SÉTIN, à 195.68 milles de l’arrivée
24. Alexia Barrier, TSE-4myplanet, à 1758.28 milles du 23e
25. Ari Huusela, STARK, à 2043.48 milles du 23e