VOILE : Vendée Globe 2020, ils tiennent bon !
J+88 : de la latitude de Salvador de Bahia au Cap Finisterre
À retenir :
- Jérémie Beyou et Romain Attanasio sont attendus samedi ou dimanche aux Sables-d’Olonne
- Un groupe de six skippers bataillent toujours pour contourner l’anticyclone des Açores
- Le trio Giraud-Cousin-Merron sort à peine du pot-au-noir
Ils sont encore treize à batailler dans l’Atlantique. Treize à connaître des situations bien différentes, entre ceux qui s’apprêtent à arriver en fin de semaine (Jérémie Beyou et Romain Attanasio), le groupe des six qui doit contourner l’anticyclone (Boissières, Le Diraison, Roura, Shiraishi, Costa, Hare), le trio Giroud-Cousin-Merron qui en finit avec le pot-au-noir et le duo Barrier-Huusela qui progresse au large du Brésil.
Au lendemain d’une nouvelle arrivée, la 12e de ce Vendée Globe (Clarisse Crémer), la Vendée a conservé un ciel dégagé, clair et un temps de printemps à en faire oublier l’hiver. Pourtant, à voir les badauds déambuler sur le ponton où sont amarrés les bateaux, il y a une pointe de nostalgie. Les arrivées sont toujours des moments forts, elles offrent toujours leur lot d’émotions, de retrouvailles chaleureuses, de confidences assurées, mais elles marquent aussi la fin d’une histoire, la fin d’une habitude de plusieurs semaines pour les femmes et les hommes de mer comme pour ceux qui les suivent à terre.
Ceux qui bataillent encore sur l’océan doivent s’accrocher. En plus de la fatigue, des 87 jours de course et de l’usure, il faut aussi composer avec une forme de lassitude, savoir que l’attente est peut-être un peu moins forte, que les feux des projecteurs sont moins braqués sur eux. « Dès que les premiers sont arrivés, c’est toujours très dur psychologiquement pour ceux qui restent en course. Il y a forcément un petit coup au moral », confiait hier Armel Le Cléac’h, vainqueur du Vendée Globe 2016-2017. « On prend notre mal en patience, c’est si près et c’est si loin à la fois », ajoute Manuel Cousin (Groupe SETIN). Alors, malgré tout, les rescapés du tour du monde se battent, puisent en eux ces ressources rares qui les ont déjà permis de tenir. À l’issue de ces combats-là, il y aura une lumière au bout du tunnel : la remontée du chenal, les applaudissements des curieux et des admirateurs et la certitude, pour le public d’ici, que tous les marins qui franchissent la ligne seront accueillis comme des vainqueurs. Beyou-Attanasio, arrivées attendues… et petites vitesses
Ce sont les prochains qui auront les honneurs de l’arrivée. Jérémie Beyou (Charal) et Romain Attanasio (PURE-Best Western Hôtel & Resort), qui progressent à la latitude du Cap Finisterre, sont attendus samedi, le premier en début de journée alors que le second pourrait arriver en fin de journée. Du côté de Charal, on note une vitesse peu soutenue (moins de 10 nœuds dans la matinée). Mais Jérémie se voulait rassurant : « je n’ai pas de souci sur le bateau, mais le vent est vraiment instable et c’est difficile d’adapter la toile et d’aller tout droit. Je dois zigzaguer et un peu lever le pied ». Romain était également peu rapide en début de matinée (6 nœuds de moyenne), ce qui complique pour l’instant le fait d’établir des ETA (des estimations de temps d’arrivée) très précises.
Six skippers, un anticyclone et des questions
« On est plus proche des Antilles que des Sables d’Olonne… Vu le temps qu’il fait aux Sables, j’hésite… » Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) faisait part de ses doutes hier. Et pour cause : son groupe, le groupe des six (Boissières, Le Diraison, Roura, Shiraishi suivis de Costa et Hare) doit contourner l’anticyclone des Açores en passant 1000 milles dans l’Ouest de l’archipel portugais. Et le pire, c’est que ce n’est pas fini, d’après le météorologue du Vendée Globe, Christian Dumard : « ils devront faire face à un premier front qui se creuse avant une nouvelle dépression, formée par des vents forts de nord-ouest avec plus de 50 nœuds fichiers. » « Ils n’en ont pas fini avec les dépressions hivernales ! » « Ça va être un beau ’match race’ jusqu’à la fin » estime Alan Roura (La Fabrique) qui conservait son enthousiasme ce matin aux vacations.
