VOILE : Vendée Globe 2020, Sam DAVIES et Isabelle JOSCHKE, destins croisés
J+92 : de la latitude de Salvador de Bahia à la latitude du Cap Finisterre
À retenir :
- Il reste moins de 800 milles au ‘groupe des cinq’ attendu mercredi ou jeudi (Arnaud Boissières, Kojiro Shiraishi, Stéphane Le Diraison, Alan Roura, Pip Hare)
- Manuel Cousin, en proie à des problèmes de quille, continue sa route avec un sacré courage
- Hors course, Isabelle Joschke et Sam Davies vont bientôt traverser l’équateur
Elles ont décidé d’aller au bout, coûte que coûte. Après le choc de l’avarie et de l’abandon, Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Isabelle Joschke (MACSF) ont repris la route. La première depuis Cape Town, la seconde depuis Salvador de Bahia. Les deux navigatrices vont faire route ensemble pour rejoindre les Sables d’Olonne. Alors qu’un match à cinq monopolise l’attention en tête de flotte et que Manu Cousin répare patiemment, retour sur le combat de ces deux femmes sur l’océan.
Isabelle Joschke – Sam Davies, « femmes courage »
Elles ont décidé de reprendre la mer, de boucler la boucle, d’aller au bout de ce défi de géant. Sam Davies, après avoir heurté un Ofni et s’être arrêtée à Cape Town, était repartie dans les mers du sud mi-décembre. « C’était dur, j’ai longtemps été seule et mentalement, j’ai galéré comme jamais », souligne la navigatrice d’Initiatives-Cœur. Pourtant, elle n’a jamais douté de ce choix de repartir, d’aller jusqu’au bout. « Ça fait trois ans qu’on se préparait pour le tour du monde et tant que c’était possible, il n’y avait pas de raison de s’arrêter ».
Sam a la voix claire et ne cache pas son plaisir de continuer à avancer. Depuis vendredi, elle n’est plus seule puisqu’Isabelle Joschke (MACSF) a également largué les amarres à Salvador de Bahia où elle réparait son avarie de quille. « On s’est dit que c’était plus sympa de faire la route à deux, d’échanger sur les options météo, mais aussi de veiller l’une sur l’autre en matière de sécurité », assure Sam.
La veille, Isabelle Joschke confiait également son plaisir « d’être à nouveau en mer ». « C’est vraiment chouette d’écrire une vraie fin à cette histoire, de ramener le bateau aux Sables-d’Olonne. Symboliquement, c’est hyper important ». Et la navigatrice de MACSF de se réjouir : « on a prévu d’arriver avec Sam. Une fois qu’on sera sorties des alizés, ce sera bien d’être ensemble. On va choisir la même route ». Sam Davies conclut : « avec tout ce que j’ai traversé, je vais sans doute être plus fière de moi que si j’avais fini en course ».
Le point sur la course
La situation est inchangée pour les onze skippers encore en course. À moins de 800 milles des Sables-d’Olonne, un groupe de cinq skippers est toujours à la bagarre. « Ils doivent passer une dorsale dans la journée, basculer d’un vent de Sud, Sud-Ouest à un vent d’Ouest, Nord-Ouest », souligne Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle, 15e) et Kojiro Shiraishi (DMG MORI – Global One, 16e) ont pris une légère avance en se positionnant à l’avant du front, à la différence d’Alan Roura (La Fabrique), Stéphane Le Diraison (Time For Oceans) et un peu plus loin Pip Hare (Medallia), légèrement en retrait. « Arnaud navigue très bien, je ne sais pas comment il fait », s’amuse Kojiro qui assure que « le match à cinq va se poursuivre jusqu’au bout ».
Pour Didac Costa (One Planet One Ocean), à plus de 640 milles au Sud-Ouest d’Arnaud Boissières, la situation s’améliore : l’espagnol n’aura pas à manœuvrer face à l’actuelle dépression, ni même la suivante, qui annonce pourtant 50 à 55 nœuds fichiers. Contacté à la vacation ce matin, Didac explique : « je suis obligé d’être un peu plus lent, c’est forcément frustrant et puis j’ai quelques petits problèmes, notamment à mon safran. Mais je m’accroche ! »
Manuel Cousin continue de s’accrocher
Samedi dernier, l’équipe de Manuel Cousin annonçait une avarie de quille à bord de Groupe SETIN. Malgré le choc, le skipper n’a pas ménagé ses efforts : résine, strat’, le bateau s’est transformé en atelier de bricolage. Mais il tient bon et poursuit sa route. « Tout va bien, a-t-il assuré à la direction de course par message. Les travaux de strat’ sont terminés, c’est en train de sécher ». Désormais, Manuel Cousin doit s’atteler à bloquer la quille dans l’axe, et il va bénéficier de conditions plus clémentes pour y parvenir. « Progressivement, il va arriver à avoir du vent un peu plus faible, ce qui devrait lui permettre de régler son problème avec davantage de sérénité », souligne Christian Dumard.
