VOILE : Clément Giraud dresse le bilan de la Bermudes 1000 Race
Clément Giraud était venu y chercher une qualification pour le Vendée Globe, la Bermudes 1000 Race en solitaire lui aura apporté davantage : la confirmation qu’il sera bien à sa place sur un Tour du Monde en solitaire, avec son Envol by Fortil.
« J’y ai pris beaucoup de plaisir et tout s’est enchainé très naturellement. C’est le résultat de 15 années de travail, une grande satisfaction. Aujourd’hui je comprends bien mon bateau ».
Chaque mille parcouru, chaque course achevée rapproche le skipper toulonnais de son objectif 2020 et sont prétextes à nourrir ses ambitions. On ne part pas sur un Vendée Globe comme sur une régate de quartier, et deux années de préparation sont nécessaires au skipper solitaire, ajoutées à ses années d’expérience en équipage.
« J’ai fait cette course avec conviction et davantage de professionnalisme. Je suis fier de moi car j’ai réussi à anticiper toutes les situations et donc à me libérer de la partie technique, bien préparée, pour me faire plaisir en navigation pure. »
Clément, qui a pratiqué tous types de bateaux, évolue en 60 pieds IMOCA depuis deux mois et ce monocoque de 18 mètres, puissant, lui inspire de nouvelles façons de naviguer.
« Sur ces bateaux, tu as le temps et surtout, il faut le prendre. On ne fait pas de la régate autour de trois bouées. J’ai déjà fait 7000 milles en IMOCA et j’ai eu tous types de conditions. A 90° du vent, quand le vent monte, c’est violent. A certains moments, quand tu as tout géré au mieux mais que c’est lancé, tu ne peux rien faire, c’est le bateau qui va répondre, au bout de la vague ».
Et de poursuivre : « sur la Bermudes 1000 Race nous étions au contact, nous avons tiré sur les bateaux en évoluant dans des systèmes météo courts, à 80 milles, en enchainant les manœuvres. Sur un Vendée Globe, le terrain est plus vaste, les systèmes plus éloignés, le temps plus long. Ce qu’on a fait là, on ne va pas le répéter à plein temps sur un tour du monde. Mais je me sais capable de le faire et de compter sur mon bateau pour répondre s’il faut échapper à une situation critique. »
Cette première course en solitaire à bord d’Envol by Fortil n’était pas une fin mais un moyen de progresser encore. Dès son arrivée à Brest, Clément a donc dressé la liste des points forts et des points faibles, répartis en quatre chapitres : la technique, la navigation, la météo, la vie à bord. Trois ont particulièrement retenu son attention.
La Météo : « J’ai pris énormément de plaisir sur l’étude de la météo. Cela me donne envie d’y travailler. En Méditerranée, ou aux Antilles, les systèmes sont lisibles plus facilement. En Atlantique nord, c’est déjà plus compliqué. Au large de l’Irlande, quand le vent souffle à 10 nœuds, qu’il est lourd, chargé d’humidité et de froid, j’ai l’impression d’avoir 20 nœuds. C’est une lecture météo différente. »
Le sommeil : « J’ai envie de travailler aussi sur la notion de repos. Sur cette course j’ai dormi 2 h 30 par 24 h, par tranches de 15 à 30 mn. Et à l’arrivée je n’étais pas très fatigué. Le repos est d’abord intérieur. Si tu mets ton organisme en mode repos, que tu prends du temps pour toi, alors tu peux te permettre de dormir moins et ton sommeil est plus réparateur. Je vais travailler sur ce point avec un médecin du sommeil ».
Les protocoles : « Je les ai mis en place depuis les 900 Nautiques. Je suis naturellement indiscipliné donc ils me sont indispensables. Pour m’occuper de moi, je commence par mettre les bonnes voiles, régler pour avoir la bonne vitesse, matosser comme il faut. Une fois que le bateau va vite, je peux me consacrer pleinement à une autre tâche. Et pour chacune d’elles, je fais les choses dans l’ordre et je ne déroge pas à la règle. »
« Envol by Fortil » a repris la mer, cap vers Cascais (Portugal) puis Toulon à la faveur d’une belle météo. Clément va multiplier les entrainements en solo et équipage, faire un petit chantier d’été sur le bateau, avant de remonter en Bretagne pour le trophée Azimut en septembre puis la Transat Jacques Vabre dont le départ sera donné au Havre fin octobre.