VOILE : Les Sables – Les Açores en baie de Morlaix, les marins pressés !
Les marins de la baie de Morlaix pressés d’arriver « à la maison ».
Après trois jours de repos bien mérités à la suite d’une première étape de petit temps, ce lundi les 71 solitaires toujours en lice dans la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix ont quitté Port Olona pour rallier Roscoff où sera jugée l’arrivée de la deuxième manche. A 15h14, après deux rappels généraux, les Ministes ont en effet entamé les 470 milles du parcours qui les mènera d’abord du côté de l’île de Ré puis à Wolf Rock ensuite, poussés par un vent d’ouest nord-ouest soufflant entre 5 et 8 nœuds. Dans ces conditions, Antoine Perrin (850 – Hydroprocess) et Jean-Marie-Jézéquel (951 – Branchet /LPL), les deux Carantécois de la course, manifestement pressés de rejoindre leurs terres, ont pris les commandes de leurs flottes respectives (Proto et Série).
Les dés étaient néanmoins loin d’être jetés. De fait, si la grosse cellule orageuse que redoutaient les marins s’est finalement évacuée dans la matinée, les uns et les autres se préparent toutefois à batailler dans de petits airs erratiques sur la première moitié de parcours. De quoi rendre délicate la remontée jusqu’à Ouessant. Ouessant où le vent est prévu de s’établir au secteur nord mais aussi et surtout de prendre des tours pour atteindre 15-22 nœuds. De quoi garantir une seconde moitié de course relativement tonique. Dans ce contexte général, les arrivées pourraient être bien étalées puisque si l’on en croit les derniers routages, les premiers Protos sont attendus au port du Bloscon jeudi en milieu d’après-midi, et les premiers Séries vendredi en tout début de matinée.
Départ de la 2ème étape Les Sables Les Açores en Baie de Morlaix
Initialement prévu à 13 heures ce lundi, le départ du deuxième acte de la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix a, dans un premier temps, été retardé à 14 heures 30 afin de laisser passer une cellule orageuse, puis finalement lancé à 15 heures 14, après deux rappels généraux. Antoine Perrin, troisième de la première étape dans la catégorie des Proto, a parfaitement négocié les premiers milles de la course, enroulant en tête la bouée de dégagement avec à ses trousses un certain Tanguy Bouroullec, vainqueur du premier round. Ces deux-là, qui ne s’étaient presque pas lâchés d’une semelle sur la boucle de 197 milles disputée la semaine dernière, sont donc bien partis pour se rendre coup pour coup à nouveau. Son avance de 48 minutes et 59 secondes sera-t-elle suffisante au skipper de Cerfrance pour conserver sa place de leader au classement général ? Difficile de se prononcer vu le contexte météo actuel, pour le moins instable. « Pour l’instant je ne compte pas les minutes. Je vais essayer de faire au mieux et de faire avancer le bateau au maximum de son potentiel. On fera les comptes à la fin même si, évidemment, accrocher une deuxième victoire de manche reste un objectif pour moi. Ce que je redoute le plus sur cette deuxième étape, c’est clairement le passage de Ré. Si on est à contre-courant et qu’on doit longer l’île, ça risque d’être la loterie. Ma hantise est de me faire bloquer dans une zone sans vent et de voir les autres passer à côté… », a commenté Tanguy Bouroullec. Ce dernier compte bien réussir à tirer toute la quintessence de son Pogo foiler lors des deux traversées de la Manche dans le vent soutenu, bien conscient cependant que ses adversaires ne lui faciliteront pas la tâche, à commencer par Antoine Perrin qui a, on l’a dit, d’ores et déjà donné le ton sur ce début d’étape, bien décidé à briller sur son territoire, la baie de Morlaix.
Nouvelles conditions, nouvelles têtes d’affiche !
Même topo ou presque pour le Carantécois Jean-Marie Jézéquel (951 – Branchet / KPL) qui espère lui aussi finir en bonne place sur son terrain de jeu favori et ainsi oublier sa « décevante » 15e place lors du premier acte. « Sur la première étape, je me suis mis un peu trop la pression et j’ai fait pas mal de bêtises. J’ai aussi manqué un peu de rythme. Cette fois, je vais donc essayer de ne pas trop me prendre la tête, de faire ce que je sais faire et puis on verra », a commenté le Finistérien qui s’attend à une course aussi complète que complexe. « Ça va être intensif ! On s’était pourtant dit qu’on pouvait difficilement faire plus compliqué que la première étape mais vraisemblablement celle-ci va être aussi délicate, voire plus encore. Pour commencer, il est clair que les 24 premières heures vont être très longues et que, comme d’habitude, ça va partir par devant. Il va donc falloir s’accrocher dès le début et ne rien lâcher », a ajouté Jean-Marie Jézéquel qui a donc débordé la bouée de dégagement en tête chez les Série, devançant alors Ronan Jézégou (692 – Diaoulic) puis l’Autrichien Christian Kargl (980 – All Hands on Deck).
