VOILE : Les anciens vainqueurs reviennent sur la Rolex Fastnet Race
Même si la compétition la plus âpre de la Rolex Fastnet Race se jouera au sein même des Classes, la récompense ultime est de remporter la Fastnet Challenge Cup, saluant le meilleur temps compensé établi en IRC sur cette plus grande course au large au monde.
Le défi est d’autant plus difficile cette année avec une flotte immense de 336 bateaux (sans compter les 60 pieds engagés hors IRC).
De nombreux anciens vainqueurs s’élanceront de Cowes ce samedi midi pour le départ de cette 48e édition de la plus grande épreuve du Royal Ocean Racing Club. Au cours des trois dernières éditions, les équipages français ont trusté la Fastnet Challenge Cup. Didier Gaudoux et l’équipage de son JND39 Lann Ael 2 reviennent en tant que Champions en titre. Cette saison, Lann Ael 2 a participé au programme offshore du RORC au Royaume-Uni (son meilleur résultat étant une 7ème place sur Myth of Malham). Depuis 2017, Lann Ael 2 a été modifié en double safran, ce qui, selon Didier Gaudoux, a nettement amélioré ses performances au reaching dans le vent soutenu, aux dépens de conditions plus légères et de sa vitesse au près. Son plan de voilure a été clairement agrandi, augmentant ainsi son rating. Didier Gaudoux explique également que certains membres clés de l’équipage de Lann Ael 2 ont changé : « Ma fille est enceinte et mon fils est au Canada pour affaires. Le reste de l’équipage est un groupe d’habitués, des gens qui connaissent très bien le bateau. »Mentionnons que le seul marin professionnel à bord du bateau il y a deux ans était Fred Duthil, issu du circuit Figaro, et est désormais remplacé par un autre figariste, en la personne de Fabien Delahaye. |
Pour ce qui est de la concurrence cette année, Didier Gaudoux commente : « Il y a trop de bons bateaux! C’est pour cela que nous aimons participer au Fastnet, car c’est la meilleure régate en termes de compétition. La Rolex Fastnet Race est une course emblématique. Pour tous les bateaux français, c’est l’objectif de la saison. De juste faire partie de cette course est déjà un bel exploit. »
Celui à ne jamais sous-estimer est Géry Trentesaux, vainqueur en 2015 avec le JPK 10.80 Courrier Du Leon. Alors qu’il courait en IRC 3, il terminait en milieu de flotte des IRC 1 (malgré un OCS et 40 minutes de retard pour repartir à cause de la marée). Il est également l’un des marins les plus expérimentés sur la Rolex Fastnet Race, y ayant participé en 1977 à l’âge de 18 ans.
Géry Trentesaux revient cette fois avec Courrier Recommandé, un JPK 11.80 plus récent. Mis à l’eau l’année dernière, il a remporté la Rolex Middle Sea Race en octobre. Depuis « nous avons changé beaucoup de choses et beaucoup de voiles » explique son propriétaire. « Le bateau est assez rapide au près et au reaching mais pas très véloce au portant dans du vent medium. »
Cette année, la Rolex Fastnet Race est l’objectif principal de Géry Trentesaux, bien qu’il affirme modestement « nous venons juste pour participer… Le Fastnet est la meilleure épreuve au monde, une course mythique. Tous les bons bateaux sont là. Vous avez un maximum de 100 bateaux sur la Rolex Sydney Hobart et ou la Middle Sea mais 400 sur le Fastnet – il n’y a pas débat. »
Le meilleur résultat de Courrier Recommandé cette saison a été la troisième place sur le Myth of Malham (qui suit le parcours Cowes-Plymouth de la Rolex Fastnet Race). Alors, Courrier Recommandé serait-il un ‘bon bateau pour le Fastnet’? « Avec les conditions prévues actuellement, ça pourrait être bien », déclare Géry Trentesaux. « Nous aurons du vent de sud dans la mer Celtique pour nous rendre au Fastnet, donc ça pourrait être une course très rapide. »
Malheureusement, Pascal Loison, vainqueur en 2013 à bord du JPK 10.10 Night and Day (à ce jour le seul vainqueur au général en double) n’est pas présent cette année. Cependant, son fils Alexis, excellent skipper en Figaro, est à bord du tout dernier JPK, le 10.30 Leon, avec Mr JPK, Jean-Pierre Kelbert en personne ! Le bateau Night and Day a quant à lui été vendu et se présente désormais sous le nom de Gioia d’Emmanuel Pinteaux.
Pour remonter encore plus loin, l’ancien Rán II de Niklas Zennström, qui a remporté deux victoires consécutives dans la Rolex Fastnet Race en 2009 et 2011, revient sous le nom de Sorcha, de Peter Harrison. Son équipage intègre plusieurs membres ayant participé à ces victoires, dont l’ancien skipper Tim Powell et le navigateur Steve Hayles.
Pour samedi, il faudra jouer au maximum avec les courants de marées et la brise thermique.Pour s’assurer une victoire dans sa catégorie, il faudra bien naviguer ; mais pour soulever la Fastnet Challenge Cup, la météo jouera un rôle prépondérant. À trois jours du départ, Mère Nature semble sourire aux bateaux de petite taille ou de taille moyenne, avec un vent très faible prévu pour le jour du départ. Libby Greenhalgh, météorologue de la course : « Cela parait encore très léger, assez délicat et instable car il y a des orages à l’intérieur des terres qui n’aideront pas la brise thermique à s’installer. » Heureusement, les quelque 400 bateaux, allant des trimarans Ultim de 32 mètres au Contessa 32 Ascent de la famille Rogers devrait réussir à s’extirper du Solent avec la marée descendante.
La bonne nouvelle est que pour la plupart des marins, le franchissement de la mer Celtique à l’aller et au retour du Fastnet Rock devrait être rapide avec un vent de sud-sud-ouest, généré par une dépression statique à l’ouest de l’Irlande, pouvant atteindre 20 à 25 nœuds. L’apparition d’un front entraîne généralement une rotation du vent au nord-ouest, mais selon M. Greenhalgh, ce scenario ne se produira pas de manière significative. En effet, la mise en place d’un vent de sud devrait tourner à l’avantage des retardataires, entraînant un resserrement de la flotte. « À Land’s End, il est possible que les gros bateaux soient toujours à portée de vue de quelques bateaux de 40 ou 50 pieds ayant bien navigué jusque-là…»