Giraud-Cousin-Merron et les alizés de nord-est
« Ça y est, je suis sorti du pot-au-noir, ça fait du bien ! » Manuel Cousin (Groupe SETIN) affichait un visage combatif ce matin aux vacations. « Je sais qu’il nous reste une transat à faire, mais on va se battre ! Moi, j’ai qu’une envie : franchir le chenal et aller jusqu’au bout ». Clément Giraud (Compagnie du lit/Jiliti), lui, doit composer avec les nombreux bancs de sargasses sur sa route, ce qu’il a montré par une photo impressionnante… De son côté, Miranda Merron est encore confrontée aux affres du pot-au-noir. « J’ai connu une nuit désastreuse. Je n’ai pas de vent du tout et il y a une grosse houle croisée du Nord Est, Sud Est ». La navigatrice de Campagne de France évoque une grand-voile qui « bat de tous les côtés très violemment comme si elle cherchait à se désolidariser du mât ». Mais comme Clément Giraud et Manuel Cousin, elle tient bon !
Vendée Globe Virtuel des classes : des écoliers hauts savoyards primés
Elles sont des centaines partout en France et au-delà à avoir suivi ce Vendée Globe. Écoles primaires, collèges, lycées, universités… Plus de 3 300 classes ont également participé au Vendée Globe Virtuel des écoles. C’est une classe de Haute-Savoie, de l’école de CM1-CM2 de Bouchet-Mont-Charvin qui s’est imposée, terminant même 36e du classement mondial. Et pour l’emporter, les élèves ne se sont pas ménagés. Yann Hardy, professeur de la classe, explique : « chaque jour, on regardait ce qu’on pouvait faire en termes d’options et on faisait parfois un vote quand on hésitait entre deux choix. »
LES PROCHAINES ETA (Estimations des heures d’arrivées) :
Samedi 6 février
– Jérémie BEYOU (Charal) : entre 9h00 et 12h00
– Romain ATTANASIO (PURE-Best Western Hotels & Resort) : entre 17h00 et 23h00
Mercredi 10 février / Jeudi 11 février
– Arnaud BOISSIERES (La Mie Câline – Artisans Artipôle)
– Kojiro SHIRAISHI (DMG MORI Global One)
– Alan ROURA (La Fabrique)
– Stéphane LE DIRAISON (Time For Oceans)
CLASSEMENT
« Heureusement que c’est bientôt la fin, je ne ferais pas des semaines comme ça. On a des conditions super instables, ce n’est pas très pratique pour avancer vite et pour se reposer. On tient le coup et on garde le moral, car on sait qu’on avance vers l’arrivée. Le bateau va bien, par moment ça avance très bien, mais je navigue dans un mode très conservateur, car la mer n’était pas belle. Je devais parfois lever le pied. Si je pouvais accélérer, je le ferais. Rien que de penser à l’arrivée, plein d’émotions ressortent. Je l’ai déjà vécu et je sais que c’est un moment très intense. En 2017, je m’étais laissé porter par les choses et je crois que j’ai envie de faire pareil : me laisser porter par les gens qui sont là, le fait d’avoir bouclé la boucle, par la fierté de l’avoir fait, d’avoir réussi à ramener le bateau à bon port… »
Jérémie Beyou, Charal
« On a une mer de face, mais tout va bien, c’est un gros match race entre quatre bateaux, ça sent une fin qu’on n’oubliera pas de sitôt. On a un anticyclone assez énorme à contourner. Il va falloir serrer les dents, mais normalement on devrait atteindre des vents qui devraient nous pousser jusqu’au Nord de la Corogne. Il reste environ 5 jours avant l’arrivée, c’est assez rapide. Je prends beaucoup de plaisir à regarder les nuages, la mer, à essayer de passer du temps sur mon bateau. Je suis content d’être là, au fur et à mesure que les jours passent, je me dis que j’ai fait une course pas si mal que ça et que je ne m’en sors pas trop mal avec toutes les avaries. »
Alan Roura, La Fabrique
« C’est un petit peu rock’n’roll. On est au près et on remonte l’Atlantique Nord. La nuit dernière, j’ai eu un passage du pot-au-noir compliqué à cause d’une belle galère. Une pièce qui permet de tenir la poulie d’écoute de gennaker en place a explosé. Et la poulie et l’écoute ont tout arraché sur leur passage, ça fait un bruit de dingue. C’était vraiment tendu comme situation. J’ai réussi à choquer et enrouler le gennaker en catastrophe et rétablir la situation. J’ai tout remis en place, mais c’était un petit peu chaud ! C’est une nuit à oublier ! Psychologiquement, on pense de plus en plus à l’arrivée à mesure qu’on se rapproche, mais il nous reste encore environ 14 jours. On prend notre mal en patience, on essaye de rester concentré et de ne pas faire de bêtise ! »
Manuel Cousin, Groupe SETIN
CLASSEMENT
12:00 (heure française)
[…]
13. Jérémie Beyou, Charal, à 599.15 milles de l’arrivée
14. Romain Attanasio, PURE – Best Western®, à 74.99 milles du 13e
15. Arnaud Boissières, La Mie Câline – Artisans Artipôle, à 1393.24 milles du 13e
16. Stéphane Le Diraison, Time For Oceans, à 1435.72 milles du 13e
17. Alain Roura, La Fabrique, à 1446.63 milles du 13e