Si ces deux marins n’ont pas non plus spécialement bien tiré leur épingle du jeu lors de la première étape, il se pourrait bien qu’ils se montrent plus à l’aise dans des conditions différentes, ce que redoute naturellement Léo Debiesse (966 – Kelyfos), l’actuel leader au classement Série. « Certains de mes concurrents sont effectivement susceptibles de se replacer complètement dans le match. Clairement, mon avantage d’une heure et sept minutes d’avance sur le deuxième au classement général peut sembler beaucoup à l’échelle d’une étape, mais il est en réalité peu de choses à l’échelle d’une course en trois temps. Options stratégiques différentes, écarts de vitesse… tout fait que ça peut disparaitre en un rien de temps », a commenté le navigateur originaire des Cévennes qui s’attend, lui aussi, à une épreuve sollicitante, aussi bien pour les organismes que pour les machines. « Le rythme va être soutenu et j’espère qu’on va tous arriver à Roscoff. J’ai très confiance en mon bateau, notamment dans le vent fort car je le sais solide. Reste le bonhomme. Ça va être des conditions favorables au mal de mer notamment. J’ai de la chance, je n’y suis pas trop sensible, mais cela va être dur physiquement. Gérer le sommeil, bien s’alimenter et être présent aux bons moments sur les nombreuses transitions météo seront des points essentiels », assure Léo Debiesse. A noter par ailleurs : le retour à terre, peu avant le coup d’envoi de la manche, de Thomas Racoupeau (995 – Team Vendée Formation) et de Marine Legendre (902 – EY). L’un et l’autre, victimes de soucis de pilote automatique, tentent de réparer puis de partir en course.
Ils ont dit :
Louis Mayaud (916 – Youkounkoun) : « Il demeure pas mal d’incertitudes. J’aborde donc cette deuxième étape avec beaucoup d’anticipation pour parer à toutes les éventualités. Ce que l’on sait, c’est que l’on va avoir à la fois de la pétole et du gros temps, un peu dans tous les sens, avec pas mal de transitions. Côté classement, j’ai terminé 12e de la première étape. Je vais donc essayer de viser une place entre 8 et 10 cette fois, mais plus que des objectifs de résultats, j’ai des objectifs de travail. On est nombreux à découvrir le support, en particulier dans ces conditions-là. Après, ça reste la moitié de la distance de la qualif’ alors on ne part pas complètement dans l’inconnu. Pour ma part, je ne sais toutefois pas comment je vais gérer en mode course mais ça va être une belle étape. Une étape très complète et forcément instructive. »
Julien Hatin (869 – Les entreprises du paysage – Normandie) : « Ce qui est sûr, c’est qu’on va débuter la course dans un temps assez orageux, avec un coup pas de vent, un coup 30 nœuds. Dans ce contexte, sans doute que l’on va se faire mouiller et se faire un peu peur sur le premier tronçon du parcours ! Après, on va devoir aller chercher une petite bascule à l’ouest puis composer avec un vent qui va monter tout progressivement jusqu’à 25 nœuds, voire plus dans les rafales. Ça risque d’être assez désagréable surtout qu’on sera au près. Il faudra être dessus en permanence. Une fois que l’on aura débordé Wolf Rock, en revanche, ce sera beaucoup plus cool avec un ciel de traine, un peu de soleil et une descente rapide vers Roscoff. J’ai hâte d’y être parce que la Manche, c’est un peu mon jardin, même s’il y a toujours un peu de stress un jour de départ. J’ai vraiment beaucoup d’envie car sur cette deuxième manche, on va commencer à allonger un peu les distances. Je reste un peu amateur et le fait d’avoir des étapes un peu plus longues permet de gommer un peu les différences entre les vitesses d’exécution des manœuvres et ça, c’est assez cool. Ça va peut-être me permettre de faire un peu mieux en termes de résultat que lors du premier acte (32e). On verra. Le but c’est de me faire plaisir. Si tel est le cas, normalement, tout ira ! »
Romain Le Gall (987 – Les Optiministes cherchent partenaires) : « J’ai vraiment hâte de retourner sur l’eau ! La première étape était trop bien. C’est super addictif comme truc ! Les conditions, cette fois, vont être très différentes. On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. Globalement, on sait que le vent va être incertain sur la première partie et qu’on risque d’avoir un peu de vent sur la deuxième. Moi ça me va car ce sont des conditions qui vont bien au bateau. L’objectif reste encore une fois de ne rien casser, de finir et de se qualifier pour la Mini Transat. »
Tim Darni (432 – Diabol’O sailing solutions) : « Ça va être orageux sur la première partie donc on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé mais il n’y aura pas beaucoup d’air. L’idée sera avant tout de ne pas casser s’il y a des gros grains, mais essayer aussi de se reposer au maximum, ce qui ne sera pas facile puisqu’on va devoir négocier de nombreuses phases de transition. Sur la deuxième partie, il y a davantage de vent. Ce sera important d’aborder ce dernier tronçon en forme pour rester performant car ça va être très sollicitant. Mon but, c’est clairement de terminer pour décrocher la qualif’ pour la Mini Transat. Je n’ai pas vraiment d’objectifs sportifs, même s’il est vrai que lorsque l’on est sur l’eau, on se prend toujours au jeu ! »
Emmanuel Renaud (753 – Aventures Oceans) : « Sur certaines sections du parcours, les fichiers météo d’aujourd’hui sont très différents de ceux d’hier. Ce sera donc un peu la surprise sur l’eau et il faudra s’adapter. De plus, ça va être une étape deux fois plus longue que la première donc il faudra gérer différemment pour les organismes, d’autant plus qu’il y aura davantage de vent, qui plus est de face. La remontée de l’Angleterre risque de tirer un peu sur les bonshommes, beaucoup plus que lors du premier acte. En tous les cas, on part pour une belle aventure et j’espère réussir à bien faire marcher le bateau, voir si, ou non, j’ai progressé à l’entraînement, puis arriver à Roscoff en étant content de ma nav. En clair, j’espère ne pas avoir de regrets. »
Textes Perrine Vangilve