VOILE : Vendée Globe 2020, Romain ATTANASIO, l’échappée belle !
Le skipper est le 14e à avoir franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne, ce samedi après-midi.
Avec son abnégation, ses actes de bravoure, ses bons mots et ses petits moments de bonheur, il aura été un des grands acteurs de ce Vendée Globe.
Romain Attanasio n’est pas vraiment le genre de personnalité à s’attarder sur ses doutes et ses appréhensions. Quand il se blesse aux côtes dans la remontée de l’Atlantique, il conclut toujours ses phrases en disant : « ne vous inquiétez pas ». Quand les grains où les rafales dépassent les 50 nœuds, il préfère dire qu’il va « tenir le choc ». Et quand les dernières nuits étaient trop courtes et le bricolage à bord trop éprouvant, il s’excuserait presque : « je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort ». Le skipper de PURE-Best Western aime citer Loïck Peyron : « j’ai le luxe de choisir mes souffrances alors je ne peux pas me plaindre ». Cette bonhommie et cette légèreté, qui manque cruellement à terre en ces temps de crise sanitaire, ont offert un bol d’air frais et une vague d’enthousiasme à partager sans modération.
Moins d’insouciance, plus de confiance
Pourtant, Romain Attanasio savait que le challenge était particulièrement relevé en revenant sur les pontons des Sables-d’Olonne. Il y a quatre ans, le marin avait fait preuve d’un moral d’acier pour finir l’aventure coûte que coûte malgré des safrans fortement endommagés. Quatre ans plus tard, le challenge redouble d’intensité. Parce qu’il faut parvenir à faire mieux, faire différent, susciter l’intérêt et écrire une nouvelle histoire. Romain en a toujours eu conscience. En janvier dernier, il expliquait : « en parachutisme, on dit que c’est le deuxième saut qui fait le plus peur. Là, c’est le même cas de figure. Il ne peut plus y avoir l’insouciance du bizuth ».
Moins d’insouciance donc mais davantage de confiance. Le sourire qui irradie sur son visage le 8 novembre à enlacer Sam Davies et à prendre la barre hilare, sont des moments forts du grand départ. Les premiers jours de course sont particulièrement intenses, l’Atlantique n’offrant aucun répit. Problème de système de barre puis de hook de J2, drisse cassée… Le 18 novembre, Romain doit déjà monter au mât, apprivoiser sa peur, la dompter et raconter qu’il en est revenu malgré un gros coup de chaud. Le skipper retrouve cette capacité à se surpasser en mer, cette ténacité qui lui avait permis d’aller au bout quatre ans plus tôt. Certes, il a concédé quelques places au classement mais il sait que la route est longue.
« Le moment où j’étais le plus performant, le plus vivant… »
Dans les mers du sud, Romain Attanasio aura des compagnons de route, Clarisse Crémer longtemps puis Armel Tripon. Le marin apprécie les discussions à la VHS – « on parle de tout de rien, de nos familles, de l’avenir et du bonheur d’être en mer » – et, compétiteur dans l’âme, de ces petits duels qui aident à avancer, qui donnent envie de tout donner pour avancer et résister aux turpitudes des océans.
Ce long voyage à travers les océans façonne les personnalités, les conforte à ce que la nature a de plus brut. Et Romain partage tout, notamment ses réflexions sur le sens à donner à son aventure. Après avoir bataillé pour franchir le Cap Horn, le quarantenaire raconte : « tous les sens sont en éveil pour faire corps avec le bateau et la nature, pour prévoir ce qui va se passer, le vent, les vagues… Je pense que c’est ça qu’on recherche. Quand je serai tranquille chez moi, je me rappellerai que le moment où j’étais le plus performant, le plus vivant, c’est maintenant ».
Ensuite, direction le Nord, le retour dans l’Atlantique. Et là encore, rien ne lui a été épargné. Il y a ce maudit pot-au-noir dans lequel il reste englué plus de 48 heures, la « nuit apocalyptique » à proximité des Açores avec des creux de 6 mètres et des rafales tutoyant les 55 nœuds, des problèmes d’aériens ces derniers jours qui s’ajoutent à « ces misères à gérer jusqu’au bout ». Qu’importe, Romain s’accroche, malgré les éléments, la fatigue qui s’accumule et l’envie tenace de retrouver tous les petits plaisirs de la terre. Parce que c’est un compétiteur, parce que le large offre tant d’émotions et de sentiments mêlés et parce qu’il s’y sent si bien, Romain a déjà pensé à la suite. « Il faut rêver dans la vie » confiait-il y a quinze jours. Et son rêve à lui, c’est de retrouver ces océans, l’ambiance des courses au large et la sensation tenace de vivre des moments d’exception.
ROMAIN ATTANASIO, LA RÉACTION À CHAUD
« Quand tu passes la ligne tu te dis ‘il ne peut plus rien m’arriver’. Je ne réalise pas. Je descendais la grand-voile et je ne me rendais pas compte… Pourtant, plus de stress, c’est fini ! C’est une nouvelle tranche de vie qui vient de s’achever. Je sais que pendant les semaines à venir, il n’y aura que ça, je ne parlerai que de ça. C’est tellement marquant ! Dans ce sport, on apprend en permanence. On apprend aussi à ressentir la nature, la comprendre et s’y adapter… Franck Cammas disait que c’est dans la difficulté qu’on progresse. Et là, j’ai bien progressé ! Désormais, je rêve d’un nouveau round, mon troisième Vendée Globe, et j’espère qu’il sera rapide et aérien. »