La solitude selon Clément Giraud
C’est l’un des rayons de soleil de la journée. Une vidéo envoyée par Clément Giraud qui s’amuse à sa manière de la solitude. Le montage de la vidéo donne en effet l’impression qu’il y a deux skippers sur le bateau. « Tu peux me filer un coup de main ? » lâche-t-il torse nu sur le pont. « Ouais c’est bon pour moi » répond Clément Giraud, cette fois habillé en polo et assis à la table à carte. Et les punchlines continuent : « Je ne suis pas tout seul à bord là, vous venez m’aider les gars ? » « Clément, je pensais que tu voulais faire le Vendée Globe tout seul » Fou rire garanti !
LES PROCHAINES ETA (Estimations des heures d’arrivée) :
Mercredi 10 février entre 16 heures et minuit
– Arnaud BOISSIERES (La Mie Câline – Artisans Artipôle)
– Kojiro SHIRAISHI (DMG MORI – Global One)
Jeudi 11 février entre 02 heures et 14 heures
– Alan ROURA (La Fabrique)
– Stéphane LE DIRAISON (Time For Oceans)
Nuit du jeudi 11 février au vendredi 12 février
– Pip HARE (Medallia)
Samedi 13 février / Dimanche 14 février
– Didac COSTA (One Planet One Ocean)
ILS ONT DIT…
« C’est super de disputer ce match à 5 ! Arnaud (Boissières) navigue super bien, super vite, j’aimerais bien savoir comment il fait. Au moment où j’ai eu mon avarie et où j’ai dû réparer, j’étais à la 31e place il me semble. Remonter jusqu’à la 15-16e c’est super. Si je termine ce Vendée Globe avec cette grand-voile déchirée, ce sera vraiment un grand miracle. Dans des conditions de vent assez fort, je suis Arnaud, mais sur la fin du parcours, le vent sera moins fort alors je ne sais pas encore comment ça va se passer. C’est sûr que je ne pensais pas forcément passer plus de 90 jours en mer. Mes avaries ne m’ont pas aidé. Mais je ne ressens pas la solitude, je me sens très entouré avec mon équipe qui me supporte. Ça fait vraiment chaud au cœur d’être autant encouragé ! »
Kojiro Shiraishi, DMG MORI – Global One
« Je me dirige vers le nord, vers l’équateur, et j’ai des conditions plus faciles. Les conditions sont assez stables. Je devrais faire 10 à 15 nœuds jusqu’à l’équateur. Maintenant, je ne fais que profiter du bateau et travailler. Ces deux semaines ont été assez difficiles. Hier soir, j’ai failli faire une dépression nerveuse, c’était si horrible, l’état de la mer était si mauvais que j’ai cru que le bateau allait se briser en morceaux. Mais maintenant, ça va mieux et je suis de nouveau de bonne humeur. Je vais vraiment profiter de ces prochains jours. »
Ari Huusela, STARK
« Quand je suis repartie de Cape Town, des gens ont dû se demander pourquoi je ne suis pas partie dans l’autre sens, mais moi je voulais faire le tour du monde ! C’est un défi, une aventure. C’est surtout pour Initiatives-cœur, pour soutenir Mécénat Chirurgie Cardiaque. Je pouvais continuer de soutenir le projet hors course, et c’est ma motivation principale. Et puis pour mon équipe, pour moi, pour mes partenaires, c’est un tour du monde que l’on a préparé, et tant que c’est encore possible, c’est important d’aller au bout du challenge. En course ou hors course, finalement il n’y a pas tant de différence. Je vais être presque plus fière de moi que si j’avais fini en course. »
Samantha Davies, Initiatives-Cœur (hors course)
CLASSEMENT
15:00 (heure française)
[…]
15. Arnaud Boissières, La Mie Câline – Artisans Artipôle, à 681.03 milles de l’arrivée
16. Kojiro Shiraishi, DMG MORI Global One, à 27.1 milles du 15e
17. Stéphane Le Diraison, Time for Oceans, à 108.06 milles du 15e
18. Alan Roura, La Fabrique, à 110.47 milles du 15e
19. Pip Hare, Medallia, à 194.95 milles du 15e